Examen de la documentation liée au recrutement de la police aux États-Unis

Les agences de police américaines peinent à recruter des candidats qualifiés et des problèmes se posent lorsqu’il s’agit d’enquêter sur l’incorporation d’agents issus d’une grande diversité démographique. Dans le cas des femmes, il a été démontré qu’elles possèdent des compétences importantes pour participer à un maintien de l’ordre efficace, en aidant à restaurer la confiance dans la police ou à atteindre des taux d’élucidation élevés, tout en faisant moins usage de la force.

L’objectif de l’étude était de comprendre comment les agences de police utilisent les documents d’embauche en ligne pour recruter des agents féminins. Les recherches ont évalué la fréquence des textes, des images et des vidéos représentant des femmes, ainsi que des citoyens de race et d’ethnie différentes, et le contenu lié à l’embauche et au travail lui-même, en procédant à des analyses thématiques pour comprendre comment la police et la diversité sont représentées.

Parmi les aspects importants relevés dans les documents de recrutement figurent un certain nombre de caractéristiques qui découragent les femmes de postuler dans la police. Les agences de police ne diffusent pas de messages cohérents sur la diversité, les ressources pour les femmes ou la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. En outre, des différences ont été constatées entre les services de police ayant les pourcentages les plus élevés et les plus faibles de présence féminine, avec des messages incohérents et souvent contradictoires.

L’analyse souligne qu’une plus grande représentation des femmes dans les agences chargées du maintien de l’ordre signifie que la diversité sociale des communautés qu’elles assistent est mieux reflétée. Dans cette optique, la Task Force on 21st Century Policing a recommandé que les agences s’efforcent de créer un effectif présentant une grande diversité en matière de race, de genre, de langue, d’expérience de vie et d’origine culturelle afin d’améliorer la compréhension et l’efficacité des relations avec la société.

Malgré ces avantages, la représentation des femmes dans les organisations policières reste inférieure à celle d’autres groupes démographiques historiquement sous-représentés. Par exemple, bien que la représentation des minorités raciales et ethniques dans la police ait atteint 27 % en 2013, la présence des femmes n’était que de 12 %.

Ces recherches concluent que la documentation de recrutement public est plutôt insuffisante en ce qui concerne le recrutement des femmes dans la police. Les décisions en matière d’emploi sont prises sur la base d’informations imparfaites, les demandeurs d’emploi ayant une connaissance limitée de l’organisation et de l’emploi jusqu’à leur embauche et entrée en fonction. Dans le contexte de cette étude, les demandeurs d’emploi doivent déduire en quoi consiste l’emploi et l’organisation à partir des informations limitées dont ils disposent par le biais de canaux tels que les sites web, les réseaux sociaux et les contacts personnels. Ainsi, les documents d’embauche devraient avoir une plus grande valeur pour les personnes ayant moins d’informations préexistantes sur l’organisation.

Bien que les obstacles à une carrière policière soient connus, on sait peu de choses sur le contenu et les messages que les agences de police utilisent actuellement sur leurs sites web et leurs comptes de réseaux sociaux. Cette étude contribue à la littérature existante en quantifiant et en décrivant les pratiques actuelles ainsi qu’en fournissant des recommandations pour aligner les pratiques actuelles sur celles fondées sur des preuves tangibles. À cette fin, les auteurs ont entrepris de répondre aux questions suivantes :

1. Comment la diversité est-elle décrite dans les documents d’embauche des agences ?

2. Comment les agences s’attaquent-elles aux obstacles et facilitent-elles l’accès aux carrières dans le domaine du maintien de l’ordre ?

3. Quels sont les thèmes utilisés par les agences de police pour décrire une carrière dans le domaine du maintien de l’ordre ?

4. Comment les caractéristiques ci-dessus diffèrent-elles entre les agences qui emploient relativement plus de femmes et celles qui en emploient relativement moins ?

Pour répondre à ces questions, une analyse de contenu a été réalisée en se basant sur les documents de recrutement en ligne d’un ensemble d’agences sélectionnées à dessein, variant en fonction du lieu, du type et de la taille de l’agence et de la proportion de femmes policières.

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Moderniser le recrutement des nouveaux policiers aux États-Unis

À la suite de la pandémie de COVID-19 et dans un contexte de marché de l’emploi très difficile, la frustration de la communauté à l’égard de la profession de policier a augmenté de façon exponentielle, tout comme les inquiétudes concernant la sécurité et le bien-être des agents. Les agences de police de tout le pays sont aujourd’hui confrontées à une crise historique en matière de recrutement et de rétention des candidats qualifiés.

