Des prisonniers libérés par erreur en Angleterre et au Pays de Galles : symptôme d’un système au bord du gouffre

Entre avril et octobre 2025, 91 prisonniers ont été libérés par erreur en Angleterre et au Pays de Galles, selon des données récentes du ministère de la Justice du Royaume-Uni. Ces chiffres s’inscrivent dans un contexte où le gouvernement britannique est soumis à de fortes pressions à la suite de plusieurs cas très médiatisés qui ont miné la confiance de la population dans le système pénitentiaire.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé : la tendance de ces dernières années est clairement à la hausse. Au cours des douze mois précédant mars dernier, 262 détenus ont été libérés par erreur, soit une augmentation de 128 % par rapport à l’année précédente. Un signal d’alerte qui indique un problème structurel profond.

Le ministre de la Justice, David Lammy, a reconnu que le système pénitentiaire britannique se trouvait dans une situation déplorable. Selon lui, depuis la réduction de 25 % du personnel pénitentiaire entre 2010 et 2017, l’expertise et les ressources des prisons sont insuffisantes pour gérer des processus aussi sensibles que les libérations.

Lammy affirme qu’une réforme radicale est nécessaire, et que seule la technologie pourra empêcher ce genre d’erreurs à l’avenir. Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures :

  • La mise en place d’une équipe de scientifiques de données pour analyser les erreurs historiques.
  • Un investissement pouvant atteindre 10 millions de livres sterling dans de nouveaux outils d’intelligence artificielle afin de réduire les erreurs humaines et de remplacer les systèmes papier obsolètes.
  • Une ligne d’assistance téléphonique pour vérifier les décisions de justice en attente avant la mise en liberté.
  • La simplification des politiques de libération afin de standardiser les procédures.

Le gouvernement a également lancé une étude indépendante, dont les résultats devraient être présentés en février prochain.

La crise a ouvert un nouveau front politique. Le secrétaire d’État fantôme à la justice, Robert Jenrick, a accusé le gouvernement travailliste de semer la confusion avec son programme de libération anticipée, mis en place pour réduire la surpopulation carcérale. Ce système permet à certains prisonniers d’être libérés après avoir purgé 40 % de leur peine, au lieu des 50 % habituels.

Jenrick estime que la gestion de Lammy est une véritable farce et que la sécurité publique est menacée. Selon lui, le ministre a perdu le contrôle du système et s’est montré réticent à publier les données.

Lammy, pour sa part, maintient que le programme de libération anticipée était inévitable parce que les conservateurs n’ont pas réussi à augmenter la capacité des prisons lorsqu’ils étaient au pouvoir. Parmi les détails les plus inquiétants, Lammy a confirmé que trois des prisonniers libérés par erreur sont toujours en liberté :

  • Une personne initialement arrêtée pour ne pas s’être rendue à la police, libérée en décembre 2024.
  • Un détenu pour des délits liés à la drogue, libéré en août 2024.
  • Un auteur de vol aggravé, libéré en juin 2025.

L’un d’entre eux est étranger, et les deux autres sont britanniques. Les autorités enquêtent également sur un possible quatrième cas datant du 3 novembre.

La situation a été aggravée par des cas récents qui ont fait la une des journaux :

  • Deux prisonniers libérés par erreur en moins d’une semaine de la prison de Wandsworth, qui ont finalement été arrêtés.
  • La libération injustifiée de Hadush Kebatu, un migrant qui était entré au Royaume-Uni illégalement et avait agressé sexuellement une jeune fille de 14 ans alors qu’il vivait dans un hôtel pour demandeurs d’asile. L’affaire a engendré des manifestations dans tout le pays.

Kebatu a fini par être expulsé, mais la réputation du système pénitentiaire avait déjà été entachée.

L’augmentation des erreurs de libération dans les prisons britanniques n’est pas qu’une simple statistique : c’est la preuve que le système est au bord du gouffre. Le manque de personnel, la pression accumulée, les processus obsolètes et le manque de coordination entre les institutions sont des problèmes qui ne peuvent pas être ignorés.

À ce stade, la réforme n’est donc plus une option. L’avenir du système pénitentiaire britannique dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les mesures annoncées et à regagner la confiance d’une population de plus en plus sceptique.

