Démantèlement de la plus grande organisation criminelle de trafic de drogue dans les Balkans

Trente-cinq perquisitions simultanées et coordonnées en Serbie et aux Pays-Bas ont été réalisées au début du mois de mai 2023, visant à la fois les chefs du cartel et l’infrastructure de distribution de la drogue. Sept autres membres de cette organisation criminelle avaient été arrêtés en Belgique en 2021. Deux personnes avaient déjà été arrêtées pour d’autres crimes en Serbie et au Pérou, tandis qu’un autre suspect a été arrêté aux Pays-Bas le 8 mai dernier.

Au total, 23 personnes ont été détenues dans le cadre de cette opération policière internationale, dont les trois dirigeants de l’organisation criminelle, considérés par Europol comme des cibles de haute importance.

Les perquisitions ont permis de saisir de nombreux documents compromettants, tels que : 15 voitures de luxe, des bijoux et des montres de luxe d’une valeur estimée à 2 millions d’euros et près de 3 millions d’euros en espèces, des armes et des explosifs, dont 2 fusils de précision, 3 fusils automatiques, des pistolets, des silencieux, 24 capsules détonantes et 5 dispositifs de déclenchement à distance de détonateurs, 13 paquets d’explosifs plastiques et plusieurs centaines de munitions.

Cette opération transfrontière est le résultat de la collecte de renseignements dans le cadre du groupe de travail opérationnel d’Europol chargé d’enquêter sur l’utilisation de la plateforme de communication cryptée Sky ECC, supprimée depuis mars 2021.

En coopération avec la France, la Belgique et les Pays-Bas, et avec le soutien de l’unité « Drogues » d’Europol, la Serbie a été en mesure d’identifier des cibles clés sur son territoire et de cartographier ses activités criminelles dans le monde entier.

Cette organisation criminelle est soupçonnée d’être à l’origine d’expéditions de plusieurs tonnes de cocaïne arrivées en Europe directement depuis la Colombie, le Brésil et l’Équateur, ou transitant par des infrastructures logistiques en Afrique de l’Ouest.

Ce gang criminel était connu pour son extrême violence et pour son implication constante dans des braquages haut de gamme. L’un des objectifs détenus en Serbie était un ancien chef du célèbre groupe criminel Pink Panthers.

Grâce à l’analyse des données de Sky ECC, au moins sept tonnes de cocaïne saisies dans les ports européens en 2020 ont pu être associées à ce cartel, notamment : 700 kilos de cocaïne saisis à Rotterdam (Pays-Bas), 1,2 tonne de cocaïne saisie à Hasselt (Belgique) et 5 tonnes de cocaïne saisies à Aruba, dans les Antilles néerlandaises.

Les dirigeants du gang, arrêtés à Belgrade dans le cadre de cette opération, étaient les plus grands trafiquants de cocaïne dans les Balkans occidentaux et ont été identifiés grâce au travail analytique continu mené sur les données de Sky ECC.

La suppression récente de trois outils de communication cryptés fréquemment utilisés, tels que Encrochat, Sky ECC et Anom, a montré la prévalence des criminels des Balkans dans le commerce mondial de la cocaïne et les activités liées à la criminalité organisée.

Pour répondre à cette menace, Europol a créé le groupe de travail opérationnel « Cartel des Balkans » et a rassemblé des pays d’Europe et du monde pour s’attaquer efficacement à cette menace émanant de cette région. Cette journée d’action est le fruit du travail de cette task force.

En outre, Europol a bénéficié d’une analyse et d’un développement continus dans le domaine du renseignement afin de soutenir les chercheurs dans ce domaine. Deux membres du personnel d’Europol ont également été déployés à Belgrade pour aider les autorités serbes à mener à bien leurs enquêtes au cours de cette journée d’action.

Pour sa part, Eurojust a facilité la coopération judiciaire entre les pays impliqués dans cette enquête.

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Nouveau cadre réglementaire contre les transferts de cryptoactifs

L’Union européenne fait en sorte qu’il soit encore plus difficile pour les criminels de contourner les réglementations en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, par le biais des cryptomonnaies.

Le Conseil européen a adopté une mise à jour des normes relatives aux informations accompagnant les transferts de fonds qui étend le champ d’application des règlements aux transferts de cryptoactifs.