Alors que les agences continuent de chercher des moyens innovants pour attirer des candidats potentiels qualifiés tout en conservant le personnel actuel, la crise exige une réponse immédiate et efficace afin de garantir que les forces de l’ordre puissent maintenir des niveaux d’effectifs suffisants pour répondre aux besoins de sécurité publique de leurs communautés. Afin de mieux pouvoir aborder ces problèmes, il est nécessaire de procéder à une analyse de la structure organisationnelle et des processus fondamentaux des agences, ce qui permettra d’identifier plus clairement et plus simplement les besoins et attentes des forces de l’ordre mais aussi à ceux de la communauté.

Face à cette situation et reconnaissant que la manière dont les professionnels des forces de l’ordre sont recrutés et retenus a un impact majeur sur la réduction de la criminalité violente, ainsi que sur la sécurité publique en général et la confiance des communautés, le procureur général Merrick Garland a fait de ces questions une priorité absolue pour le ministère de la Justice américain.

Le Bureau of Justice Assistant (BJA) et les Community Oriented Policing Services (COPS), des organismes du US Department of Justice, ont réuni à Washington, en avril dernier, un groupe de plus de 30 forces de sécurité et leaders de communauté de tout le pays pour discuter des meilleures pratiques existantes et des solutions émergentes et transformatrices conçues pour relever les défis actuels liés au personnel en uniforme.

Outre le personnel de commandement et d’autres dirigeants de la police issus de diverses associations, il a été souligné que les questions de recrutement et de rétention figurent parmi les problèmes les plus importants auxquels sont confrontés les services répressifs fédéraux, étatiques, locaux, tribaux et territoriaux dans tout le pays, quelle que soit leur taille ou leur situation géographique.

L’ensemble de ces réflexions, recommandations et conclusions a été repris dans un rapport sur le recrutement de nouveaux policiers. Les recommandations du document sont les suivantes :

  • Solutions à court terme, avec un délai de mise en œuvre plus court ;
  • Stratégies à long terme, avec plus de temps pour les mettre en œuvre ;
  • Initier les jeunes, dès l’école primaire, aux carrières dans le domaine de l’application de la loi et de la sécurité publique ;
  • S’appuyer sur les compétences existantes et l’intérêt des recrues potentielles pour la profession de policier en mettant davantage l’accent sur des programmes tels que les stages (à court terme) et les apprentissages (à long terme) ;
  • Établir des partenariats éducatifs ;
  • Travailler avec les écoles secondaires locales pour identifier et développer les possibilités d’immersion ;
  • Collaborer avec les établissements d’enseignement supérieur pour proposer des cours destinés à enseigner aux étudiants des matières pertinentes en vue d’une carrière dans la police ;
  • Envisager la création d’un programme diplômant axé exclusivement sur la préparation des étudiants aux carrières dans le domaine de l’application de la loi.

Les principales conclusions du document sont les suivantes :

  • Les forces de l’ordre sont à la croisée des chemins, car de nombreux agents quittent la profession par démission ou retraite, tandis que les candidats sont de moins en moins qualifiés.
  • Les stratégies à long terme présentées dans ce rapport invitent les agences à s’efforcer d’accroître l’attrait de la police en tant que choix professionnel, d’attirer de bons candidats et de mieux préparer les nouvelles recrues aux réalités de la police moderne.
  • Vérifier que les employés actuels savent qu’ils sont appréciés, que la santé et la sécurité des effectifs sont des facteurs importants pris en compte et que la confiance de la communauté augmente.

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Utilisation de données inaccessibles dans l’utilisation de la force policière aux États-Unis

Le recours à la force par les agents de police est actuellement un sujet de grand intérêt public. De 2018 à 2022, grâce à une bourse du Bureau des services de police de proximité (COPS Office), la Ville de Rochester (New York), le Service de police de Rochester (RPD) et Institut technologique de Rochester (RIT) ont collaboré afin d’étudier les incidents liés à l’usage de la force par le RPD.

L’objectif principal du projet était d’aider le public à comprendre le recours à la force par le RPD, ce qui transcendait la diffusion de vidéos virales. Pour garantir le respect de la vie privée des agents et des autres personnes impliquées dans le recours à la force par le RPD, ainsi que pour filtrer un grand nombre d’incidents, les chercheurs ont regroupé les incidents liés au recours à la force en un seul jeu de données.

Le rapport, publié par le ministère de la Justice américain, souligne que la création et l’analyse de ce jeu de données ont également permis au RPD et au RIT de poursuivre l’objectif secondaire consistant à découvrir où apporter des améliorations potentielles de la politique du RPD et de la formation en matière de recours à la force policière.