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Coup de filet contre le trafic d’antiquités : 35 arrestations en Bulgarie dans le cadre d’une opération coordonnée

Le mois de novembre 2025 a marqué un tournant dans la lutte contre le trafic illégal d’œuvres d’art et de biens culturels en Europe. Au cours d’une journée d’action coordonnée par les autorités bulgares, avec le soutien d’Europol et la participation d’agents de six pays, un vaste réseau criminel impliqué dans le pillage et le commerce illicite d’antiquités gréco-romaines et thraces a été démantelé.

Cette opération est le résultat de plusieurs années de recherche et de coopération internationale et met en lumière un phénomène qui a un impact majeur sur le patrimoine culturel européen et mondial.

Tout a commencé en 2020, lorsqu’une perquisition en Bulgarie a abouti à la saisie de 7 000 objets culturels d’une valeur inestimable. L’absence de documentation fiable et la quantité impressionnante d’objets ont tiré la sonnette d’alarme : il s’agissait très probablement de l’un des plus grands ensembles d’antiquités pillées jamais découverts dans le pays.

Parmi ces objets, on peut citer :

  • des masques et bijoux anciens ;
  • des équipements militaires ;
  • des vases et coupes de cérémonie ;
  • des pièces uniques datant de 2 000 avant J.-C.

Depuis, la collection est conservée par le Musée national d’histoire de Bulgarie, tandis qu’une vaste enquête a fini par révéler un réseau criminel transfrontalier très organisé.

La journée d’action a été aussi impressionnante que significative :

  • 35 arrestations en Bulgarie.
  • 131 perquisitions dans plusieurs pays (Bulgarie, Albanie, France, Allemagne et Grèce).
  • Plus de 3 000 biens ont été saisis, dont des pièces d’or et d’argent.
  • Valeur totale estimée : plus de 100 millions d’euros.
  • En outre, des œuvres d’art, des armes, des documents, des appareils électroniques, de l’or et plus de 50 000 euros en espèces ont été saisis.

La principale cible à haute valeur de l’enquête est accusée de financer des fouilles illégales en Bulgarie et dans d’autres pays des Balkans. Le mécanisme était clair : des groupes de pilleurs locaux fouillaient des sites archéologiques sur commande, tandis que des intermédiaires blanchissaient les pièces sur le marché international de l’art.

Cette affaire met en lumière une réalité bien connue des enquêteurs : le marché de l’art est un terrain fertile pour les activités criminelles. La demande d’objets uniques et la difficulté de vérifier leur provenance facilitent l’entrée d’objets pillés illégalement.

Les Balkans et l’Italie, qui disposent d’un riche patrimoine archéologique gréco-romain, sont depuis plusieurs décennies la cible de réseaux de trafic d’antiquités. Et il ne s’agit pas seulement d’un problème local : des pièces provenant de zones de conflit telles que la Syrie ou l’Irak y sont souvent mélangées.

Depuis 2024, un groupe de travail d’Europol se charge de relier les points, d’identifier les suspects et de retrouver les objets dispersés dans plusieurs pays. Ce modèle de coopération, qui combine analyses, échange d’informations et actions conjointes, est plus que jamais nécessaire.

Le démantèlement du réseau est une victoire importante, mais aussi un rappel : la protection du patrimoine culturel exige une vigilance constante et des efforts coordonnés à l’échelle mondiale.

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Le monde à la croisée des chemins : comment les économies illicites menacent l’ordre mondial

Le monde est à un moment décisif. Les économies illicites – du trafic de drogues à la cybercriminalité en passant par la contrefaçon – se développent et s’adaptent à une vitesse qui met au défi les gouvernements, les institutions et les communautés. Loin d’être un phénomène marginal, la criminalité organisée est devenue une force qui érode la démocratie, met en péril la souveraineté des États et menace la paix et la sécurité internationales.

Dans ce contexte, l’Indice mondial du crime organisé est devenu bien plus qu’un simple outil de mesure : c’est désormais un miroir qui reflète les tendances profondes au sein des États et du système international. Sa troisième édition nous permet, pour la première fois, de suivre l’évolution de ces phénomènes sur cinq ans.

