Démantèlement d’un réseau d’escroquerie franco-israélien ayant commis une fraude de plus de 38 millions d’euros

Les détenus ont blanchi les recettes de leurs activités criminelles par le biais d’un système de blanchiment d’argent préexistant qui impliquait plusieurs comptes bancaires dans l’Union européenne, en Chine et en Israël.

L’enquête conjointe menée avec le soutien d’Europol a permis de démanteler un réseau criminel franco-israélien impliqué dans des fraudes à grande échelle. L’opération, menée par la France, a impliqué la police nationale croate (Hrvatska Policija), l’office croate de lutte contre le blanchiment d’argent (Ured za sprječavanje pranja novca), la police nationale française (Police Nationale), la gendarmerie française (Gendarmerie Nationale), la police métropolitaine de Budapest (Budapesti Rendőr-főkapitányság), la police israélienne (משטרת ישראל), la police judiciaire portugaise (Policia Judiciaria) et la police nationale espagnole (Policía Nacional).

Les activités opérationnelles se sont déroulées lors des cinq journées d’action, qui ont eu lieu entre janvier 2022 et janvier 2023 en France et en Israël, avec les résultats suivants :

  • 8 perquisitions domiciliaires en France et en Israël.
  • Arrestation de l’organisateur principal du réseau en Israël.
  • 8 suspects arrêtés (6 en France et 2 en Israël).
  • Intervention d’équipements électroniques et de véhicules, environ 3 millions d’euros sur des comptes bancaires portugais, 1,1 million d’euros sur des comptes bancaires hongrois, 600 000 euros sur des comptes bancaires croates, 400 000 euros sur des comptes bancaires espagnols et environ 350 000 euros en monnaies virtuelles.
  • La valeur totale de ces interventions est estimée à environ 5,5 millions d’euros.
  • L’enquête internationale sur les 38 millions d’euros dissimulés se poursuit.

Le réseau criminel, composé de ressortissants français et israéliens, ciblait des entreprises situées en France. Début décembre 2021, l’un des suspects s’est fait passer pour le directeur général d’une entreprise spécialisée en métallurgie, basée dans le département de la Haute-Marne, dans le nord-est de la France. L’escroc a demandé au comptable de l’entreprise d’effectuer un transfert urgent et confidentiel de 300 000 euros vers une banque en Hongrie. La fraude a été découverte quelques jours plus tard lorsque le comptable, pensant agir pour le compte du directeur général de l’entreprise, a tenté d’effectuer un virement de 500 000 euros. L’entreprise a déposé plainte et les enquêteurs ont ensuite établi que l’appel provenait d’Israël.

L’échange d’informations et la coopération internationale facilités par Europol ont permis de découvrir des complices, des modi operandi et des fonds. L’enquête criminelle menée en Croatie a permis de révéler la véritable identité des mules utilisées par le réseau d’escroquerie. Les autorités croates compétentes ont bloqué plus de 600 000 euros sur plusieurs comptes bancaires.

Depuis janvier 2022, Europol facilite l’échange d’informations et fournit un soutien analytique spécialisé, notamment une analyse et une expertise en matière de finances et de cryptomonnaies. L’analyse a conduit à l’identification des liens entre pays pour permettre la saisie urgente des avoirs criminels avant que les suspects ne puissent les blanchir. Pendant les journées d’action, Europol a déployé des experts en France, en Hongrie et en Israël afin de recouper en temps réel les informations opérationnelles avec les bases de données d’Europol et de fournir un soutien scientifique sur le terrain.

En 2020, Europol a créé le Centre européen de lutte contre la criminalité économique et financière (EFECC) dans le but d’accroître les synergies entre les enquêtes économiques et financières et de renforcer leur capacité à aider les autorités policières à lutter efficacement contre cette menace criminelle majeure.

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Mise en œuvre de services de soutien aux petites agences de police rurales aux États-Unis

Plus des deux tiers (71 %) des agences de police américaines desservent les zones rurales (moins de 10 000 habitants) et 75 % emploient moins de 25 agents.