L’objectif de ce document est d’aider d’autres agences à reproduire ce projet avec leurs propres données liées au recours de la force. Ainsi, le document présente non seulement les résultats de ce projet, mais aussi les processus utilisés et les défis auxquels les chercheurs sont confrontés, dans l’espoir que d’autres services de police puissent les utiliser et les développer.

En effet, il est relativement facile d’accéder aux données relatives à chaque incident de recours à la force afin d’examiner un seul incident, mais il est extrêmement difficile de les regrouper en un jeu de données de tous les dossiers de recours à la force.

En raison de l’inaccessibilité aux données, une partie importante de ce projet a consisté en la transformation d’un dossier d’images PDF en un jeu de données sous la forme de lignes et colonnes.

Après avoir créé le jeu de données, les chercheurs ont entrepris deux tâches : premièrement, décrire ce jeu de données pour un public non initié et, deuxièmement, acquérir de nouvelles connaissances sur le recours à la force par le RPD.

Afin d’aider les autres services de maintien de l’ordre à reproduire cette analyse, les chercheurs expliquent plusieurs difficultés organisationnelles et bureaucratiques qu’ils ont rencontrées et que d’autres services pourraient éventuellement éviter ou atténuer.

Le rapport se termine par des recommandations à l’intention des différents services de police qui envisagent de procéder à cette analyse ou à des tentatives similaires pour tirer des enseignements de l’analyse des données locales existantes. Les recommandations sont les suivantes :

  • Les services chargés du de maintien de l’ordre devraient établir des relations avec les universités dans le domaine de la recherche.
  • Les services chargés du maintien de l’ordre devraient, dans la mesure du possible, conserver les données sous forme numérique.
  • Les analystes de la police devraient considérer le public comme l’un des nombreux clients qu’ils servent.
  • Les agences de police devraient investir dans des ressources informatiques capables d’utiliser des techniques d’analyse avancées.
  • Les administrations gouvernementales locales devraient considérer l’énorme potentiel que représente l’utilisation des outils informatiques les plus récents.

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La Police métropolitaine de Londres lance un plan pour renforcer la confiance des citoyens

La Police métropolitaine de Londres (Met) a publié un nouveau plan qui sera déployé au cours des deux prochaines années et qui vise à réduire la criminalité, à renforcer la confiance des citoyens et à offrir des services de meilleure qualité.

A New Met for London 2023-2025 est le résultat de plus de 10 000 interactions entre la police et les Londoniens. Le document reflète les dires des citoyens concernant leurs priorités dans le domaine de la sécurité.

Sur son site web, la Police métropolitaine de Londres présente son programme A New Met for London pour que les communautés apprennent à connaître leurs agents locaux, les aident à définir leurs priorités en matière de maintien de l’ordre et travaillent avec eux pour tenter de réduire la criminalité et les comportements antisociaux. Depuis la mise en œuvre de ce programme, les victimes se disent désormais satisfaites de la réponse apportée par la police, si elles lui demandent l’aide.

Le programme A New Met for London détaille les domaines prioritaires sur lesquels il se concentrera, et vise à garantir que les Londoniens reçoivent un service de qualité grâce à un maintien de l’ordre plus efficace. Le plan de réforme se concentre sur trois domaines :

La lutte contre la criminalité de proximité est fondée sur la manière dont elle peut réduire la criminalité, récupérer la confiance des citoyens et rétablir le lien entre les agents en uniforme et les communautés. L’objectif de ce plan est de déployer davantage d’agents de police de proximité et d’agents de soutien dans les quartiers afin de veiller à ce que les priorités des Londoniens soient respectées.

Travailler avec les citoyens pour mieux lutter contre la criminalité et les comportements antisociaux, et rassembler toutes les ressources spécialisées de la Met pour faire la différence dans les communautés où la criminalité est la plus élevée et où la confiance est la plus faible.

Un changement culturel doit être proposé au sein de la Met afin d’y ancrer les valeurs du maintien de l’ordre par consentement et de construire une culture solide axée sur la sécurité des Londoniens, le maintien de normes élevées en matière de qualité de service et les enseignements de la communauté. L’objectif est de devenir un service de police non discriminatoire – qui lutte contre le racisme, la misogynie et l’homophobie – et qui reflète mieux la diversité de la ville qu’il sert.

Réparer les fondements de l’organisation policière est la meilleure façon de servir les Londoniens et assurer la réussite du projet. Mieux organiser et déployer la police et lui fournir les outils de formation, l’équipement et les services dont elle a besoin pour réduire la criminalité. Il est nécessaire d’associer les meilleures organisations à l’utilisation des données et de la technologie nécessaires pour utiliser leurs compétences avec précision, tout en maintenant la confiance et des normes élevées.

