Le président du Salvador, Nayib Bukele, a inauguré au début de l’année le Centre de confinement du terrorisme (CECOT), une mégaprison dans laquelle 40 000 détenus seront enfermés, tous présumés membres des maras, dans le but, selon le gouvernement salvadorien, de gagner la guerre à la criminalité.

Cette gigantesque prison a été construite en sept mois seulement et le coût réel de l’installation est encore inconnu. Elle est située dans une zone rurale isolée et est équipée des dernières technologies.
Le centre dispose de salles à manger, de salles de repos, d’une salle de sport et de tables de ping-pong, mais uniquement à l’usage des gardiens. Pour les détenus, il y a des zones d’atelier pour les tâches de travail. Il existe également des salles pour les audiences virtuelles des tribunaux, pour que les détenus n’aient pas à quitter la prison. Il existe également des cellules de punition, sombres et sans fenêtre, pour punir les prisonniers en cas de mauvaise conduite.
Le centre pénitentiaire a été construit avec des murs renforcés, des cellules avec des barres d’acier aux fenêtres, des caméras de sécurité, des scanners corporels pour ceux qui entrent, sept tours de surveillance et un mur d’enceinte électrifié de 11 mètres de haut et de 2,1 kilomètres de long, qui seront surveillés jour et nuit par 600 soldats et 250 policiers.
Cette prison a été présentée comme la plus grande du continent américain, avec une grande mise en scène et comme l’un des grands exploits accomplis par le gouvernement salvadorien. Le président Bukele poursuit ainsi sa guerre particulière contre les maras, fortement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme qui accusent le gouvernement de recourir à la torture, aux arrestations arbitraires et aux disparitions forcées dans la lutte contre ces organisations criminelles, et qui compte à ce jour au moins 175 morts en 11 mois.
Parallèlement, la Police civile nationale a publié ses statistiques, avec lesquelles elle a clôturé le mois de janvier 2023, soit un taux annuel de moins de 2 homicides pour 100 000 habitants, ce qui ferait du Salvador le pays ayant le taux d’homicide le plus faible de tout le continent américain. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que pendant l’état d’urgence, qui a débuté il y a près d’un an, plus de 60 000 membres présumés de gangs ont été arrêtés.
Ces actions du gouvernement et de la police ont suscité de vives protestations de la part des organisations et groupes de défense des droits de l’homme. Un rapport publié fin janvier par Human Rights Watch explique que des abus à grande échelle ont été commis, notamment la surpopulation carcérale, le manque de garanties, les arrestations massives et les décès en garde à vue.
Parmi les 60 000 détenus, on compte des centaines de mineurs qui ont été poursuivis pour des crimes au sens large, violant ainsi les garanties fondamentales d’une procédure régulière et négligeant les perspectives de justice pour les victimes de la violence des maras.
L’un des critiques de cette offensive contre les gangs, le recteur jésuite de l’Université centraméricaine, Andreu Oliva, considère qu’avec la construction de la nouvelle prison le gouvernement ne s’engage pas à la réhabilitation des détenus.
Mais, le gouvernement de Nayib Bukele ne fait aucun cas des organisations de défense des droits de l’homme et des médias, qu’il accuse de défendre les membres des gangs.
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