Au début du mois d’avril de cette année, Europol a publié un rapport d’analyse en collaboration avec le comité directeur de la sécurité portuaire d’Anvers, Hambourg/Bremerhaven et Rotterdam qui analyse les risques et les défis pour la police posés par les réseaux criminels dans les ports de l’Union européenne.

Les réseaux criminels, animés par le désir constant d’accroître leurs profits et d’étendre leurs activités illégales, s’efforcent toujours plus d’infiltrer et de contrôler les principaux points logistiques. Les ports de l’Union sont donc un exemple clair de ces grands centres. Les principales caractéristiques actuelles de ces points logistiques sont les suivantes :
- L’utilisation de codes de référence de conteneurs détournés (ou « arnaque au code PIN ») gagne du terrain parmi les réseaux criminels en tant que mode opératoire pour la contrebande de marchandises illicites au départ des ports.
- Les réseaux criminels organisent l’infiltration des ports en coordonnant des réseaux locaux d’insiders corrompus.
- Les opérations criminelles menées dans les ports et les rivalités qui en découlent ont pour effet secondaire que la violence déborde souvent des principaux centres de transport dans les rues des villes environnantes, où s’exerce la concurrence pour la distribution.
Les principales recommandations du rapport sont les suivantes :
- Améliorer davantage l’échange d’informations internationales sur les activités des réseaux criminels dans les ports avec Europol et entre les États membres de l’UE.
- Accorder une attention permanente à l’intégration des éléments de sécurité dans la conception des infrastructures portuaires.
- Mettre en œuvre des partenariats publics pour impliquer tous les acteurs portuaires essentiels afin de lutter contre l’infiltration des réseaux criminels dans les ports de l’UE.
Les ports maritimes de l’UE traitent quelque 90 millions de conteneurs chaque année, mais les autorités ne peuvent en inspecter que 2 à 10 %. Par ailleurs, on estime qu’au moins 200 tonnes de cocaïne ont transité par les seuls ports d’Anvers et de Rotterdam au cours des dernières années. Cet obstacle logistique représente un défi pour les services de l’ordre et une opportunité pour les réseaux criminels qui ont besoin d’accéder à des plateformes logistiques pour faciliter leurs activités criminelles. Ces réseaux se sont ainsi infiltrés dans des ports sur tous les continents.
Les trois plus grands ports d’Europe, à savoir Anvers, Rotterdam et Hambourg, sont parmi ceux qui souffrent le plus de cette infiltration criminelle. Les criminels y parviennent principalement par le biais de la corruption du personnel des compagnies maritimes, des dockers, des importateurs, des sociétés de transport et des représentants des autorités nationales, entre autres acteurs, dont l’intervention est nécessaire pour assurer l’entrée des cargaisons illégales. Cependant, cette approche nécessite la corruption d’un grand nombre de complices.
Pour concentrer leurs efforts et minimiser les risques de perte de marchandises, les criminels organisés recherchent un nouveau mode opératoire qui nécessite la corruption d’un nombre plus restreint d’individus. Le rapport d’analyse d’Europol sur les réseaux criminels dans les ports de l’UE examine une technique spécifique, qui exploite les codes de référence des conteneurs détournés. Cela nécessite la corruption d’un seul individu, ainsi que la corruption ou l’infiltration, à la manière d’un cheval de Troie, des équipes de manutention, qui reçoivent une somme entre 7 et 15 % de la valeur de la cargaison illégale.
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