Les données de l’édition de cette année révèlent des changements majeurs dans l’économie criminelle mondiale. L’un d’eux est la progression fulgurante des drogues de synthèse et de la cocaïne, qui dominent de plus en plus les marchés. Cette croissance est le fait d’acteurs criminels capables de s’adapter rapidement :

  • aux goûts changeants des consommateurs ;
  • aux avancées technologiques de la production ;
  • et à des réseaux de trafic plus interconnectés que jamais.

L’Indice détecte une augmentation accélérée des formes non violentes de criminalité, telles que :

  • les délits financiers ;
  • la fraude et les escroqueries numériques ;
  • les infractions liées à la cybercriminalité.

Ces activités, de plus en plus intégrées dans les systèmes financiers et numériques transnationaux, n’ont pas besoin de violence pour causer d’énormes dégâts. Les entreprises, les gouvernements et les citoyens finissent par en payer le prix.

Un autre exemple est la contrefaçon, qui progresse partout, alimentée par l’inflation, la précarité de l’emploi et les tensions commerciales. Lorsque les revenus baissent, la demande de produits de contrefaçon tend à augmenter.

L’Indice révèle également que les acteurs criminels liés à l’État restent les plus répandus. Toutefois, ce sont les acteurs étrangers qui connaissent la croissance globale la plus marquée. Cela confirme que le crime organisé est plus mobile, flexible et transnational que jamais.

En outre, le secteur privé – volontairement ou par négligence – joue un rôle croissant en tant que facilitateur du crime, en particulier dans des domaines tels que la logistique, la finance et la technologie.

Bien que de nombreux marchés criminels soient en expansion, les indices de résilience des États sont restés stables. Un exemple frappant en est la coopération internationale : traditionnellement un point fort, mais désormais affaiblie par un système mondial plus polarisé et le recul du multilatéralisme.

C’est un signe alarmant, surtout à l’occasion du 25e anniversaire de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée.

Malgré ce tableau complexe, les données offrent également un message d’espoir. L’Indice démontre que le renforcement des éléments clés de la résilience peut :

  • réduire l’influence des acteurs criminels ;
  • transformer des communautés entières ;
  • et orienter les sociétés vers des trajectoires plus positives.

L’Indice n’est pas seulement un diagnostic : c’est un outil pour trouver des solutions. Il met en évidence les vulnérabilités, mais montre également des voies de réforme, de renforcement institutionnel et d’autonomisation de la société civile.

En fin de compte, l’Indice fournit une base de données partagée aux gouvernements, aux décideurs politiques, aux ONG et aux acteurs internationaux pour transformer les connaissances en politiques et l’urgence en action. À l’heure où le crime organisé progresse plus rapidement que jamais, cette vision globale et comparative est essentielle pour guider les décisions futures.

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Aujourd’hui c’est un jour férié en Catalogne.

Nous ne publions pas la note. Rendez-vous mercredi.

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Europol et les pays membres luttent contre la radicalisation en ligne sur les plateformes de jeu

Europol a aidé huit pays à identifier et à supprimer la propagande raciste et xénophobe diffusée sur des plateformes de jeux. Cette journée d’actions communes, à laquelle ont participé le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni, a mené à la suppression des milliers d’URL menant à des contenus en ligne dangereux et illégaux.

Lancée le 13 novembre 2025, cette action opérationnelle de l’Unité de signalement Internet de l’UE (EU IRU) a permis d’éliminer des milliers d’URL conduisant à des contenus en ligne dangereux et illégaux. Il s’agit notamment d’environ 5 408 liens vers des contenus djihadistes, 1 070 liens vers des contenus violents d’extrême droite et terroristes, et 105 liens vers des contenus racistes et xénophobes.

Cette action commune met en évidence la complexité de la lutte contre les contenus terroristes, racistes et xénophobes en ligne dans les jeux et les plateformes associées aux jeux. Les processus de création et de diffusion sont stratifiés et impliquent souvent plusieurs plateformes. Par exemple, un contenu peut être enregistré dans un jeu en ligne (ou sa fonction de chat), modifié avec un jargon extrémiste violent, des émojis suggestifs, des chants ou de la musique, puis diffusé sur une plateforme de réseaux sociaux grand public.

