Le démantèlement de l’outil de communications cryptées EncroChat, largement utilisé par les groupes criminels organisés, a conduit jusqu’à présent à 6 558 arrestations dans le monde. Parmi les personnes arrêtées, 197 étaient considérées comme des « cibles de haute importance » par la police. Les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises ont expliqué ce résultat en détail lors de la conférence de presse sur EncroChat à Lille, en France.

L’élimination réussie d’EncroChat est le résultat des efforts d’une équipe commune d’enquête créée par la France et les Pays-Bas en 2020, avec le soutien d’Eurojust et d’Europol. Depuis lors, 900 millions d’euros de fonds criminels ont été saisis ou gelés.
Le démantèlement d’EncroChat en 2020 a permis d’empêcher des attaques violentes, des tentatives d’assassinat, la corruption et des transports de drogue à grande échelle, ainsi que d’obtenir des informations précieuses sur la criminalité organisée.
Des malfaiteurs du monde entier ont utilisé illégalement cet outil de cryptage à des fins criminelles. Depuis cette intervention, les enquêteurs ont réussi à intercepter, partager et analyser plus de 115 millions de conversations criminelles, par un nombre estimé de plus de 60 000 utilisateurs. Les points d’accès des utilisateurs se trouvaient principalement dans les pays d’origine et de destination du trafic de drogue, ainsi que dans les centres de blanchiment d’argent.
Les informations obtenues par les autorités françaises et néerlandaises ont été partagées avec leurs homologues des États membres de l’UE et des pays tiers. Selon les chiffres cumulés de toutes les autorités impliquées, cela a conduit aux résultats suivants, trois ans après que les forces de l’ordre aient mis fin au cryptage :
- 6 558 suspects arrêtés, dont 197 cibles de haute importance
- 7 134 années d’emprisonnement pour les criminels condamnés à ce jour
- 739,7 millions d’euros en espèces saisis
- 154,1 millions d’euros de biens ou de comptes bancaires gelés
- 30,5 millions de pilules de drogues chimiques saisies
- 103,5 tonnes de cocaïne saisies
- 163,4 tonnes de cannabis saisies
- 3,3 tonnes d’héroïne saisies
- 971 véhicules saisis
- 271 domaines ou propriétés saisis
- 923 armes saisies, notamment 21 750 munitions et 68 explosifs
- 83 navires et 40 avions infiltrés
Les enquêtes sur le comportement criminel présumé de la société exploitant EncroChat ont été relancées par la Gendarmerie nationale française en 2017, après avoir découvert que les téléphones fonctionnaient régulièrement lors d’opérations contre des réseaux criminels. Des enquêtes ultérieures ont permis d’établir que la société à l’origine de cet outil opérait par l’intermédiaire de serveurs situés en France. Enfin, un dispositif technique a pu être mis en place pour devancer la technique de cryptage et accéder à la correspondance des utilisateurs.
Les téléphones EncroChat étaient présentés comme une garantie d’anonymat parfait, de discrétion et d’absence de traçabilité pour les utilisateurs. Ils étaient également dotés de fonctions garantissant la suppression automatique des messages et d’un code PIN spécifique permettant d’effacer toutes les données de l’appareil. Cela permettait aux utilisateurs de supprimer rapidement les messages compromettants, par exemple au moment de l’arrestation par la police.
En outre, le revendeur pouvait effacer l’appareil à distance. EncroChat a vendu des cryptophones au niveau international pour environ 1 000 euros l’unité. Elle a également proposé des abonnements avec une couverture mondiale, au prix de 1 500 euros pour une période de six mois, avec une assistance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
L’utilisation illégale de communications cryptées continue de faire l’objet d’une grande attention de la part des autorités policières et judiciaires de l’UE. Les criminels qui communiquent par cryptage ont reçu un nouveau coup en mars 2021, suite au démantèlement d’un autre outil de ce type, SkyECC.
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