Dans le même temps, il existe une conception erronée selon laquelle les crimes graves ne se produisent que dans les zones urbaines, mais les policiers des petites agences rurales sont confrontés aux mêmes défis quotidiens que leurs collègues des départements urbains, des conflits des communautés aux événements traumatiques, comme les accidents mortels utilisant des véhicules ou les homicides, ainsi que les enjeux psychologiques ou de santé.

Une bonne santé mentale est aussi vitale qu’une bonne santé physique pour que les agents puissent mieux agir et protéger leurs communautés contre la criminalité et la violence, quel que soit le lieu où ils servent la société. Par conséquent, le département de la Justice des États-Unis a publié un guide de mise en œuvre de services de soutien aux petites agences de police rurales.

Malgré les besoins en matière de bien-être des policiers ruraux, bon nombre de ces zones sont des déserts sanitaires où l’on constate que le rapport population/prestataire de soins de santé mentale peut atteindre 30 000 à 1. Par rapport à leurs homologues urbains, les habitants des zones rurales participent aux services de santé mentale à un rythme très inférieur.

Les petits services de police ont souvent du personnel et des ressources restreints, des services d’urgence et des services communautaires inadéquats, un accès technologique ou un équipement très limité. Les facteurs socio-économiques, géographiques et de main-d’œuvre constituent des obstacles majeurs à l’accès aux soins de santé dans les communautés rurales.

Quel que soit le lieu ou la taille d’une agence de police, l’adoption de programmes de sécurité et de bien-être est vitale pour assurer la santé des agents mis en danger pour protéger leurs communautés.

Les programmes de soutien entre pairs peuvent être une ressource essentielle en santé mentale pour les petites agences rurales. Cependant, la géographie et les facteurs démographiques qui réduisent l’accès à d’autres types de soins de santé mentale peuvent également se compliquer.

Les services de soutien entre pairs sont un outil précieux pour promouvoir le bien-être psychologique dans les emplois à fort stress. Cela pourrait être le moyen de tirer parti des points forts et des relations entre pairs spécialement formés dans un environnement non clinique. Face à une crise personnelle, un employé peut se sentir plus à l’aise en cherchant initialement le soutien d’un collègue qui comprend le contexte et a connu les mêmes problèmes, plutôt que de s’adresser à des professionnels de la santé mentale.

Le soutien entre pairs peut donc être une première étape importante dans une stratégie de bien-être des agents. Cette ressource permettrait de relever les considérations et les mesures recommandées pour la police rurale et les petites agences qui cherchent à établir et à maintenir des services de soutien entre pairs.

Ces différentes considérations peuvent être adaptées aux objectifs uniques de chaque agence en fonction de son point de départ.

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Les services de police du Canada rendent permanente l’utilisation de caméras corporelles et de caméras embarquées dans les véhicules

Comme le rapporte le site canadien City news everywhere, le Waterloo Regional Police Service South Division a lancé il y a quelques mois un projet pilote à grande échelle visant à installer des caméras corporelles et embarquées dans les véhicules, dans le cadre d’un projet global de modernisation de l’institution.

Le projet pilote, qui a été mis en œuvre entre juin 2021 et octobre 2022 et qui a permis de déployer des caméras corporelles pour les officiers de police et à l’intérieur des véhicules de fonction, sera dorénavant un dispositif permanent suite à son approbation lors d’une réunion de la commission des services de police la semaine dernière. Le projet comprend également une stratégie de déploiement de téléphones mobiles et un système de gestion de preuves numériques.

Mis en place grâce à des membres du service de police formés pour l’occasion, l’objectif du dispositif pilote était de déterminer la viabilité et la capacité de la technologie à capturer des preuves, tout en respectant les droits à la vie privée des citoyens.

Les indicateurs clés de performance de ce projet se sont concentrés à la fois sur les perceptions de la police et celles des communautés, la charge de travail administrative et les impacts des accusations et des condamnations.