Au cours des semaines précédant la journée d’action, les experts participants ont examiné diverses plateformes largement utilisées par les jeunes et les adultes. Les utilisateurs de ces plateformes de jeux et de streaming peuvent être confrontés à des contenus dangereux et violents.

Par exemple, les auteurs recréent des attaques terroristes, des fusillades dans les écoles ou des scènes d’exécution dans un jeu en 3D, montent la vidéo avec chants suggestifs ou des émojis et la diffusent sur diverses plateformes de réseaux sociaux couramment utilisées afin d’atteindre un public encore plus large. D’autres plateformes de jeux en streaming sont utilisées à mauvais escient pour recruter des mineurs dans divers groupes extrémistes et terroristes violents ou pour diffuser en direct des attaques réelles, voire des suicides.

Pendant la journée d’actions communes, le contenu ciblé recherché a été détecté sur plusieurs types de plateformes. Certaines d’entre elles permettent aux joueurs de diffuser leur jeu en temps réel et d’interagir avec leur communauté via un chat en direct, tandis que d’autres permettent d’ajouter des vidéos à la demande. Des contenus illégaux ont également été identifiés sur des plateformes communautaires destinées à faciliter l’échange de conseils, d’informations et de discussions sur les jeux vidéo. Enfin, il existe des plateformes hybrides ou spécialisées qui combinent le streaming, les fonctions communautaires et les options d’achat de jeux. De nombreux comptes sur ces plateformes peuvent ne pas être immédiatement reconnaissables comme étant liés à des contenus problématiques. Cependant, certains peuvent parfois avoir des noms d’utilisateur et des photos de profil faisant référence à des terroristes tristement célèbres.

Les activités de prévention de l’EU IRU se concentrent sur trois domaines clés : la surveillance et l’analyse du contenu terroriste en ligne, les références et les partenariats public-privé. Le prochain Rapport sur la transparence met en lumière les activités menées dans ces domaines en 2024 et résume les efforts déployés par l’IRU pour réduire l’accès du public aux contenus terroristes en ligne. En outre, le rapport décrit les activités de l’EU IRU en faveur de la mise en œuvre du Règlement relatif à la lutte contre la diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne.

Cette journée d’action est née de la constatation, par les services de police européens, que diverses plateformes de jeux de hasard étaient utilisées à mauvais escient pour la radicalisation et la diffusion de contenus terroristes en ligne. Cet abus se reflète également dans plusieurs enquêtes soutenues par le Centre européen de lutte contre le terrorisme d’Europol. Avant cette journée d’action, les experts d’Europol ont organisé plusieurs réunions opérationnelles et facilité l’échange d’informations et de bonnes pratiques entre les pays participants.

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Interventions contre les drogues de synthèse en Europe centrale et orientale

Début novembre 2025, Europol a accueilli 191 experts de 51 pays à son siège de La Haye pour la dernière édition de la conférence annuelle sur les drogues. Les discussions ont porté sur les nouvelles tendances en matière de production et de trafic de drogues synthétiques, les défis posés par le trafic de cocaïne et les stratégies visant à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre ces menaces. Les participants ont également exploré des méthodes innovantes pour démanteler les réseaux criminels impliqués dans le trafic de drogues.

Le commerce des drogues illicites reste une menace majeure pour la sécurité intérieure de l’UE. En particulier, les drogues de synthèse sont très dynamiques, avec des itinéraires changeants et une variété d’acteurs criminels. Elles sont produites à grande échelle dans l’UE, à la fois pour les marchés locaux et pour l’exportation.

Compte tenu de la gravité du problème, Europol a fait de la lutte contre le trafic de drogues de synthèse une priorité absolue. Dans ce contexte, l’agence a soutenu ces dernières semaines deux interventions majeures visant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement :

1.- Démantèlement d’un réseau criminel en Europe centrale et orientale

Le 11 novembre 2025, les forces de l’ordre ont démonté un réseau criminel international qui fournissait les principaux précurseurs utilisés pour produire de la méthamphétamine et qui menait ses activités dans toute l’Europe. Les autorités de Bulgarie, de Tchéquie, de Hongrie, de Roumanie et de Moldavie, avec le soutien d’Europol, ont participé à l’enquête. Eurojust a mis en place et financé l’équipe d’enquête conjointe entre les autorités tchèques, roumaines et moldaves, ce qui leur a permis de surveiller le trafic de substances et de communications illicites ainsi que de rassembler des preuves pour poursuivre le groupe criminel.

