Les robots-taxis ne sont pas des véhicules d’essai expérimentaux et il ne s’agit plus d’un exercice de simulation. Un grand nombre de voitures fantômes sans conducteur dans les rues de San Francisco sont des robots-taxis à fin commerciale, qui concurrencent directement les taxis, Uber et Lyft, ainsi que les transports publics. Ils constituent une partie réelle, bien que marginale, du système de transport de la ville. Les entreprises qui les exploitent, Cruise et Waymo, semblent prêtes à étendre davantage leurs services à San Francisco, Austin, Phoenix et peut-être même Los Angeles dans les mois à venir.

Comme l’a rapporté le chercheur Benjamin Schneider sur le site Technology Review en juillet dernier, il y a un manque d’urgence dans le discours public sur les robots-taxis. Il pense que la plupart des gens, y compris de nombreux décideurs publics, ne sont pas conscients de la rapidité avec laquelle ce secteur évolue ni de la gravité des impacts à court terme sur la main-d’œuvre, le transport et la sécurité.
Des agences désignées, telles que la California Public Utilities Commission, prennent des décisions très importantes concernant les robots-taxis dans un contexte relativement obscur. Les cadres juridiques restent profondément inadéquats : les villes n’ont aucune autorité réglementaire sur les robots-taxis qui sillonnent leurs rues, et la police ne peut pas légalement les dénoncer pour des infractions liées à leur mouvement.
Malheureusement, il n’existe pas de cadre normalisé approuvé par le gouvernement pour évaluer la sécurité des véhicules autonomes. Les véhicules sans conducteur de Cruise, en particulier, ont montré une tendance alarmante à s’arrêter inexplicablement au milieu de la route, bloquant le trafic pendant de longues périodes. La police de San Francisco a recensé au moins 92 incidents de ce type en l’espace de six mois, dont trois ont perturbé les services d’urgence.
Ces histoires critiques, bien qu’importantes, éclipsent la tendance générale qui s’est progressivement développée en faveur de l’industrie du robot-taxi. Au cours des dernières années, Cruise et Waymo ont franchi plusieurs obstacles réglementaires majeurs, se sont étendus à de nouveaux marchés et ont accumulé plus d’un million de kilomètres dans le cadre d’une conduite véritablement sans conducteur, sans provoquer de grosses frayeurs, dans toutes les grandes villes d’Amérique du Nord.
Sur le plan opérationnel, les robots-taxis sont très différents des véhicules autonomes appartenant à des particuliers et sont bien mieux placés pour un déploiement commercial. Ils peuvent être déployés dans une zone strictement limitée, leur utilisation peut être étroitement surveillée par l’entreprise qui les a conçus et ils peuvent être immédiatement retirés de la circulation en cas de conditions météorologiques défavorables ou d’un autre problème grave.
Le simple fait que ces véhicules soient programmés pour respecter automatiquement le code de la route et la limitation de vitesse donnent l’impression que la conduite est plus sûre que celle d’un grand pourcentage d’humains qui se trouvent sur la route.
Il reste à voir si ces robots-taxis sont prêts à être déployés à grande échelle, ou même quels seraient les paramètres permettant de déterminer leur état de préparation. Mais, à moins d’un changement significatif de dynamique, tel qu’un choc économique ou une horrible tragédie, les robots-taxis sont en mesure de poursuivre leur expansion. Cela suffit à justifier une discussion plus large sur la manière dont les villes et la société vont changer dans un avenir proche.
Cruise et Waymo sont sur le point d’être autorisés à proposer un service commercial de robots-taxis toute la journée dans la quasi-totalité de San Francisco. Cela pourrait avoir immédiatement des répercussions économiques considérables sur les chauffeurs de taxi et les conducteurs au sein de la ville. Il en va de même pour toutes les autres villes où Cruise et Waymo s’installent. La perspective d’automatiser les chauffeurs professionnels n’est plus une théorie. Il s’agit d’une possibilité très réelle dans un avenir proche.
L’accélération de la technologie doit s’accompagner d’une accélération des politiques publiques. Mais pour suivre le rythme, les citoyens doivent avoir une vision claire de la rapidité avec laquelle l’avenir pourrait se dessiner.
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