Cela permet de garantir la transparence financière des transferts de cryptoactifs et fournit à l’Union un cadre solide qui répond aux normes internationales les plus élevées en matière d’échange de cryptoactifs, afin que ceux-ci ne soient pas utilisés à des fins délictueuses.

La ministre suédoise des Finances, Elisabeth Svantesson, a estimé que l’adoption de cette règlementation par le Conseil constituait une étape importante dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. Dans cette optique, ce serait une mauvaise nouvelle pour ceux qui utilisent de façon abusive les cryptoactifs pour leurs activités illégales, pour éviter les sanctions de l’UE ou pour financer le terrorisme ou la guerre.

Avec l’adoption de ces normes, les prestataires de services de cryptoactifs sont tenus de collecter certaines informations sur l’expéditeur et le bénéficiaire des transferts d’actifs effectués par l’intermédiaire de leurs services, quel que soit le montant de la transaction, et de permettre l’accès à ces informations. Ainsi, la traçabilité des transferts de cryptoactifs sera assurée, et ils pourront ainsi être mieux détectés et bloqués en cas d’éventuelles transactions suspectes.

Parallèlement, l’UE établit un cadre réglementaire pour les cryptoactifs, leurs émetteurs et leurs prestataires de services. De ce fait, les marchés des cryptoactifs (Markets in Crypto-Assets – MiCA) disposeront pour la première fois d’un cadre européen spécifique à ce secteur.

Le règlement MiCA vise à protéger les investisseurs en améliorant la transparence et en établissant un cadre global pour les émetteurs et les prestataires de services. Il garantira également le respect de la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. La nouvelle réglementation s’applique aux émetteurs de jetons utilitaires, de jetons se référant à des actifs et de cryptomonnaies dites stables, ainsi qu’aux prestataires de services, tels que les plateformes de négociation et les portefeuilles où sont stockées les cryptomonnaies. Ce cadre réglementaire vise à protéger les investisseurs et à garantir la stabilité financière, tout en facilitant l’innovation et en favorisant l’attractivité du secteur des cryptoactifs.

En outre, compte tenu de la nature mondiale des marchés de cryptoactifs, cette réglementation introduit un cadre réglementaire harmonisé dans l’Union européenne, ce qui constitue une amélioration par rapport à la situation actuelle, où la législation nationale n’existe que dans certains États membres.

Le Conseil européen a adopté son mandat de négociation concernant le Règlement sur les marchés des cryptoactifs le 24 novembre 2021, tandis que les propositions sur le renforcement des règles en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ont été adoptées le 20 juillet 2021. Cette dernière comprend également la proposition de création d’une nouvelle autorité européenne chargée de lutter contre le blanchiment de capitaux.

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La criminalité à caractère politique en Allemagne en hausse pour une nouvelle année

Le nombre de crimes à motivation politique en Allemagne a de nouveau augmenté en 2022, de plus de 7 %, soit 58 916 crimes, ce qui constitue un record historique depuis que ce recensement a été introduit dans les statistiques en 2001. Le nombre de crimes violents à caractère politique a également grimpé de 4 %, atteignant 4 043 crimes.

Ces données ont été présentées dans un rapport de la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, au début du mois de mai. Selon la ministre, la forte montée des attaques contre les réfugiés, qui ont augmenté de 9 % en 2022, est particulièrement préoccupante, car cela met en évidence que l’extrémisme de droite présente toujours un risque particulièrement élevé.

Selon le document présenté par le gouvernement allemand, les néonazis et les extrémistes de droite ont commis 1 170 attaques violentes en 2022 contre des migrants, des réfugiés ou des opposants politiques. Au moins 675 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

La police allemande a également enregistré 5 372 incidents xénophobes, 2 641 crimes antisémites et 610 crimes de haine islamophobe. Lors de ces événements, quelque 62 mosquées ont été attaquées entre janvier et décembre de l’année dernière, et au moins 39 personnes ont été blessées dans des violences antimusulmanes, selon les chiffres officiels.