La journée d’actions communes a consisté en :

  • 16 arrestations (1 en Bulgarie, 11 en Tchéquie, 2 en Hongrie et 2 en Moldavie) ;
  • 18 perquisitions (3 en Tchéquie, 2 en Hongrie, 1 en Roumanie et 12 en Moldavie) ;
  • démantèlement de 3 laboratoires clandestins de fabrication de drogues en Hongrie et en Moldavie ;
  • confiscation de drogues de synthèse et de produits chimiques nécessaires à la fabrication de méthamphétamine, dont plus de 5 kg de méthamphétamine, 40 kg de comprimés contenant de l’éphédrine, 50 litres de toluène, 0,5 kg de phosphore, 280 kg de soude caustique, 70 kg de résidus de production chimique provenant de déchets chimiques ;
  • confiscation de deux véhicules utilisés pour le transport de drogues ;
  • confiscation de dispositifs électroniques et d’argent liquide.

Les suspects étaient impliqués à tous les stades de la chaîne de production des drogues : importation de produits chimiques, production de drogues de synthèse et contrebande dans les soutes à bagages des avions et les compartiments dissimulés des véhicules afin d’éviter d’être détectés par les autorités.

2.- Lors d’une opération sans précédent dans l’UE, les autorités ont saisi plus de 40 tonnes de précurseurs destinés à la production de MDMA, d’amphétamine et de méthamphétamine en Hongrie et en Allemagne. L’enquête a duré deux ans, l’action la plus récente a eu lieu les 4 et 5 novembre 2025, et a abouti à :

  • 4 arrestations ;
  • 8 perquisitions de biens immobiliers ;
  • saisie de drogues de synthèse ;
  • saisie de précurseurs et produits chimiques ;
  • saisie de véhicules, bijoux et dispositifs électroniques ;
  • saisie de 67 000 euros en espèces.

L’enquête a révélé que les précurseurs ont été expédiés de Chine vers les ports de Hambourg et de Rotterdam. À leur arrivée, ils ont été collectés par des membres du réseau criminel et envoyés en Hongrie pour y être distribués. Les auteurs menaient leurs activités dans de nombreux pays européens et avaient la capacité de fournir de grandes quantités de produits chimiques, permettant la production de drogues à grande échelle.

Le réseau criminel visé par cette opération était lié à de nombreux envois de précurseurs chimiques saisis entre 2023 et 2025. Au cours de cette période, les autorités ont intercepté près de 32 tonnes de précurseurs en Hongrie et plus de 10 tonnes en Allemagne.

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Approfondissement des données concernant le Rapport complémentaire sur les homicides du FBI

Aux États-Unis, l’âge moyen des victimes d’homicide en 2025 atteint son niveau le plus élevé depuis, au moins, avant 1976. C’est ce que semblent indiquer les données du FBI, selon l’analyste de la criminalité Jeff Asher.

La meilleure source de données sur les victimes d’homicide aux États-Unis est le Rapport complémentaire sur les homicides (SHR) du FBI. Le SHR est une compilation des données du FBI sur toutes les victimes d’homicide au cours d’une année donnée. Les agences fournissent des détails sur le mois, l’âge de la victime et celui de l’auteur, la race et le sexe, les circonstances de l’homicide et le type d’arme utilisé.

Cependant, le SHR est difficile à gérer. Tous les états ne participent pas (par exemple, l’État de Floride ne fait pas de rapport) et les agences ne font pas toutes un rapport chaque année. De nombreux ordinateurs peuvent aujourd’hui traiter une feuille de calcul de 20 000 lignes et 100 octets, mais le SHR est produit en format ASCII, ce qui est particulièrement difficile à utiliser.