Le lancement de ce plan devrait permettre de redéfinir la manière dont la police londonienne interagit avec les communautés, en mettant l’accent sur la manière dont A New Met for London sera développé au niveau local. Elle s’est également engagée à examiner les mesures prises afin de s’assurer que l’évolution des changements proposés est claire.

Le programme peut être consulté sur le site web de la Police métropolitaine, ainsi qu’une version plus résumée.

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Grande opération en Europe contre un réseau albanais de trafic de drogue

Eurojust et Europol ont soutenu les autorités judiciaires et policières de l’Allemagne, de l’Italie et des Pays-Bas dans le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue composé principalement de ressortissants albanais. Au cours d’une action conjointe, 35 suspects ont été arrêtés et 51 appartements et locaux ont été perquisitionnés dans les pays concernés. Plus de 600 officiers de police ont participé à l’opération, Eurojust aidant les différentes autorités à mettre en place et à financer une équipe d’enquête commune sur le dossier.

Le réseau criminel serait responsable du trafic à grande échelle de cocaïne et de cannabis de l’Amérique du Sud vers l’Europe et de sa distribution ultérieure dans toute l’Union européenne. Il est également connu pour son recours à la violence, y compris des épisodes de torture et d’enlèvement à des fins d’extorsion.

Les criminels ont pu s’appuyer sur d’importantes ressources financières qu’ils auraient obtenues grâce à des activités antérieures de trafic de stupéfiants. Ils disposaient de plusieurs bases logistiques où étaient stockés les stupéfiants et les produits des activités criminelles et où les membres du groupe pouvaient se réunir. Ils possédaient également une vaste flotte de véhicules équipés de compartiments bien dissimulés, de téléphones portables dotés d’applications de messagerie textuelle cryptée et d’autres utilitaires.

Selon l’enquête, le réseau criminel a effectué au moins 36 importations totalisant 1 tonne de cocaïne et 1 tonne de haschisch entre mars 2020 et juin 2021. Ces substances auraient généré plus d’un milliard d’euros sur le marché de la distribution. Plus d’un million d’euros en espèces ont également été saisis au cours de l’enquête.

Les recettes de ces activités criminelles étaient réparties entre les membres du réseau en fonction de leurs rôles respectifs. En Allemagne, certains suspects possédaient un restaurant de luxe, un bar et une agence immobilière qui auraient servi à blanchir l’argent de la drogue.

Le dossier a été ouvert auprès d’Eurojust en septembre 2021 à la demande des autorités allemandes. Une stratégie de coordination entre les autorités allemandes et italiennes a été mise en place en juillet 2022 avec le soutien d’Eurojust. L’Agence a organisé deux réunions de coordination pour faciliter la coopération judiciaire et préparer la journée d’action commune.

Le Centre de lutte contre la grande criminalité organisée d’Europol a soutenu l’affaire à partir de fin 2020, date à partir de laquelle l’agence a échangé plus de 250 messages sécurisés avec les autorités impliquées. Un soutien analytique important a permis l’identification de cibles clés et la cartographie de leurs activités criminelles dans le monde entier. Europol a organisé plusieurs réunions opérationnelles, tant à son siège de La Haye qu’à l’étranger. En outre, deux agents d’Europol étaient sur le terrain en Allemagne et en Italie pendant la journée d’action afin de soutenir les autorités dans leurs mesures d’enquête.

Dans le cadre de la journée d’action, Europol a également créé une plateforme de communication sécurisée pour permettre l’échange d’informations tactiques en temps réel entre les différentes autorités policières impliquées.

La recherche et l’organisation de la journée d’action commune ont été soutenues par le réseau @ON financé par l’Union européenne (projet ISF4@ON du Fonds pour la sécurité intérieure), dirigé par la Direction italienne des enquêtes antimafia (DIA).

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La confiance du public envers la police canadienne diminue en raison de sa militarisation croissante

Comme l’a rapporté en juin Policinginsight, le site web spécialisé dans le domaine de la sécurité, Tandeep Sidhu, doctorant à l’université de Waterloo, affirme que la confiance de la société canadienne envers son corps de police ne cesse de décliner.

Selon le chercheur, l’une des principales causes est la militarisation de la police qui ne cesse de croître. Par exemple, les véhicules des unités d’intervention tactique de la police, qui utilisent les derniers équipements de haute technologie, présentent de nombreuses similitudes avec les véhicules militaires.