L’Allemagne a connu un accroissement du racisme ces dernières années, alimenté par la propagande des groupes et partis d’extrême droite, qui ont profité de la crise des réfugiés et ont tenté d’alimenter leur peur contre les migrants. Face à cette situation, le gouvernement propose une double solution à l’extrémisme : prévention et dureté. Il soutient également le développement d’agences de sécurité bien équipées, l’application cohérente de la loi, l’éducation politique, une société civile forte et un renforcement urgent de la législation sur les armes à feu.

La menace du terrorisme islamiste demeure très élevée. Après l’affaire Castrop-Rauxel au début du mois de janvier, le deuxième attentat islamiste présumé à Hambourg en 2023 a récemment été évité.

Dans le même temps, les manifestations pour le climat de 2022 sont devenues le point de mire de la criminalité de gauche, avec 1 585 délits enregistrés, soit environ le double par rapport à 2021.

De même, 206 crimes liés à la misogynie et 417 liés à la diversité sexuelle et de genre ont été signalés à l’Office fédéral de la police criminelle. Il convient également de noter que de nouveaux domaines thématiques se sont créés au cours de l’année 2020 afin de mieux enregistrer les différents phénomènes.

Par exemple, le domaine dit « genre et identité sexuelle », a enregistré, en 2021, 340 crimes, et en 2022, une augmentation de plus de 42 % a été observée pour les crimes violents. Un autre domaine récemment créé est celui de l’orientation sexuelle, où sont enregistrés les crimes homophobes. La hausse du nombre de cas en 2022 a été de 15 %, atteignant 1 005. Toutefois, les forces de police considèrent que dans ces domaines, il y a un nombre particulièrement élevé de délits non signalés ou notifiés.

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Le Canada envisage de ne plus mobiliser la police dans les cas de crise de santé mentale

Les demandes croissantes de services de police pour répondre aux personnes en crise de santé mentale au Canada pèsent lourdement sur des ressources policières déjà insuffisantes.

Avec l’aggravation évidente de la santé mentale des communautés, accélérée par la pandémie de Covid-19, les gouvernements ont involontairement chargé les services de police d’un travail qu’ils ne devraient pas faire.

Cela signifie que la police est de plus en plus souvent appelée à intervenir dans ce qui est essentiellement des soins de santé mentale. La police est donc devenue responsable de relever des défis pour lesquels les services de police sont mal équipés et, d’autre part, les ressources allouées aux activités traditionnelles de la police, telles que les enquêtes sur la criminalité organisée, la sécurité publique, etc. diminuent.

Pour sa part, le système de santé canadien n’a pas été en mesure de répondre à cette demande croissante de soins de santé mentale. La réponse collective du pays n’a pas permis de mettre en place des capacités suffisantes pour gérer les risques et faire face à cette demande.

En Angleterre et au Pays de Galles, la police rapporte que 20 à 40 % de son temps de travail est consacré au traitement des appels et des incidents liés à la santé mentale.

En outre, certains experts soulignent que ceux qui affirment que les forces de police devraient simplement mieux former les agents de première ligne pour gérer ce défi de manière optimale, se trompent, car, en réalité, cela constituerait une mauvaise utilisation des ressources de la police. Ainsi, ce qu’ils proposent comme réponse correcte au problème, c’est de disposer de professionnels de la santé mentale formés, avec des connaissances et une expérience approfondies, dédiés à ces maladies et capables de gérer les crises de santé mentale en première ligne.

Ainsi, la réforme de la police proposée au Canada pour résoudre ce problème systémique consiste à confier aux agents ce rôle de soutien, plutôt que de leur demander de gérer un large éventail de problèmes complexes de santé mentale. Cette réforme s’appuierait sur des principes de base visant à faire de la société canadienne une société plus sûre et plus saine.

Ceux qui appellent au changement dans ce domaine ajoutent que si l’on souhaite des services de police efficaces, faisant de la société un lieu de vie et de travail plus sûr, il serait essentiel d’identifier et de relever les défis auxquels sont confrontés les services de police modernes. Pour trouver une réponse efficace au problème croissant de la santé mentale, l’important ne serait pas de mieux former les policiers, étant donné que, même si cela est un objectif admirable et qu’il pourrait apporter certains avantages, il ne faut pas oublier leurs charges de travail excessives et leur manque de ressources.