Heureusement (et c’est un euphémisme), Jacob Kaplan a étudié les données historiques du SHR couvrant la période de 1976 à 2024, qu’il a rendues aisément accessibles au public. Généralement, entre 80 et 90 % du nombre d’homicides estimés chaque année figurent dans le SHR, bien que cette proportion ait augmenté ces dernières années grâce à la reprise des rapports de la Floride. L’augmentation de 2024 reflète probablement une révision à la hausse de plusieurs centaines de cas, mais plus de 90 % des homicides de l’an dernier apparaissaient déjà dans le SHR.

L’analyse des données de 2025 doit être interprétée avec prudence, car elles ne sont pas définitives. Évidemment, l’année n’est pas terminée et même les agences ayant transmis leurs informations ne l’ont pas fait de manière complète. Reste que l’intégration du SHR dans les rapports mensuels du FBI constitue une avancée majeure.

En remontant aux taux d’homicides jusqu’en 1976, il apparaît que l’âge moyen des victimes d’homicide est en hausse.

L’âge moyen d’une victime d’homicide jusqu’à présent est de près de 36 ans, soit un âge plus élevé que durant les cinquante années de compilation de données du SHR. L’année dernière, l’âge moyen d’une victime était légèrement plus jeune, bien qu’il soit possible que l’âge moyen de cette année diminue encore lorsque les données seront entièrement analysées. Quoi qu’il en soit, l’âge des victimes d’homicide en 2024 et 2025 a atteint le niveau le plus élevé depuis plus d’un demi-siècle de compilation de données.

Ce n’est pas seulement une question de particularité des données du FBI. Les données sur les homicides des CDC montrent une augmentation similaire de l’âge moyen des victimes, correspondant presque exactement à celui relevé par le FBI quasiment chaque année depuis 2001 (un peu plus élevé en raison de l’inclusion du 11 septembre dans les données des CDC).

En répartissant la proportion annuelle des victimes d’homicide par tranches d’âge, il apparaît que un peu plus de 60 % des victimes d’homicide de ces deux dernières années avaient entre 18 et 44 ans, une part nettement inférieure à celle observée il y a seulement cinq ans.

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54 personnes arrêtées en Europe pour lutter contre l’exploitation par le travail

Au cours des dernières semaines, les forces de l’ordre, les gardes-frontières, les autorités du travail et les autorités fiscales de toute l’Europe ont uni leurs forces pour identifier et combattre l’exploitation par le travail. Cette dernière édition des journées d’action commune EMPACT s’est concentrée sur la traite des êtres humains à des fins d’exploitation par le travail, en mettant l’accent sur le secteur agricole, la gastronomie et les agences de travail temporaire.

Les autorités concernées ont notamment pris des mesures contre l’exploitation des ressortissants de pays tiers et des réfugiés. Menées par la France et les Pays-Bas, et réalisées par les autorités de 32 pays avec le soutien d’Europol et de l’Autorité européenne du travail (AET), ces journées d’action ont permis d’arrêter 54 personnes et d’identifier 404 victimes potentielles de la traite des êtres humains.

Les principaux résultats de cette action ont été les suivants :

• 22 296 agents des forces de l’ordre, des autorités du travail et des autorités fiscales impliqués.

• 194 995 entités contrôlées (dont 73 218 personnes, 11 815 sites, 26 412 véhicules et 83 958 documents).

• 93 trafiquants d’êtres humains présumés identifiés (dont 92 pour exploitation par le travail).

• 54 personnes arrêtées pour différents délits (dont 44 pour exploitation par le travail).

• 404 victimes potentielles de la traite des êtres humains identifiées (dont 393 victimes possibles d’exploitation par le travail).

• 341 nouvelles enquêtes sur différents délits (dont 43 pour exploitation par le travail).

L’objectif de cette action récurrente est que les autorités se concentrent sur les formes d’exploitation par le travail les plus pertinentes ou les plus répandues dans leurs pays respectifs. Les inspections ont été effectuées dans un large éventail de secteurs, tels que la restauration, la gastronomie, la livraison de nourriture, la transformation des aliments et de la viande, les services de beauté, les soins de santé à domicile, la logistique et la distribution, l’agriculture, la construction et l’exploitation minière.