Dans le même ordre d’idées, plusieurs enquêteurs de police considèrent que l’utilisation montante de ces unités tactiques dans des incidents considérés comme routiniers ou banals est disproportionnée. Un exemple serait l’utilisation de ce type d’équipement lors d’incidents impliquant des personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Fin 2020, un retraité de Mississauga a été abattu par la police alors qu’il traversait une crise de santé mentale. L’intervention a été menée par l’unité tactique et de sauvetage de la police régionale de Peel.

Il convient de noter que les interactions entre les unités tactiques et les citoyens conduisent souvent à des affrontements violents. Ces équipes utilisent des armes de type militaire telles que des fusils d’assaut, des grenades assourdissantes, des béliers et d’autres équipements spécialisés similaires à ceux utilisés par l’armée.

Selon les recherches de T. Sidhu, l’ETF (Emergency Task Force) de Toronto a commencé à adopter un équipement très similaire à celui des forces armées canadiennes et des troupes d’infanterie des forces spéciales américaines à partir de 2016. L’auteur trouve inquiétant que les forces de l’ordre public, qui devraient être garantes de la préservation des droits et de la vie des personnes, adoptent les attitudes et l’équipement des unités spécialisées dans les combats guerriers.

Cette militarisation accrue signifie que les unités de police utilisent de plus en plus la technologie et les tactiques militaires sur la population civile. Les unités tactiques de la police sont souvent impliquées dans des raids nocturnes ou matinaux, lorsque les membres de la famille ou les enfants sont également à la maison.

Tandeep Sidhu estime qu’il ne faut pas sous-estimer le traumatisme causé par les actions de ces unités de police dans les cas d’interventions par erreur dans des résidences ou lors de rencontres avec des personnes qui ne sont pas impliquées dans des activités criminelles. Certains citoyens interrogés par le doctorant déclarent avoir souffert de cauchemars, d’insomnies ou être dans un état d’hypervigilance constant.

Ainsi, équiper la police comme s’il s’agissait d’unités militaires, chargées de mener des guerres, inhibe la confiance du public envers la police, abîme ces mêmes communautés que la police est censée servir, et s’éloigne des modèles de police basés sur la communauté.

En adoptant des technologies et des tactiques militaires, la police traite les villes et les communautés comme s’il s’agissait de théâtres de guerre et traite les civils comme des ennemis. Le message implicite de cet équipement militarisé est que la population civile est une menace et que des tactiques de guerre sont nécessaires pour y répondre.

Comme d’autres pratiques policières, l’utilisation d’unités tactiques affecte de manière disproportionnée les personnes racisées, les personnes souffrant de maladies mentales et celles issues de communautés économiquement marginalisées.

Des agents tactiques ont également été déployés en réponse aux mouvements indigènes concernant les droits fonciers. Cela démontre que la police s’appuie sur des réponses hautement militarisées dans de nombreux contextes, et pas seulement dans le cadre d’activités criminelles.

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Les interventions policières impliquant des personnes nues peuvent se solder par des morts subites

Les rapports faisant état de citoyens tués à la suite d’un contact avec la police incluent souvent des cas d’individus ayant été maîtrisés, mais pour toute personne souffrant de troubles aigus du comportement (en anglais ABD, Acute Behavioural Disturbance) cette approche peut s’avérer fatale.

Ancien sergent de la police du Kent  au Royaume-Uni, Darren Moor décrit dans Policinginsight les indicateurs clés des troubles aigus du comportement et les mesures que les agents peuvent prendre pour s’assurer qu’une assistance médicale est disponible pour l’individu et ce qu’il faut faire si la contrainte policière est inévitable.

Environ 10 % des cas de troubles aigus du comportement, également connu sous le nom de « délire agité », entraînent une mort subite, il est donc probable que le policier impliqué dans cette situation passera les prochaines années de sa vie à examiner ses actions en réponse à cette tragédie avec le médecin légiste.

Généralement, le trouble du comportement se développe à la suite d’une consommation chronique de drogues ou d’une maladie mentale grave. L’agent de police peut être dépêché sur les lieux d’un incident concernant une personne au comportement étrange. Il peut s’agir d’un individu agressif ou violent, faisant preuve d’une agitation et d’un effort physique extrêmes ou, à l’autre extrémité de l’échelle, d’un individu simplement erratique.