Les décideurs politiques devraient s’attaquer au problème en investissant dans la formation à l’intervention en santé mentale en première ligne, en augmentant le nombre de professionnels et en renforçant la capacité d’action des personnes travaillant dans le système de santé.

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Le Brésil en alerte suite à de nouveaux cas graves de violence policière

L’opinion publique brésilienne a été ébranlée au début du mois de mai de cette année par de nouveaux cas présumés de violence policière, avec des allégations de torture sur des corps retrouvés après une opération de police dans une favela et, surtout, dans le cas d’un homme mort étouffé dans le coffre d’un véhicule de police officiel dans la ville d’Umbauba. La Police routière fédérale (PRF) a affirmé que les agents ont utilisé des techniques d’immobilisation et des instruments à faible potentiel offensif face à la forte agressivité du détenu lors d’un contrôle de police.

La fusillade dans les favelas du Complexo do Alemão le 4 mai a été si intense que le bataillon d’élite de la police militaire de Rio de Janeiro s’est retrouvé à court de munitions en seulement deux heures. Il faut aussi noter que le résultat final de l’opération s’est soldé par la mort de 18 personnes.

Selon la police, l’opération, à laquelle ont participé quelque 400 agents en uniforme, visait un groupe d’individus soupçonnés d’avoir commis des vols de véhicules et de banques ainsi que des attaques contre des commissariats de police. Parmi les morts figurent deux femmes, une quinzaine de suspects et un policier.

Mais des experts en sécurité, des proches des victimes et des habitants de la région ont remis en question l’action de la police, la jugeant extrêmement violente. Par exemple, l’une des femmes décédées a été abattue alors qu’elle conduisait son véhicule dans une avenue voisine. L’autre a été tuée alors que la police enlevait des barricades dans la zone, bien que les agents en uniforme nient que le projectile provienne de leurs armes.

Qualifié de « massacre » par de nombreux élus et militants communautaires, le raid policier s’est avéré être le deuxième raid le plus meurtrier de l’histoire de Rio dans une favela.

Suite aux événements, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a également exprimé sa consternation dans une déclaration publique. Il faut savoir que le Brésil a l’une des forces de police qui compte le plus grand nombre de décès en garde à vue au monde et le plus grand nombre de policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions. Par exemple, en 2021, il y a eu 6 100 décès lors d’opérations de police, parmi lesquels 183 agents des forces de l’ordre, selon les propos du projet Monitor da Violência.

Ce qui est vrai, c’est que cette opération de police est celle qui a suscité les plus fortes réactions du public à Rio de Janeiro, selon Geni, un groupe d’étude sur la sécurité publique et la violence de l’Université fédérale de Fluminense (UFF). C’est depuis cette fondation que les opérations de police sont considérées comme manquant d’efficacité, souvent motivées par une soif de vengeance et bénéficiant d’une impunité totale.

En outre, deux autres opérations de police menées au cours des 14 derniers mois ont provoqué d’autres décès. Une opération de police a eu lieu dans la favela de Jacarezinho en mai 2021 – la plus meurtrière à Rio de Janeiro, avec 28 morts – et la seconde, à Vila Cruzeiro en mai 2023, avec 23 morts.

Pour sa part, la police de Rio assure que ces actions sont basées sur des rapports des services de renseignements et sont menées conformément à la loi, à la justice et aux protocoles techniques d’intervention.

Mais la réalité est que l’augmentation de la violence dans les rues et la militarisation croissante des opérations de sécurité publique contribuent à créer à une situation très confuse. Le rôle institutionnel complexe de la police militaire et le rôle de plus en plus important de l’armée montrent que, contrairement à ce qui se passe dans les pays développés, au Brésil les fonctions de défense nationale sont dangereusement mêlées à celles du maintien de l’ordre public.

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Opération de police de grande envergure sur le dark web avec 288 arrestations et des saisies de drogues et d’armes

Dans le cadre d’une opération coordonnée par Europol et impliquant neuf pays, les forces de l’ordre ont mené un coup de filet sur la plateforme de marché illégal du dark web appelé Monopoly Market et ont arrêté 288 suspects impliqués dans l’achat ou la vente de drogues sur le site. La police a saisi plus de 50,8 millions d’euros (53,4 millions de dollars) en espèces et en monnaie virtuelle, 850 kg de drogues et 117 armes à feu. Les drogues saisies comprenaient plus de 258 kg d’amphétamines, 43 kg de cocaïne, 43 kg de MDMA et plus de 10 kg de pilules de LSD et d’ecstasy.