Certains pays ont confirmé plusieurs modus operandi de traite des êtres humains à des fins d’exploitation agricole et par le travail : divergences entre les salaires et les heures de travail des employés, violations des lois sur le salaire minimum, travail non déclaré, programmes illégaux mis en œuvre par des agences de travail temporaire, non-respect de la durée maximale de travail, mauvaises conditions de logement fournies par les employeurs, emploi de mineurs, servitude pour dettes et travail sans autorisation Les ressortissants de pays tiers peuvent également utiliser des passeports et des titres de séjour falsifiés. En général, les cas d’exploitation par le travail et de travail forcé sont largement sous-déclarés et ne reflètent pas l’ampleur réelle du problème.

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Reconstruire le lien entre la police et la société en France

La dégradation des relations entre la police et la population s’explique par la prédominance d’une logique politique martiale et de court terme. Ce modèle nuit à la fois aux citoyens, victimes de pratiques brutales, et aux policiers, exposés à des missions mal définies et risquées.

Cette idée est issue d’une recherche menée par Marie Lajus, haute fonctionnaire, ancienne préfète et commissaire de police, Jacques de Maillard, professeur des universités, et Marc-Olivier Padis, directeur des études de Terra Nova.

Un rapport d’inspection récent a fait état d’une détérioration du lien de confiance entre les forces de sécurité intérieure et la population. Le décalage entre les attentes de la population et l’appréhension des priorités par les services est manifeste. Cette dégradation n’est pas seulement préoccupante en raison de l’insatisfaction des usagers. Elle induit également une moindre efficacité de l’action des politiques de sécurité. Le sentiment de distance entre la police et la population rend le travail policier plus difficile.

Les occasions de contact entre la police et la population se déroulent trop régulièrement lors d’interactions de contrôle, dans une logique coercitive, et parfois sous un mode offensif, ce qui installe un climat de défiance défavorable au travail policier.

Il place également les agents dans des situations conflictuelles où leur responsabilité peut être mise en cause. Un malaise policier transparaît à l’occasion d’un certain nombre de missions pour lesquelles ils ne sont pas préparés ou qui ne visent que le déploiement ostensible de force et l’action répressive. Un malaise en partie lié aux conditions et à la posture globale d’intervention, dans un contexte de tension opérationnelle permanente.

L’action des forces de l’ordre pendant la crise sanitaire a été orientée par les instructions officielles dans un sens essentiellement répressif. Les forces de police et de gendarmerie ont été massivement mobilisées dans le but de vérifier la mise en place du confinement et ses différentes mesures (attestations, fermetures de lieux, port du masque…). Au total, environ 100 000 agents, soit la quasi-totalité des effectifs engagés sur la voie publique, ont été mobilisés par cette action sur une base quotidienne.

La domination d’un mode d’intervention principalement coercitif, reposant sur des conceptions obsolètes de la gestion des foules et de dissuasion par l’affichage de la force, conduit à des situations d’échec collectif dont des agents font au bout du compte les frais (blessures, image dégradée, risque de mise en cause pénale).

Mais les bénéfices en termes de communication restent suffisamment forts pour les responsables politiques pour s’obstiner dans l’impasse. Les mouvements des Gilets Jaunes présentent un cas particulier puisqu’il ne s’agissait pas pour les forces de l’ordre de faire face à des manifestations organisées, avec un parcours déclaré, des organisateurs identifiés, des interlocuteurs responsables, un rituel maîtrisé. Par défaut, il s’agissait, aux yeux du ministère de l’Intérieur, non de « manifestations » mais d’« attroupements », c’est-à-dire une qualification autorisant beaucoup plus largement l’usage légal de la force.

On a observé dans des pays voisins une approche tout à fait différente. Ainsi, aux Pays-Bas, l’action policière a été menée dans un esprit de prévention, de dialogue et de responsabilisation. Le mot d’ordre retenu n’était pas celui de la « guerre contre le virus » lancée par le Président de la République en France et relayée ensuite, depuis le Premier ministre, à tous les niveaux hiérarchiques. Le mot d’ordre collectif néerlandais était : « ensemble, contrôler l’épidémie ».