Les objectifs généraux comprenaient l’exploration de l’amélioration de la responsabilité policière, la représentation exacte des interactions de la police avec le public, l’amélioration de la sécurité publique et des agents, le renforcement de l’engagement à fournir des services sans préjugés et l’optimisation des preuves à des fins d’enquête, de justice et de surveillance.

Le projet pilote comprenait également une consultation auprès des communautés et des membres du service de police par le biais d’un webinaire, d’une enquête générale et d’une invitation directe aux communautés culturelles de la région.

Divers responsables au sein de la police ont estimé qu’il existait un soutien clair en faveur d’un programme définitif d’installation de caméras. La communauté a également jugé qu’il s’agissait d’un bon investissement financier, qui permettra d’améliorer la transparence et que le programme renforcera l’engagement en faveur d’une police sans préjugés. De cette manière, la technologie contribuera à établir une base de confiance entre la police et le public.

Ce déploiement est également considéré comme un facteur qui contribuera à favoriser la transparence avec la communauté, et à la protéger par le biais des plaintes publiques et à fournir des preuves pour les tribunaux.

Finalement, il a été décidé de rendre ce projet pilote permanent, car la grande majorité des personnes ayant répondu à l’enquête pensent que la technologie vidéo est un outil d’investissement appréciable pour garantir des services de police transparents, efficaces et professionnels.

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Actions de coopération policière internationale contre la cybercriminalité

Les forces de police sont bien conscientes que les services DDoS – attaques par déni de service – ont considérablement abaissé la barrière à l’entrée dans la cybercriminalité. Pour un montant dérisoire de quelque 10 euros, n’importe quelle personne non qualifiée peut recourir aux attaques DDoS en un clic, mettant hors ligne des sites Web et des réseaux entiers.

Les dommages qui peuvent être infligés aux victimes peuvent être importants, allant jusqu’à paralyser les entreprises sur le plan économique et priver les gens de services essentiels fournis par diverses entités telles que les banques, les forces de police ou les administrations gouvernementales.

Encouragés par cet anonymat tangent, de nombreux jeunes passionnés de technologie s’engagent dans ce crime apparemment bas de gamme, sans être conscients des conséquences que de telles activités en ligne peuvent entraîner. Par exemple, les organismes chargés de faire respecter la loi entreprennent sans relâche des actions contre les services DDoS. À cet égard, tous les niveaux d’utilisateurs sont dans le collimateur des forces de l’ordre, qu’il s’agisse d’un joueur qui lance une compétition à partir d’un jeu vidéo ou d’un pirate de haut niveau qui mène des attaques DDoS contre des cibles commerciales à fins financières.

Les effets qu’une enquête criminelle peut avoir sur la vie de ces utilisateurs de DDoS peuvent être très graves, étant donné les peines de prison appliquées dans certains pays.

Dans cette lignée, les forces de police des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Pologne et de l’Allemagne ont développé une opération appelée Power off contre ce type de cyberattaques capables de paralyser l’Internet.

Cette opération internationale de lutte contre les fournisseurs de services DDoS, conçue pour permettre aux utilisateurs de lancer une attaque par déni de service parallèle contre les infrastructures critiques en ligne, a permis de faire fermer une cinquantaine des plus grands fournisseurs mondiaux de cyberservices illégaux. L’un de ces services neutralisés avait été utilisé pour commettre plus de 30 millions d’attaques.

Sept administrateurs ont été arrêtés à ce jour aux États-Unis et au Royaume-Uni dans le cadre de cette action, et d’autres mesures sont prévues contre les utilisateurs de ces services illégaux.

La réussite de cette opération est le fruit d’une coopération policière internationale essentielle, puisque les administrateurs, les utilisateurs, les infrastructures critiques et les victimes étaient dispersés partout dans le monde. Le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol a coordonné les activités en Europe par l’intermédiaire de sa Force d’action anticybercriminalité européenne (J-CAT).

Cette opération internationale fait suite aux précédentes éditions des opérations Power Off qui visaient les administrateurs et les utilisateurs du marché DDoS webstresser.org.