Cette opération, de nom de code SpecTor, consistait en une série d’actions distinctes et complémentaires menées en Autriche, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne, au Brésil, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Suisse.

Europol a compilé des rapports et des documents sur la base des preuves fournies par les autorités allemandes, qui ont réussi à saisir l’infrastructure criminelle du marché en décembre 2021. Ces documents cibles, créés à partir d’une comparaison et d’une analyse croisées des données et des éléments recueillis, ont servi de base aux recherches menées par des centaines de personnes.

Les vendeurs arrêtés à la suite de l’action de la police contre le Monopoly Market étaient également actifs sur d’autres marchés illicites, ce qui a permis d’empêcher la propagation du commerce de drogues et de marchandises illicites sur le dark web. En conséquence, 288 vendeurs et acheteurs impliqués dans des dizaines de milliers de ventes de marchandises illicites ont été arrêtés en Europe, aux États-Unis et au Brésil. Certains de ces suspects étaient considérés comme des cibles très importants par Europol.

Des arrestations ont eu lieu aux États-Unis (153), au Royaume-Uni (55), en Allemagne (52), aux Pays-Bas (10), en Autriche (9), en France (5), en Suisse (2), en Pologne (1) et au Brésil (1). Une série d’enquêtes visant à identifier d’autres personnes à l’origine des comptes du dark web sont toujours en cours. Les autorités policières ont eu accès aux listes exhaustives des acheteurs et des vendeurs, ce qui pourrait mener à des poursuites pour des milliers de clients dans le monde entier.

En amont de cette opération coordonnée, les autorités allemandes et américaines ont également fermé Hydra, qui était la plateforme de marché du dark web la plus lucrative, avec des revenus estimés à 1,23 milliard d’euros, en avril 2022. Le retrait d’Hydra a entraîné la saisie de 23 millions d’euros en cryptomonnaies par les autorités allemandes.

En termes d’arrestations, cette opération a été encore plus fructueuse que les opérations précédentes, telles que DisrupTor (2020), avec 179 arrestations, et Dark HunTor (2021), avec 150 arrestations. Cela montre une fois de plus que la collaboration internationale entre les autorités policières est essentielle pour lutter contre la criminalité sur le dark web.

Le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol a facilité l’échange d’informations dans le cadre de la Force d’action anticybercriminalité (J-CAT – Joint Cybercrime Action Taskforce) européenne hébergée au siège d’Europol à La Haye, aux Pays-Bas. Après avoir recoupé les preuves dans les bases de données d’Europol, ses analystes ont préparé des documents avec des cibles et des rapports croisés contenant des données précieuses pour identifier les vendeurs sur le dark web. Europol a également coordonné l’action internationale de la police.

Europol soutient les 27 États membres de l’Union européenne dans leur lutte contre le terrorisme, la cybercriminalité et d’autres formes graves et organisées de criminalité. Elle travaille également avec de nombreux États partenaires non membres de l’UE et des organisations internationales. De ses diverses évaluations des menaces à ses activités opérationnelles et de collecte de renseignements, Europol dispose des outils et des ressources nécessaires pour rendre l’Europe plus sûre.

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La mortalité sur les routes aux États-Unis révèle une fracture raciale alarmante

Au début de l’année, l’urbaniste et fondateur de Segregation by Design, Adam Paul Susaneck, a publié un article dans le New York Times dans lequel il mentionnait différentes études dont le dénominateur commun était que l’aménagement urbain des villes américaines était en partie responsable du nombre effrayant d’accidents de la circulation et des disparités raciales dans ces accidents.

On estime que 19 piétons par jour, en moyenne, ont été heurtés par des automobiles aux États-Unis en 2022. Et il faut souligner que, en 2021, le nombre de piétons tués a atteint son plus haut niveau depuis 40 ans.

Alors que ces décès ont considérablement augmenté dans tous les contextes pendant la pandémie de COVID-19, les taux de décès des piétons hispaniques et afro-américains étaient significativement plus élevés que ceux des piétons blancs.