La nudité, la chaleur au toucher et la transpiration abondante sont des signes classiques de ce trouble. D’autres indicateurs, selon la Faculté de médecine d’urgence, incluraient :

  • Comportement extrêmement agressif ou violent
  • Une force excessive, et continuer à se battre malgré la prise en charge du problème
  • Insensibilité à la douleur
  • Psychose aiguë, avec crainte d’une mort imminente
  • Activité physique constante, sans aucune fatigue
  • Respiration anormalement rapide
  • Fréquence cardiaque supérieure à 100 battements par minute
  • Hyperthermie – surchauffe (raison pour laquelle ils enlèvent leurs vêtements)

En cas de trouble aigu du comportement, le rythme cardiaque d’une personne est beaucoup plus rapide qu’il ne devrait l’être, à tel point qu’elle risque de mourir si elle n’est pas traitée comme une urgence médicale, et c’est le principal message que l’auteur de cette étude veut faire passer.

Dès qu’un agent est soupçonné d’avoir été envoyé sur un incident de comportement perturbateur, et ce soupçon peut simplement découler de la perception d’une personne nue et erratique, il convient de le communiquer par radio et d’expliquer à l’opérateur qu’il s’agit d’une urgence médicale, où le médecin peut devoir administrer des tranquillisants avant que la personne ne fasse un arrêt cardiaque, et qu’une ambulance peut également être nécessaire pour aider à fournir des soins éclairés sur ce à quoi il faut s’attendre.

L’objectif des agents impliqués au cours de cette étape est de gagner du temps jusqu’à l’arrivée de l’assistance médicale. L’idée est de l’orchestrer de manière à ce qu’il n’y ait pas d’intervention pratique de la police avant que quelqu’un ayant les compétences requises ne soit disponible pour s’occuper de l’aspect médical, si tout tourne mal. Et il y a de fortes chances que tout se passe mal.

D’après l’expérience de l’auteur, certains professionnels et opérateurs ambulanciers ne connaissent pas les troubles aigus du comportement. Ils peuvent avoir l’impression que l’incident pour lequel la police leur demande d’intervenir est beaucoup moins important qu’il ne l’est en réalité.

L’opérateur de la salle de contrôle de la police peut également ne pas être familiarisé avec le problème, et c’est là que se déroule l’un de ces scénarios de mauvaise communication qui peuvent conduire à une tragédie.

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Nouveau rapport sur la relation entre la police écossaise et la communauté LGBTQI+

Quelles sont les relations entre Police Scotland et la communauté LGBTQI+ ? Le rapport qui répond à cette question fait partie d’une étude financée par le Scottish Institute for Policing Research (SIPR) dans le cadre du projet Seldom Heard Voices relatif à l’attention portée aux communautés souvent victimes de discriminations. Ces « voix peu entendues » se réfèrent à des groupes ou des communautés qui sont moins susceptibles d’entrer en relation avec la police pour diverses raisons, telles que la race, la religion, la sexualité, le handicap ou l’âge. Dans le cas de cette étude, les auteurs se sont intéressés aux jeunes s’identifiant à la communauté LGBTQI+ et avec le critère supplémentaire d’avoir vécu une expérience de prise en charge par les services sociaux.

L’étude a adopté une approche critique et interrogative visant à examiner la question du maintien de l’ordre en relation avec les voix peu entendues à travers trois pistes d’enquête. La première a examiné l’approche stratégique globale de Police Scotland en matière de maintien de l’ordre au sein des différentes communautés. Il s’agit d’un document clé pour la communication publique de l’intention stratégique globale de Police Scotland concernant la police de proximité. Par conséquent, la manière dont le rapport est construit sur le plan rhétorique est importante pour transmettre l’engagement à s’impliquer dans différents secteurs de la société.

Le deuxième mode de recherche consistait à examiner le matériel des cours de formation des recrues de la police sur le thème de la gestion des différents groupes. L’objectif du SIPR était de déterminer la nature de ce qui est étudié pendant la formation des recrues et d’explorer la base sous-jacente de ce qui est enseigné en termes de concepts et d’idéologies dominants.

La troisième piste de recherche consistait à explorer ce que les jeunes disent de leur expérience de contact avec les agents de police. L’objectif était de déterminer si l’orientation stratégique de l’approche de la police écossaise concernant la politique communautaire et la formation dispensée aux recrues pour qu’elles s’engagent auprès de différents groupes se reflétaient chez les jeunes, dont certains s’identifiaient comme appartenant à la communauté LGBTQI+.

L’étude se termine par une série de recommandations, dans lesquelles elle demande que l’orientation stratégique globale de la police en termes d’engagement avec différents groupes soit explicitement basée sur un modèle de nouvelle gouvernance publique qui reconnaît et promeut une police moderne pour le bien public. Cela pourrait impliquer une formation professionnelle continue basée sur des contextes réels et une compréhension de la nature changeante de la société et du rôle de la police moderne.