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Les démissions d’officiers de police ont augmenté de 72 % au cours de l’année dernière en Angleterre et au Pays de Galles

Début novembre de cette année, une étude a été publiée dans le journal en ligne The Conversation dans laquelle les professeures anglaises de Criminologie de l’Université de Portsmouth, Jemma Tyson et Sarah Charman, se sont penchées sur les causes de la hausse des démissions des officiers de police en Angleterre et au Pays de Galles.

Les auteures expliquent que le métier de policier a longtemps été un emploi à vie. Les taux de départ étaient très faibles et les taux de fidélité élevés, les carrières de 30 ans ou plus étant la norme. Mais les temps semblent avoir changé.

Selon les chiffres officiels du gouvernement, le nombre de démissions volontaires des services de police en Angleterre et au Pays de Galles a grimpé de 72 % entre 2021 et 2022, passant de 1 996 à 3 433. En outre, les démissions volontaires représentent désormais 42 % de tous les départs de la police, contre 33 % l’année précédente. Par rapport à il y a dix ans, en 2012, il y a eu 1 158 démissions volontaires, ce qui ne représentait que 18 % de tous les départs. Ainsi, en seulement dix ans, les démissions volontaires ont augmenté de 196 %.

Ce que le Conseil national des chefs de police du Royaume-Uni considérait comme une rotation positive en 2016 est désormais un problème sérieux. Les deux auteures de l’étude ont estimé qu’il serait pertinent d’examiner les raisons du départ de ces fonctionnaires. Pendant deux ans, elles ont interrogé une centaine d’anciens policiers d’Angleterre et du Pays de Galles qui avaient quitté le service volontairement.

Les principales motivations de départ sont les problèmes internes et organisationnels, entre autres : les anciens officiers se plaignent d’un leadership médiocre, du manque d’opportunités de promotion ou de progression, et du fait de ne pas avoir voix au chapitre dans l’organisation. Les policiers qui ont quitté l’organisation ont déclaré qu’ils ne se sentaient pas valorisés et qu’ils manquaient de modèles appropriés dans les rangs supérieurs. Les agents féminins ayant des enfants, en particulier, se sont plaints de ce fait.

Les anciens officiers interrogés ont signalé que la force policière leur avait fait sentir qu’ils n’étaient qu’un numéro et que leurs avis ne comptaient pas. Ils n’avaient pas non plus l’impression de pouvoir partager leurs opinions ou de participer à la prise de décision sur les questions qui les concernaient dans leur travail quotidien, car ils avaient le sentiment que leurs responsables passaient leur temps à s’occuper de leurs carrières et affaires personnelles.

Ce sentiment de vide était également partagé par des policiers envoyés dans des lieux indésirables après une promotion, au retour d’une absence ou en raison d’une restructuration au sein de l’organisation.

Les chercheuses ont également constaté que la majorité des personnes interrogées ont répondu que leur décision de démissionner était la bonne, ce qui ne cachait pas leur déception, leur regret et leur tristesse de partir.

Ces sentiments de manque de soutien organisationnel sont aggravés par l’absence d’un entretien concernant le motif de départ. Seuls 35 % des agents interrogés se sont vus offrir la possibilité de réaliser une enquête concernant leur démission.

Comprendre pourquoi il y a eu une augmentation de 196 % des démissions volontaires au sein des services de police en Angleterre et au Pays de Galles au cours de la dernière décennie peut être une tâche douloureuse pour de nombreuses forces de police, mais sans cette information, la tendance ne peut qu’empirer. Entamer ces conversations difficiles et faire entendre la voix de ceux qui décident de démissionner au sein de l’organisation est la première étape pour résoudre le problème.