Une étude publiée en 2022 par l’université de Harvard et l’université de Boston a permis de mieux comprendre ce phénomène en étudiant la distance parcourue par différents groupes raciaux en voiture, à pied ou à vélo. Elle a constaté que les Afro-Américains étaient deux fois plus susceptibles, par kilomètre parcouru, d’être renversés par un véhicule que les piétons blancs. Pour les cyclistes afro-américains, le risque de mortalité par kilomètre était 4,5 fois plus élevé que pour les cyclistes blancs.

A. Susaneck estime que l’aménagement des villes est en partie responsable de ces inquiétantes disparités. Les blessures subies par les piétons et les cyclistes ont tendance à se concentrer dans les quartiers pauvres où la proportion de résidents hispaniques et de couleur est plus élevée. Ces quartiers ont une histoire commune de sous-investissement en matière de mesures de sécurité routière de base, telles que l’éclairage public, les passages pour piétons et les trottoirs, et de sur-investissement dans l’infrastructure automobile conçue pour accélérer le passage des personnes qui n’y habitent pas.

Une étude récente de l’université de Caroline du Nord a montré que la politique d’élimination des bidonvilles au milieu du siècle dernier a contribué à la destruction de résidences et de commerces pour permettre la construction de nouvelles artères et autoroutes. L’étude a démontré une forte association statistique avec l’augmentation du nombre de décès chez les piétons.

Selon l’étude, des décennies de négligence civique, l’effondrement de la valeur des propriétés et la fuite des citoyens blancs ont affecté encore davantage la sécurité des piétons. Dans de nombreuses villes, les trottoirs sont entretenus par les propriétaires, mais ils se sont détériorés en même temps que les bâtiments vides, rendant dangereuse la marche dans la rue vers un arrêt de bus ou un magasin.

À cet égard, une étude de l’état des routes en Floride a révélé que la probabilité d’un accident impliquant un piéton était trois fois plus élevée par kilomètre sur les routes sans trottoirs.

Les États-Unis peuvent inverser la tendance à l’augmentation du nombre de décès causés par les accidents de la route, une tendance qui touche de manière disproportionnée les communautés hispaniques et afro-américaines, en investissant dans une conception plus sûre des routes telle que rétrécir les rues, réduire l’espace consacré aux voitures, respecter les limitations de vitesse et planter des arbres qui donnent aux conducteurs des indications visuelles pour ralentir. Si ces interventions peuvent sembler simplistes par rapport à l’ampleur du problème, d’autres pays ont montré qu’elles pouvaient fonctionner. Les urbanistes reconnaissent que chacun devrait pouvoir se promener à pied ou à vélo dans son quartier sans craindre pour sa vie.

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Les autorités policières et judiciaires européennes mènent la plus grande attaque coordonnée contre l’organisation criminelle italienne

Au cours d’une journée d’action conjointe de 10 pays, 132 membres de l’un des réseaux criminels les plus puissants au monde ont été arrêtés. Le 3 mai, les autorités policières de Belgique, d’Allemagne, d’Italie, de France, du Portugal, de Slovénie, d’Espagne, de Roumanie, du Brésil et du Panama ont perquisitionné plusieurs domiciles et entreprises. Plus de 2 770 agents ont été impliqués sur le terrain lors de cette vaste opération.

Eurojust et Europol ont soutenu cette opération internationale contre la ‘Ndrangheta, qui est devenue à ce jour la plus grande réussite de répression contre le syndicat du crime italien. L’organisation mafieuse est responsable d’une grande partie du commerce de la cocaïne en Europe, ainsi que du blanchiment d’argent systématique, de la corruption et de la violence.

Le réseau criminel faisant l’objet de l’enquête était dirigé par plusieurs puissantes familles de la ‘Ndrangheta basées principalement dans la ville de San Luca, située dans la province italienne de Reggio Calabria. Certaines de ces familles sont impliquées depuis des décennies dans une guerre entre clans connue sous le nom de « querelle de San Luca », qui a culminé avec des fusillades de masse en Italie et à l’étranger, comme le massacre de Duisbourg en 2007 en Allemagne.

