Des caméras privées ou à usage de la police ?

Aux États-Unis, on compte environ 50 millions de caméras de surveillance (télévision en circuit fermé), soit presque autant par habitant qu’en Chine. Beaucoup appartiennent à des particuliers ou à des entreprises, et non au gouvernement. Cependant, comme l’explique un article de wired.com, de nombreux services de police peuvent accéder à ces images par le biais d’alliances avec des entreprises privées, ce qui dérange certains militants des droits civiques.

Les militants des droits civiques avertissent qu’une fois installées, ces caméras sont souvent utilisées à d’autres fins, comme le contrôle des manifestations, et peuvent devenir un système de surveillance sans garantie, en particulier pour les communautés noires.

Les villes de Newark, Baltimore, San Francisco et Detroit ont chacune un système public-privé de caméras différent. À Newark, par exemple, on conseille aux habitants de visionner eux-mêmes leurs images de vidéosurveillance et de signaler les délits aux forces de l’ordre.

En 2016, la police de Detroit a observé un phénomène surprenant dans la ville : non seulement la criminalité augmentait, mais cette augmentation était plus forte à proximité des stations-service. Un quart de tous les crimes violents ayant eu lieu entre 22 heures et 8 heures du matin à Detroit s’étaient produits à moins de 200 mètres d’une station-service. La police a contacté huit stations-service, dans lesquelles elle a installé des caméras de vidéosurveillance qui lui transmettaient directement des images en temps réel. La transmission en temps réel a permis des temps de réponse plus courts et la mise en place de patrouilles virtuelles, où les agents scannaient les images des caméras pendant la nuit.

Depuis ce test pilote, la police de Detroit a créé un projet appelé « Project Green Light Detroit » et a étendu le réseau de caméras. En l’espace de quatre ans, le Project Green Light Detroit s’est développé jusqu’à totaliser 700 caméras dans 500 commerces à travers la ville. Mais cette expansion préoccupe les militants, d’après lesquels la police n’utilise pas ce réseau uniquement pour surveiller les stations-service. L’an dernier, le maire Mike Duggan a annoncé son intention d’ajouter au projet des caméras de surveillance de la circulation, ce qui porterait le nombre total de caméras à plus de 1000.

La police peut analyser les images enregistrées par les caméras avec un logiciel de reconnaissance faciale et d’autres technologies, comme un logiciel de lecture de plaques d’immatriculation.

Depuis 2012, le magnat des cryptomonnaies Chris Larsen a dépensé plus de 4 millions de dollars pour aider à installer plus de 1000 caméras dans différents quartiers de San Francisco, y compris le quartier d’affaires très fréquenté de Union Square. La police de San Francisco gère une base de données qui contient des informations sur les caméras, leur propriétaire et leur emplacement. Si la police suspecte un crime, elle contacte le propriétaire d’une caméra pour lui demander l’accès aux images.

Contrairement au système de Detroit, ce système permet à toute personne de demander l’accès aux images enregistrées, y compris aux avocats de la défense. De plus, la police ne dispose pas d’un accès instantané aux images, mais doit en faire la demande. Alors que les commerces de Detroit doivent payer les frais d’installation de caméras approuvées par la police, les commerces de San Francisco peuvent utiliser leurs propres caméras sans payer de frais.

Mais cette approche aussi inquiète un certain nombre de défenseurs de la vie privée. Fin mai et début juin, pas moins de 10 000 personnes ont assisté à des manifestations en hommage à George Floyd à San Francisco. Bien que le système de caméras ait été créé pour décourager la dégradation de biens, la police a adopté une stratégie plus drastique pour prévenir les actes de vandalisme. Au lieu de traiter des plaintes pour dommages matériels spécifiques, la police a obtenu un accès en temps réel à l’ensemble du système de vidéosurveillance, captant ainsi des images de toutes les personnes dans ces zones.

_____

Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English

Deixa un comentari