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Les mesures anti-covid entraînent une légère augmentation de la violence envers les forces de l’ordre en Allemagne

En 2021, 39 649 actes de violence contre les forces de l’ordre ont été enregistrés en Allemagne, soit une augmentation de 1,8 % par rapport à l’année précédente, qui s’inscrit dans une légère tendance à la hausse depuis 2014 (à l’exception de 2017). Les Länder qui ont connu les plus fortes hausses sont le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (31 %), la Hesse (19,1 %) et Berlin (15,4 %), tandis que le Bade-Wurtemberg (-2,1 %) et la Bavière (-6,3 %) ont enregistré des baisses. Il est intéressant de noter que ce dernier a connu le plus grand nombre de meurtres (4 cas pour 6 victimes[1]) et de vols avec violence (20 cas pour 25 victimes).

Le nombre de victimes de ces violences s’élève à 88 626 agents (4,5 % de plus que l’année précédente), dont 79,3 % sont des hommes et 49,5 % ont entre 25 et 35 ans. La grande majorité des actes de violence (87 %) résulte d’une résistance aux interventions policières.

Les auteurs de ces infractions étaient principalement des hommes (84,2 %), de nationalité allemande (70,6 %) et âgés de plus de 25 ans (69,6 %). Environ 75,6 % des personnes interpellées étaient connues des services de police. Le pourcentage d’immigrants placés en détention pour ces infractions a diminué de 9,6 %, tandis que celui des résidents illégaux et des demandeurs d’asile a diminué de 5,2 %.

Les typologies criminelles de ces agressions comprennent le meurtre, l’homicide involontaire, les blessures (intentionnelles et par négligence), le vol avec violence, la coercition, la détention illégale, les menaces, la résistance et les attaques contre les forces de l’ordre. Il convient toutefois de souligner que les crimes les plus violents ont connu une baisse : meurtre (-6), homicide (-27), vol avec violence (-27) et blessures simples ou légères (-612). Les augmentations les plus marquées s’observent dans la résistance opposée aux autorités dans l’exercice de leurs fonctions, sous toutes ses formes (48 %).

Cette hausse semble être principalement due aux mesures de restriction liées aux déplacements adoptées pour lutter contre la COVID-19, qui ont été largement contestées par une partie de la population. L’augmentation des actes de violence coïncide (à quelques exceptions près) avec les mois au cours desquels des restrictions plus strictes ont été mises en place pour faire face à la pandémie.

Accès au rapport complet 


[1] Les meurtres n’ont pas forcément abouti.

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Le système britannique de plaintes contre la police a encore quelques efforts à faire

La commission des affaires intérieures du Parlement britannique a publié un rapport sur le traitement des plaintes et la correction des agissements de la police en février 2022, dans lequel elle identifie des lacunes importantes. L’enquête visant à évaluer les performances du Bureau indépendant pour la conduite de la police (Independent Office for Police Conduct ou IOPC) a débuté à l’été 2020 et a duré 18 mois. L’IOPC, dont le rôle principal est de traiter les cas les plus graves de plaintes contre des policiers et les forces de police, pouvant entraîner des sanctions disciplinaires, en Angleterre et au Pays de Galles, est devenu opérationnel en janvier 2018. Il ne s’agit toutefois pas d’un organe entièrement nouveau, puisqu’il remplace la Commission indépendante des plaintes contre la police (Independent Police Complaints Comission ou IPCC), créée en 2003, qui remplaçait elle-même l’Autorité des plaintes contre la police (Police Complaints Authority ou PCA). Ces changements précédents avaient déjà été effectués dans le but d’améliorer le traitement de ces plaintes.

Les membres du Parlement rappellent que le maintien de l’ordre en Angleterre et au Pays de Galles repose sur le consentement : les agents ont certains pouvoirs pour enquêter sur les crimes et maintenir la sécurité publique, mais il est de leur devoir de faire preuve d’un comportement irréprochable. Par conséquent, pour que les citoyens aient confiance dans les forces de l’ordre, il faut mettre en place un système efficace de gestion et de suivi du comportement des agents et des divisions ainsi que des plaintes les concernant.

