Les démissions d’officiers de police ont augmenté de 72 % au cours de l’année dernière en Angleterre et au Pays de Galles

Début novembre de cette année, une étude a été publiée dans le journal en ligne The Conversation dans laquelle les professeures anglaises de Criminologie de l’Université de Portsmouth, Jemma Tyson et Sarah Charman, se sont penchées sur les causes de la hausse des démissions des officiers de police en Angleterre et au Pays de Galles.

Les auteures expliquent que le métier de policier a longtemps été un emploi à vie. Les taux de départ étaient très faibles et les taux de fidélité élevés, les carrières de 30 ans ou plus étant la norme. Mais les temps semblent avoir changé.

Selon les chiffres officiels du gouvernement, le nombre de démissions volontaires des services de police en Angleterre et au Pays de Galles a grimpé de 72 % entre 2021 et 2022, passant de 1 996 à 3 433. En outre, les démissions volontaires représentent désormais 42 % de tous les départs de la police, contre 33 % l’année précédente. Par rapport à il y a dix ans, en 2012, il y a eu 1 158 démissions volontaires, ce qui ne représentait que 18 % de tous les départs. Ainsi, en seulement dix ans, les démissions volontaires ont augmenté de 196 %.

Ce que le Conseil national des chefs de police du Royaume-Uni considérait comme une rotation positive en 2016 est désormais un problème sérieux. Les deux auteures de l’étude ont estimé qu’il serait pertinent d’examiner les raisons du départ de ces fonctionnaires. Pendant deux ans, elles ont interrogé une centaine d’anciens policiers d’Angleterre et du Pays de Galles qui avaient quitté le service volontairement.

Les principales motivations de départ sont les problèmes internes et organisationnels, entre autres : les anciens officiers se plaignent d’un leadership médiocre, du manque d’opportunités de promotion ou de progression, et du fait de ne pas avoir voix au chapitre dans l’organisation. Les policiers qui ont quitté l’organisation ont déclaré qu’ils ne se sentaient pas valorisés et qu’ils manquaient de modèles appropriés dans les rangs supérieurs. Les agents féminins ayant des enfants, en particulier, se sont plaints de ce fait.

Les anciens officiers interrogés ont signalé que la force policière leur avait fait sentir qu’ils n’étaient qu’un numéro et que leurs avis ne comptaient pas. Ils n’avaient pas non plus l’impression de pouvoir partager leurs opinions ou de participer à la prise de décision sur les questions qui les concernaient dans leur travail quotidien, car ils avaient le sentiment que leurs responsables passaient leur temps à s’occuper de leurs carrières et affaires personnelles.

Ce sentiment de vide était également partagé par des policiers envoyés dans des lieux indésirables après une promotion, au retour d’une absence ou en raison d’une restructuration au sein de l’organisation.

Les chercheuses ont également constaté que la majorité des personnes interrogées ont répondu que leur décision de démissionner était la bonne, ce qui ne cachait pas leur déception, leur regret et leur tristesse de partir.

Ces sentiments de manque de soutien organisationnel sont aggravés par l’absence d’un entretien concernant le motif de départ. Seuls 35 % des agents interrogés se sont vus offrir la possibilité de réaliser une enquête concernant leur démission.

Comprendre pourquoi il y a eu une augmentation de 196 % des démissions volontaires au sein des services de police en Angleterre et au Pays de Galles au cours de la dernière décennie peut être une tâche douloureuse pour de nombreuses forces de police, mais sans cette information, la tendance ne peut qu’empirer. Entamer ces conversations difficiles et faire entendre la voix de ceux qui décident de démissionner au sein de l’organisation est la première étape pour résoudre le problème.

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