Le cas néerlandais montre qu’une autre stratégie de gestion du confinement était possible en mettant en avant le contact avec la population, les messages de prévention, l’accompagnement. Les polices britanniques ont mis en œuvre des pratiques selon une approche des 4 E (Engage, Explain, Encourage, Enforce), dont la dimension de coercition n’était donc que l’une des quatre dimensions, et dont les évaluations ont montré qu’elle a aidé à maintenir, voire à développer la bonne volonté du public. À l’inverse, la politique du chiffre, qui a déjà montré ses limites, ne valorise aucune des compétences professionnelles de la police. Elle ne fonctionne que sur la peur de l’uniforme ou de la sanction, au détriment de la construction d’un lien durable entre police et population. Celui-ci doit passer par un renforcement de la formation initiale et continue des fonctionnaires chargés de la sécurité intérieure, aujourd’hui trop limitée en durée et insuffisamment adaptée du point de vue des contenus et de la préparation au métier.

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Europol appelle à une action coordonnée contre le spoofing téléphonique

Le spoofing téléphonique est un type d’escroquerie qui consiste à falsifier les informations affichées sur les téléphones des victimes, en faisant passer les numéros des fraudeurs pour des numéros connus ou dignes de confiance. Cette pratique cause des préjudices financiers et sociaux considérables, avec une perte estimée à 850 millions d’euros par an dans le monde.

Europol appelle à une action européenne coordonnée pour lutter contre le spoofing téléphonique, technique de plus en plus utilisée pour la fraude en ligne et les attaques d’ingénierie sociale.

Les appels téléphoniques et les SMS restent le principal point d’entrée de ces attaques, représentant environ 64 % des cas signalés. En dissimulant leur véritable identité et leur localisation, les fraudeurs incitent leurs victimes à leur révéler des informations personnelles, à leur transférer des fonds ou à leur donner accès à des appareils et à des comptes, ce qui les rend extrêmement difficiles à trouver et à poursuivre en justice.

Le spoofing téléphonique est de plus en plus utilisé par des réseaux criminels organisés opérant dans plusieurs juridictions. Les fraudeurs se font passer pour des banques, des agences gouvernementales ou même des membres de la famille de leurs victimes pour gagner leur confiance. Certains l’utilisent pour ce que l’on appelle le « swatting », une pratique qui consiste à lancer de faux appels d’urgence à partir de l’adresse de la victime, ce qui déclenche des interventions d’urgence à grande échelle.

La recherche montre l’émergence d’un nouveau modèle commercial, le«spoofing en tant que service », qui fournit des outils prêts à l’emploi pour usurper l’identité d’entités de confiance telles que les forces de l’ordre ou les institutions financières. Opérant depuis l’étranger, ces réseaux exploitent les vides juridiques pour échapper à la détection et aux poursuites.

Aujourd’hui, le spoofing téléphonique est facile à commettre, mais difficile à détecter : un déséquilibre qui ne peut pas durer. Europol préconise des mesures qui rendent plus coûteuses et techniquement plus complexes les tentatives des fraudeurs de se cacher derrière de fausses identités, tout en permettant aux enquêteurs d’agir rapidement à l’échelle internationale.

Une enquête menée par Europol dans 23 pays a révélé que la mise en œuvre de mesures contre le spoofing téléphonique posait d’importants défis. Cela signifie qu’une population totale d’environ 400 millions de personnes reste exposée à ce genre d’attaques.

Les forces de l’ordre ont souligné que les principaux obstacles étaient la coopération limitée avec les opérateurs de télécommunications, la fragmentation des réglementations et le manque d’outils techniques permettant d’identifier et de bloquer les appels frauduleux.

Europol et ses partenaires ont identifié trois priorités :

Normes techniques harmonisées : développer des mécanismes à l’échelle de l’UE pour tracer les appels frauduleux, vérifier l’identité des appelants et bloquer les appels suspects.

Amélioration de la collaboration transfrontalière : renforcer la coopération entre les forces de l’ordre, les organismes de réglementation et les entreprises afin de partager efficacement les informations et les preuves.

Convergence réglementaire : harmoniser les normes nationales pour permettre un suivi légal des appels, clarifier les cas d’utilisation légitimes du masquage de l’identité de l’appelant et promouvoir des outils de lutte contre la fraude éprouvée.

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