L’enquête a conclu que l’insatisfaction à l’égard de ce système est en partie injustifiée ou injuste, et que l’IOPC a fait des progrès significatifs et a établi un système plus ouvert, transparent et réactif que les organismes précédents. Toutefois, il subsiste également des éléments à améliorer dans six domaines :

  • La durée des enquêtes : bien que la plupart soient résolues en moins d’un an (cette durée a diminué par rapport aux organismes précédents), il y a encore des procédures qui durent des années, sans qu’il soit clairement possible de déterminer si la responsabilité incombe aux forces de police ou à l’IOPC. Par conséquent, un changement de culture policière est nécessaire pour rationaliser ces procédures et pour que toutes les parties assument leurs responsabilités.
  • La confiance du public : les évaluations menées sur des thèmes spécifiques (tels que les violences domestiques, les problèmes de santé mentale ou les discriminations ethniques) donnent un aperçu de la manière dont la police interagit avec les communautés qu’elle sert. Cependant, durant ces évaluations de grande ampleur, il est nécessaire de renforcer la collaboration entre les organisations et les forces de police, et de rendre les procédures accessibles au public.
  • L’accessibilité : rendre les documents pertinents accessibles aux citoyens n’est qu’un début pour les sensibiliser à ces procédures. L’utilisation d’un langage technique ou de constructions complexes rend également l’accès difficile ou décourage les citoyens. Par conséquent, l’IOPC devrait s’efforcer de rendre la documentation disponible dans un langage plus clair et dans différents formats et langues.
  • La garantie de pratiques irréprochables : certaines de ces procédures sont traitées par les forces de police, mais il n’est pas certain qu’elles suivent toutes les directives de l’IOPC. Par conséquent, il convient de surveiller le bon suivi de ces recommandations.
  • La gouvernance de l’IOPC : les fonctions des responsables de l’IOPC gardent encore certains dysfonctionnements des organismes précédents et, bien que la nouvelle structure ait apporté des changements positifs, des lacunes subsistent, par exemple en matière de contrôle interne. Elle exhorte donc le gouvernement à repenser au plus vite la structure de l’organisation et à nommer un chef indépendant au conseil d’administration.
  • Commissaires chargés de la police et de la criminalité (Police and Crime Commissioners) : ces élus ont pour fonction de superviser les forces de police dans les circonscriptions territoriales sous leur responsabilité. L’enquête parlementaire a révélé que, malgré le fait qu’une partie de leurs fonctions consiste à traiter les plaintes et les sanctions disciplinaires, très peu de ces postes remplissent réellement leur rôle en la matière. Par conséquent, ils doivent disposer de davantage de ressources pour pouvoir accomplir ces tâches.

Communiqué de presse sur la publication du rapport au Parlement britannique :

https://committees.parliament.uk/committee/83/home-affairs-committee/news/161387/progress-made-but-many-still-feel-let-down-by-police-complaints-system/ (lien en anglais)

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Le recrutement hâtif de policiers présente un risque majeur

La promesse de Boris Johnson de recruter 20 000 policiers supplémentaires augmente le risque d’admission d’agents ayant des comportements misogynes, racistes ou homophobes, alors même que la culture discriminatoire qui existe au sein des forces de police d’Angleterre et du Pays de Galles fait l’objet de fortes préoccupations.

La police d’Angleterre et du Pays de Galles est actuellement confrontée à certaines difficultés et cherche à regagner la confiance de la société, notamment à la suite du meurtre de Sarah Everard, commis par un officier de police.

Selon le journal The Guardian, un rapport interne de la police a mis en évidence des avertissements selon lesquels l’ampleur et la rapidité de la campagne de recrutement de 20 000 policiers entraînent inévitablement des risques, ajoutant qu’il existe un grand danger que des personnes qui ne conviennent pas à la police puissent passer tous les filtres et être recrutées.

Dans le même temps, le document considère que le système échoue lorsque, parfois, les groupes de criminalité organisée tentent d’infiltrer les forces de police, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques. Lorsque des candidats inadaptés mentent sur les formulaires de candidature, cachent leur activité sur les réseaux sociaux ou minimisent leurs liens avec la criminalité, une vérification de haute qualité est constamment requise.