Le SIPR recommande que l’approche de Police Scotland en matière de formation des recrues de la police sur l’inclusion et la diversité se concentre sur les crimes de haine réels, en ce qui concerne les types d’abus dirigés contre des groupes particuliers. Des agents expérimentés pourraient ainsi partager avec les recrues des cas de formation sur la manière de traiter ces crimes et les difficultés liées à l’inculpation des délinquants.

Ils recommandent également que l’approche de la police à l’égard des jeunes LGBTQI+ tienne compte de leur méfiance à l’égard des policiers lorsqu’il s’agit d’établir des limites dans les interventions. Cela pourrait signifier l’adoption d’un maintien de l’ordre empathique comme solution viable à ce problème, grâce à des recherches plus approfondies sur la manière dont les agents de police peuvent travailler avec succès avec les jeunes pour créer une société plus sûre et plus tolérante.

Enfin, ils recommandent aux agents de reconnaître l’intersectionnalité lorsqu’ils traitent avec différents groupes, en particulier ceux qui ont été pris en charge par les services sociaux. Une preuve de cette reconnaissance serait d’agir en tant que modèle en déclarant que l’assistance sociale est une caractéristique protégée en ce qui concerne la police en Écosse.

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Contact de la police avec la population : personnes, technologie et confiance des citoyens au Royaume-Uni

En février dernier, Nick Gargan, consultant indépendant de la police, a présenté une étude lors d’une conférence organisée par Cityforum, une organisation de conseil politique et de développement stratégique. Il a réuni les principaux chefs de police, prestataires et personnel universitaire du Royaume-Uni pour échanger des idées sur la transformation du contact citoyen avec la police. N. Gargan a commenté les problèmes clés du service public de police, la manière de répondre aux attentes du public, le passage croissant vers des canaux numériques, les possibilités d’amélioration des prestations de services et le fait que l’ensemble du système de contact entre la police et le public est soumis à une forte pression.

Auparavant, les forces de police du Royaume-Uni étaient préparées à une nuit spectaculaire avec une demande extraordinaire de services une fois par an, avec quelque 100 000 appels pour la seule nuit de la Saint-Sylvestre. Aujourd’hui, pour la plupart de ces forces, cette demande extraordinaire est une réalité régulière, voire quotidienne.

Chaque service de police a sa propre histoire à raconter, mais le schéma général reflète la demande de contact avec le public, qui est supérieure de 20 à 25 % aux niveaux antérieurs à la pandémie. Et il augmente d’environ 7 % par an. Il s’agit d’un véritable bouleversement.

Sur les 350 évaluations individuelles qui ont été menées, 30 % ont jugé les performances des forces de police « nécessitant une amélioration » ou simplement « inadéquates ». Moins de la moitié les a jugées plus que suffisantes.

Selon les citoyens, quel est le domaine le plus problématique ? « La réponse au public ». La première étape de contact de la plupart des citoyens avec la police est probablement la plus faible et la moins satisfaisante.

Ces difficultés surviennent en dépit des efforts déployés pour maintenir le système en état de marche. Des vagues successives de réformes et d’innovations ont eu lieu dans le domaine de la gestion des contacts avec la police. Mais il y a une différence entre relever héroïquement un défi impossible à gagner, et le gagner. « Atténuer le problème » ne fonctionne plus.

Le Royaume-Uni a enregistré plus de 35 millions d’urgences en 2022. Et ce nombre ne cesse d’augmenter. La criminalité violente est en hausse : les crimes sexuels ont augmenté d’un tiers en 2022 et les homicides d’un quart.

De nouveaux types de situations d’urgence apparaissent : les incendies de forêt, les ouragans et les inondations ont multiplié par huit les catastrophes naturelles au cours des 40 dernières années. Les urgences médicales grimpent également : plus de 16 millions de visites ont été enregistrées dans les services liés aux accidents et aux urgences en 2022. L’évolution de la population continuera à alimenter la demande : d’ici à 2050, la population britannique âgée de plus de 65 ans aura augmenté de 25 %.

Faire venir des agents de la rue pour répondre aux appels téléphoniques n’est pas une situation agréable, mais c’est aussi inévitable avec un taux de postes vacants de 37 %. L’augmentation des taux d’attrition du personnel ne fait qu’accentuer le défi.

Face à cette montée vertigineuse de la demande actuelle et future, les défis en matière de ressources sont conséquents. Même le recrutement au niveau des effectifs actuels serait sans aucun doute insuffisant, mais de nombreux services luttent pour y parvenir dans le contexte actuel de l’emploi, en particulier dans le sud-est du pays.

