Le Brésil en alerte suite à de nouveaux cas graves de violence policière

L’opinion publique brésilienne a été ébranlée au début du mois de mai de cette année par de nouveaux cas présumés de violence policière, avec des allégations de torture sur des corps retrouvés après une opération de police dans une favela et, surtout, dans le cas d’un homme mort étouffé dans le coffre d’un véhicule de police officiel dans la ville d’Umbauba. La Police routière fédérale (PRF) a affirmé que les agents ont utilisé des techniques d’immobilisation et des instruments à faible potentiel offensif face à la forte agressivité du détenu lors d’un contrôle de police.

La fusillade dans les favelas du Complexo do Alemão le 4 mai a été si intense que le bataillon d’élite de la police militaire de Rio de Janeiro s’est retrouvé à court de munitions en seulement deux heures. Il faut aussi noter que le résultat final de l’opération s’est soldé par la mort de 18 personnes.

Selon la police, l’opération, à laquelle ont participé quelque 400 agents en uniforme, visait un groupe d’individus soupçonnés d’avoir commis des vols de véhicules et de banques ainsi que des attaques contre des commissariats de police. Parmi les morts figurent deux femmes, une quinzaine de suspects et un policier.

Mais des experts en sécurité, des proches des victimes et des habitants de la région ont remis en question l’action de la police, la jugeant extrêmement violente. Par exemple, l’une des femmes décédées a été abattue alors qu’elle conduisait son véhicule dans une avenue voisine. L’autre a été tuée alors que la police enlevait des barricades dans la zone, bien que les agents en uniforme nient que le projectile provienne de leurs armes.

Qualifié de « massacre » par de nombreux élus et militants communautaires, le raid policier s’est avéré être le deuxième raid le plus meurtrier de l’histoire de Rio dans une favela.

Suite aux événements, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a également exprimé sa consternation dans une déclaration publique. Il faut savoir que le Brésil a l’une des forces de police qui compte le plus grand nombre de décès en garde à vue au monde et le plus grand nombre de policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions. Par exemple, en 2021, il y a eu 6 100 décès lors d’opérations de police, parmi lesquels 183 agents des forces de l’ordre, selon les propos du projet Monitor da Violência.

Ce qui est vrai, c’est que cette opération de police est celle qui a suscité les plus fortes réactions du public à Rio de Janeiro, selon Geni, un groupe d’étude sur la sécurité publique et la violence de l’Université fédérale de Fluminense (UFF). C’est depuis cette fondation que les opérations de police sont considérées comme manquant d’efficacité, souvent motivées par une soif de vengeance et bénéficiant d’une impunité totale.

En outre, deux autres opérations de police menées au cours des 14 derniers mois ont provoqué d’autres décès. Une opération de police a eu lieu dans la favela de Jacarezinho en mai 2021 – la plus meurtrière à Rio de Janeiro, avec 28 morts – et la seconde, à Vila Cruzeiro en mai 2023, avec 23 morts.

Pour sa part, la police de Rio assure que ces actions sont basées sur des rapports des services de renseignements et sont menées conformément à la loi, à la justice et aux protocoles techniques d’intervention.

Mais la réalité est que l’augmentation de la violence dans les rues et la militarisation croissante des opérations de sécurité publique contribuent à créer à une situation très confuse. Le rôle institutionnel complexe de la police militaire et le rôle de plus en plus important de l’armée montrent que, contrairement à ce qui se passe dans les pays développés, au Brésil les fonctions de défense nationale sont dangereusement mêlées à celles du maintien de l’ordre public.

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