Si, au cours de la période probatoire, un agent fait preuve d’un comportement homophobe, raciste, misogyne ou malhonnête, cela doit être pris très au sérieux. Si les responsables se contentent de penser qu’il sera un bon policier et qu’ils rectifieront progressivement le tir, ils donnent lieu à un problème qui pourrait durer une trentaine d’années.

Le rapport expose également d’autres problématiques, par exemple :

• La fraude a augmenté de manière exponentielle et les forces de police la traitent encore très souvent comme un problème peu important, à tort.

• Le modèle de responsabilisation locale a brisé certaines relations entre la police et les politiciens, et certains des chefs de police ne croient plus vraiment à l’indépendance opérationnelle de la police.

• L’architecture fragile des 43 forces de police, conçue en 1962 et mise en œuvre en 1974, est loin d’être adaptée aux besoins existant en 2022.

• La cybercriminalité est maintenant, de loin, le type de crime le plus fréquent. Autrefois, on avait tendance à penser que les enfants n’étaient pas en sécurité dans la rue. Maintenant, c’est dans leur propre chambre qu’ils sont le plus en danger.

• Les attentes du public en matière de lutte contre la criminalité ne peuvent être satisfaites sans un financement suffisant, et les citoyens, par l’intermédiaire des responsables politiques, doivent décider du niveau de menace, de préjudice et de risque qu’ils sont prêts à tolérer.

Des lacunes importantes dans la police persistent et doivent être comblées. La criminalité est désormais souvent complexe et beaucoup plus sophistiquée, et les enquêtes peuvent prendre beaucoup plus de temps. Si la police continue à utiliser les méthodes du XXe siècle pour tenter de faire face aux technologies du XXIe siècle, elle continuera à prendre de plus en plus de retard.

Enfin, le document explique qu’il ne faut pas sous-estimer la gravité des problèmes auxquels sont confrontés les services de police, mais que le public a besoin d’être rassuré par des officiers et du personnel de police faisant preuve d’une approche ferme, pragmatique et professionnelle.

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La production de tabac de contrefaçon en Slovénie qui inondait le marché français a été démantelée

Une filière de production de tabac qui approvisionnait le marché français de millions de cigarettes de contrefaçon a été démantelée en Slovénie à la suite d’une enquête complexe menée par les autorités françaises et slovènes, avec le soutien d’Europol.

Lancée en octobre 2020, l’enquête était centrée sur un groupe de criminalité organisée impliqué dans la production et la distribution illicite de tabac. Deux journées d’action couronnées de succès visant les criminels impliqués dans la distribution de ces cigarettes de contrefaçon ont été menées en France en avril et en mai 2021. Les autorités slovènes ont ensuite lancé une enquête dans le but d’arrêter les responsables soupçonnés de la production de ces produits illicites.

À la suite de plusieurs réunions de coordination entre les autorités judiciaires et policières de France et de Slovénie, sous la supervision d’Eurojust et d’Europol, il a été convenu d’organiser une journée d’action en Slovénie.

Le 25 janvier 2022, plus de 100 agents de la police nationale slovène (Policija) et de l’administration financière slovène (Finančna Uprava) ont perquisitionné 11 lieux, y compris des locaux industriels et des résidences privées. Ils ont été assistés sur le terrain par des officiers de la gendarmerie nationale française, ainsi que par des magistrats français des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) et par des agents d’Europol.

Cette action a permis de mettre au jour différents sites de production installés dans des entrepôts, situés dans des régions reculées de Slovénie. Au total, plus de 26 tonnes de tabac, ainsi que 29 millions de filtres, ont été saisis, de même que plusieurs machines destinées à la production de tabac et 10 tonnes de papier imprimé pour l’emballage. Les cigarettes qui auraient pu être fabriquées avec les marchandises saisies auraient eu une valeur totale de 13 millions d’euros sur le marché français.

Auparavant, en novembre 2021, l’administration financière slovène avait saisi au cours de la même enquête environ 12 tonnes supplémentaires de tabac haché.