Les membres du réseau criminel prenaient part à des conspirations criminelles non seulement en tant que membres d’une organisation mafieuse, mais aussi en tant que responsables de trafic de stupéfiants, trafic d’armes à feu, détention illégale d’armes à feu, blanchiment d’argent, enregistrement frauduleux d’actifs, fraude fiscale et évasion fiscale, ainsi que de complicité avec des fugitifs (qui ont été arrêtés entre-temps). Deux de ces fugitifs figuraient sur la liste des personnes les plus recherchées de l’Union européenne.

Le réseau criminel italien opérait principalement dans le trafic international de drogue de l’Amérique du Sud vers l’Europe, ainsi que vers l’Australie. Les autorités ont découvert que le réseau travaillait en collaboration avec le groupe criminel organisé colombien Gulf Clan et un groupe criminel albanophone opérant en Équateur et dans plusieurs pays européens.

En outre, les clans de la ‘Ndrangheta étaient impliqués dans le trafic international d’armes à feu du Pakistan vers l’Amérique du Sud, fournissant du matériel au célèbre groupe criminel PCC (Primeiro Comando da Capital) en échange de cargaisons de cocaïne. Les enquêteurs ont suivi les flux d’argent dans le cadre d’un vaste système de blanchiment d’argent à l’échelle mondiale, avec des investissements massifs en Belgique, en Allemagne, en Italie, au Portugal, en Argentine, en Uruguay et au Brésil.

Le groupe criminel a investi ses bénéfices dans l’immobilier, les restaurants, les hôtels, les stations de lavage de voitures, les supermarchés et d’autres activités commerciales. Pour payer la cocaïne ou transférer des avoirs illicites, les criminels s’appuyaient souvent sur des facilitateurs utilisant le système hawala.

Eurojust a soutenu les autorités policières participantes en mettant en place et en finançant deux équipes d’enquête conjointes. L’agence a également accueilli dix réunions de coordination après avoir instauré un centre permettant une coopération rapide entre les autorités judiciaires impliquées dans la journée d’action. Trois dossiers liés à Eurojust ont été ouverts à la demande des autorités italiennes, allemandes et belges. Eurojust a également facilité la transmission et l’exécution des décisions d’enquête européennes.

Le projet d’analyse sur le crime organisé italien d’Europol a soutenu cette enquête en tant qu’affaire prioritaire. Il a fourni des rapports de recoupement aux unités de recherche nationales concernées. Au total, plus de 200 messages SIENA ont été échangés entre les pays concernés. En plus de soutenir l’enquête elle-même, le projet d’analyse a également été un soutien pour l’enquête sur les trois fugitifs.

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Le Conseil européen approuve une régulation visant à améliorer et à numériser la coopération judiciaire transfrontière

Le Conseil européen a approuvé une nouvelle législation européenne établissant une plateforme numérique qui permettra aux procureurs et aux juges travaillant au sein d’équipes d’enquête communes d’échanger plus facilement des informations et de traduire les criminels en justice.

Gunnar Strömmer, ministre suédois de la Justice, estime que les activités criminelles ne s’arrêtent pas aux frontières et que les enquêtes transfrontières sont essentielles pour réduire la criminalité.

Cette plateforme numérique devrait permettre aux autorités policières et judiciaires de partager des informations et des preuves ainsi que communiquer avec leurs collègues d’autres pays.

La plateforme vise à simplifier la coordination et la gestion quotidiennes des équipes communes d’enquête (ECE). Elle permettra également l’échange et le stockage temporaire d’informations et de preuves opérationnelles, en assurant une communication sécurisée et en facilitant la traçabilité des preuves.

La plateforme sera connectée aux outils informatiques utilisés par les autorités participant aux ECE. Les institutions recommanderont fortement l’utilisation de la plateforme, bien que son utilisation soit facultative.

Eu-LISA, l’agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice, se chargera de concevoir, de développer et d’exploiter la plateforme.

Les équipes communes d’enquête réunissent, pour une durée limitée, les autorités de deux ou plusieurs pays de l’UE et éventuellement de pays tiers dans le cadre d’enquêtes pénales transfrontières spécifiques. Les membres de ces équipes pourront échanger des preuves directement entre eux, sans passer par les procédures traditionnelles de coopération judiciaire.