Un personnel moins nombreux doit aujourd’hui faire face à une demande de plus en plus complexe et gérer les déploiements d’une main-d’œuvre moins expérimentée en utilisant une technologie qui, dans la plupart des cas, a grand besoin d’être modernisée.

Des mesures à court terme sont nécessaires pour combler les lacunes en matière de recrutement et même accroître la main-d’œuvre, mais en fin de compte, cela risque d’être aussi futile que de construire davantage de voies sur l’autoroute M-25 : on peut avoir l’impression de faire quelque chose d’utile, mais il est peu probable que ce soit le cas. Il faut résoudre ce problème.

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Démantèlement de la plus grande organisation criminelle de trafic de drogue dans les Balkans

Trente-cinq perquisitions simultanées et coordonnées en Serbie et aux Pays-Bas ont été réalisées au début du mois de mai 2023, visant à la fois les chefs du cartel et l’infrastructure de distribution de la drogue. Sept autres membres de cette organisation criminelle avaient été arrêtés en Belgique en 2021. Deux personnes avaient déjà été arrêtées pour d’autres crimes en Serbie et au Pérou, tandis qu’un autre suspect a été arrêté aux Pays-Bas le 8 mai dernier.

Au total, 23 personnes ont été détenues dans le cadre de cette opération policière internationale, dont les trois dirigeants de l’organisation criminelle, considérés par Europol comme des cibles de haute importance.

Les perquisitions ont permis de saisir de nombreux documents compromettants, tels que : 15 voitures de luxe, des bijoux et des montres de luxe d’une valeur estimée à 2 millions d’euros et près de 3 millions d’euros en espèces, des armes et des explosifs, dont 2 fusils de précision, 3 fusils automatiques, des pistolets, des silencieux, 24 capsules détonantes et 5 dispositifs de déclenchement à distance de détonateurs, 13 paquets d’explosifs plastiques et plusieurs centaines de munitions.

Cette opération transfrontière est le résultat de la collecte de renseignements dans le cadre du groupe de travail opérationnel d’Europol chargé d’enquêter sur l’utilisation de la plateforme de communication cryptée Sky ECC, supprimée depuis mars 2021.

En coopération avec la France, la Belgique et les Pays-Bas, et avec le soutien de l’unité « Drogues » d’Europol, la Serbie a été en mesure d’identifier des cibles clés sur son territoire et de cartographier ses activités criminelles dans le monde entier.

Cette organisation criminelle est soupçonnée d’être à l’origine d’expéditions de plusieurs tonnes de cocaïne arrivées en Europe directement depuis la Colombie, le Brésil et l’Équateur, ou transitant par des infrastructures logistiques en Afrique de l’Ouest.

Ce gang criminel était connu pour son extrême violence et pour son implication constante dans des braquages haut de gamme. L’un des objectifs détenus en Serbie était un ancien chef du célèbre groupe criminel Pink Panthers.

Grâce à l’analyse des données de Sky ECC, au moins sept tonnes de cocaïne saisies dans les ports européens en 2020 ont pu être associées à ce cartel, notamment : 700 kilos de cocaïne saisis à Rotterdam (Pays-Bas), 1,2 tonne de cocaïne saisie à Hasselt (Belgique) et 5 tonnes de cocaïne saisies à Aruba, dans les Antilles néerlandaises.

Les dirigeants du gang, arrêtés à Belgrade dans le cadre de cette opération, étaient les plus grands trafiquants de cocaïne dans les Balkans occidentaux et ont été identifiés grâce au travail analytique continu mené sur les données de Sky ECC.

La suppression récente de trois outils de communication cryptés fréquemment utilisés, tels que Encrochat, Sky ECC et Anom, a montré la prévalence des criminels des Balkans dans le commerce mondial de la cocaïne et les activités liées à la criminalité organisée.

Pour répondre à cette menace, Europol a créé le groupe de travail opérationnel « Cartel des Balkans » et a rassemblé des pays d’Europe et du monde pour s’attaquer efficacement à cette menace émanant de cette région. Cette journée d’action est le fruit du travail de cette task force.

En outre, Europol a bénéficié d’une analyse et d’un développement continus dans le domaine du renseignement afin de soutenir les chercheurs dans ce domaine. Deux membres du personnel d’Europol ont également été déployés à Belgrade pour aider les autorités serbes à mener à bien leurs enquêtes au cours de cette journée d’action.

Pour sa part, Eurojust a facilité la coopération judiciaire entre les pays impliqués dans cette enquête.

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