Deux dirigeants du réseau criminel chargé de la fabrication des cigarettes ont été arrêtés en vertu de mandats d’arrêt européens, l’un en Croatie et l’autre en Slovénie.

Le Centre européen de lutte contre la criminalité économique et financière (EFECC) d’Europol a apporté son aide à l’enquête. Il a mis à disposition sa plateforme de communication sécurisée, a facilité la coopération internationale entre la France, la Slovénie et d’autres États membres, a procédé à des vérifications croisées, et a fourni son soutien analytique et son expertise opérationnelle. L’un de ses experts a été envoyé à Maribor, en Slovénie, pour assister les autorités nationales le jour de l’action de la police.

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1 534 armes à feu saisies dans le cadre d’une opération internationale de lutte contre le commerce illicite

Lors de l’opération internationale coordonnée par Europol, dans le cadre d’une initiative de répression visant le commerce illicite d’armes, un total de 1 534 armes à feu ont été saisies. Certaines de ces armes ont été trafiquées, comme par exemple certains pistolets détonateurs ou de tir sportif, qui sont devenus une arme de choix pour les criminels, car ces armes peuvent être facilement converties pour décharger des munitions réelles. Une telle arme à feu aurait été utilisée pour tuer le journaliste néerlandais à Amsterdam en juillet de l’année dernière.

Cette opération, connue sous le nom de Conversus, a été menée par la police nationale roumaine (Poliția Română) dans le cadre de la plateforme pluridisciplinaire européenne contre les menaces criminelles (EMPACT). Il a fallu environ une semaine de travail dans le cadre d’une action coordonnée par Europol entre le 13 et le 17 décembre 2021 et a impliqué les polices de 24 pays, en collaboration avec Eurojust et la Commission européenne.

Voici les résultats de l’opération :

  • Perquisitions de logements : 260
  • Armes saisies : 1 534
  • Munitions saisies : 17 464
  • Pyrotechnie saisie : 6 550 kg

Jusqu’à récemment, la plupart des armes saisies en Europe ont été importées dans l’Union européenne depuis la Turquie. Depuis lors, les autorités turques ont modifié leur législation pour faire face à cette menace. Une fois dans l’UE, ces armes sont généralement achetées à bas prix sur les marchés légaux, avant de faire l’objet d’un trafic illégal vers d’autres pays où un permis est nécessaire pour acquérir, importer et posséder ces armes à feu.

La semaine d’action d’Europol a été précédée d’un travail opérationnel au début de l’année pour identifier les acheteurs et les distributeurs impliqués dans ce commerce illicite. La police roumaine, ainsi que ses homologues bulgares et nord-macédoniens, ont recueilli des données sur les vendeurs, qui ont ensuite été analysées par Europol afin d’identifier les acheteurs et les transactions suspectes.

Les pays suivants ont participé à cette action coordonnée : Roumanie, Bulgarie, Portugal, Belgique, Serbie, Croatie, Chypre, République tchèque, Suède, Allemagne, Danemark, Estonie, Monténégro, Grèce, Espagne, France, Finlande, Hongrie, Lituanie, Luxembourg, Lettonie, Pays-Bas, Pologne, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Suisse, Norvège, Macédoine du Nord, Ukraine et Kosovo*.

En 2017, le Conseil européen a décidé de poursuivre le cycle politique de l’UE pour la période 2018-2021. Il vise à répondre aux menaces les plus importantes que la criminalité internationale grave et organisée fait peser sur l’UE. Cet objectif est atteint en améliorant et en renforçant la coopération entre les services compétents des États membres, des institutions et des agences de l’Union, ainsi que des pays et organisations non membres de l’UE, y compris le secteur privé, le cas échéant. Il existe actuellement dix priorités EMPACT. À partir de 2022, le mécanisme est définitivement rebaptisé EMPACT 2022+.

* Cette désignation est sans préjudice des positions sur le statut et est conforme à la résolution 1244/99 du Conseil de sécurité des Nations Unies et à l’avis de la CIJ sur la déclaration d’indépendance du Kosovo.

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