Les ECE existent depuis 2002, mais elles ont été confrontées à un certain nombre de difficultés techniques liées, par exemple, à l’échange électronique sécurisé d’informations et de preuves et à la communication électronique sécurisée.

Le nouveau règlement entrera en vigueur le vingtième jour suivant celui de sa publication au Journal officiel de l’Union européenne et sera directement applicable dans tous les pays de l’UE.

La date de mise en service de la plateforme sera, au plus tard, deux ans et demi après l’entrée en vigueur du règlement.

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Augmentation importante du nombre de décès en garde à vue au Canada

Les dernières données publiées par le projet canadien Tracking (In)Justice suggèrent que le nombre annuel moyen de décès impliquant la police entre 2011 et 2022 a augmenté de deux tiers, par rapport au chiffre annuel moyen de la décennie précédente. Les membres du projet, Andrew Crosby, Alexander McClelland et Tanya L. Sharpe, estiment que cette hausse, ainsi que les disparités raciales et les variations juridictionnelles dans ces chiffres, confirment la nécessité d’appeler à plus de responsabilité, de transparence et de contrôle du comportement de la police au Canada.

Selon les auteurs du projet, il est clair que les incidents policiers mortels montent d’année en année au Canada. Le nombre de civils tués lors d’incidents avec la police où la force est utilisée a grimpé régulièrement depuis 2000. Les familles et les communautés se retrouvent ainsi avec peu de soutien ou de ressources auxquels rendre compte.

Mais l’un des principaux problèmes est qu’aucune agence ou institution canadienne ou étrangère ne travaille, par exemple, sur un ensemble de données centralisé et actualisé ou qui recense les décès et fournit des informations sur la victime, le lieu, le service de police impliqué, le type de force utilisé et de nombreux autres détails contextuels.

Seuls les membres du projet Tracking (In)Justice, qui documentent et analysent les décès impliquant la police lorsqu’il est fait usage de la force au Canada, le font. Tracking (In)Justice est un partenariat d’universitaires et de défenseurs des droits de l’homme dont l’objectif est de mettre en lumière les violences policières afin de contribuer aux demandes de responsabilité, de transparence et de changements au sein de l’institution policière.

La collecte de ces informations permet de poser de nouvelles questions, comme celle de savoir pourquoi certaines forces de police sont à l’origine de plus de décès que d’autres.

Depuis longtemps, des voix s’élèvent pour demander à la police et aux gouvernements de collecter et de partager les données sur les incidents au cours desquels l’usage de la force a entraîné des blessures et des morts chez les civils. Des journalistes, des universitaires, des groupes de la société civile et des familles de victimes participent depuis longtemps à ce travail.

Les résultats préliminaires indiquent que les incidents liés au recours à la force sont en hausse et que le nombre le plus élevé a été atteint en 2022. Cette tendance à long terme peut s’expliquer en partie par l’accès abondant aux informations sur les meurtres et les décès impliquant la police. Mais l’accès à l’information n’explique pas à lui seul l’augmentation notable de ces dernières années.

Selon les données de Tracking (In)Justice, il y a eu en moyenne 22,7 décès impliquant la police entre 2000 et 2010. En comparaison, 37,8 personnes en moyenne sont décédées chaque année entre 2011 et 2022. Cela représente une augmentation de 66,5 %.

Les décès par balle semblent également plus fréquents. Tracking (In)Justice recense 704 décès au Canada entre 2000 et 2022 impliquant le recours à la force policière.

Les données incluent les décès dus à des tirs de la police et les cas où une personne est décédée après avoir été soumise à d’autres types d’armes de la police (par exemple les Tasers) ou à des interventions physiques.

Ces données ont été compilées grâce aux informations publiques disponibles dans les médias et les rapports officiels. Les données contiennent des détails relatifs à la victime, notamment son nom, son âge et sa race, lorsqu’ils sont connus. Ils indiquent également le lieu du décès, la police impliquée et le niveau de force le plus élevé utilisé.

Suivant des modèles d’inégalité qui perdurent, il existe d’importantes disparités raciales persistantes dans l’augmentation globale des décès impliquant la police lorsqu’il y a recours à la force.

Les personnes noires et indigènes représentent environ 10 % de la population du Canada, mais on compte 27,2 % des décès par balle impliquant la police lorsque la race de la victime a été identifiée.

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