Crimes de haine et troubles mentaux aux États-Unis

En octobre, le journal The New York Times a publié un article du chercheur Eyal Press dans lequel il remettait en cause le traitement et la réponse apportés aux personnes souffrant de troubles mentaux impliquées dans des crimes de haine aux États-Unis. Eyal Press est l’auteur du livre Dirty Work: Essential Jobs and the Hidden Toll of Inequality in America.

Dans cet article, l’auteur explique que depuis le début de la pandémie de COVID-19, une vague de violence contre les Américains d’origine asiatique a déferlé sur tout le pays. Les victimes de ces agressions flagrantes se sont fait cracher dessus, battre, pousser du quai du métro, poignarder ou tirer dessus avec des armes à feu. Il s’est avéré que la plupart des personnes arrêtées pour ces attaques choquantes souffraient de graves problèmes de santé mentale.

Le nombre d’attaques haineuses à l’encontre des Américains d’origine asiatique a diminué à New York au cours de la première moitié de 2022, mais ces attaques restent clairement liées à des cas de troubles mentaux. Sur les 100 personnes arrêtées pour attaques haineuses à New York au cours des quatre premiers mois de 2022, la moitié avaient été classées auparavant comme souffrant de troubles émotionnels, selon les services de police de la ville.

Eyal Press estime que ces schémas révèlent que la maladie mentale peut jouer un rôle dans la violence à caractère raciste et qu’il convient de traiter cette question. Il souligne également que ce débat doit être fait en évitant de renforcer les préjugés concernant les personnes atteintes de troubles mentaux, car elles sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violence que d’en être les auteurs. Un autre risque de ce débat serait une instrumentalisation de la maladie mentale visant à détourner l’attention des discours et des idées qui inspirent les actes d’extrémisme violent.

Edward Dunbar, professeur de psychologie à l’Université de Californie et chercheur sur les crimes de haine, estime qu’il n’est pas surprenant que, pendant la pandémie, certaines personnes atteintes de troubles mentaux aient commis des actes d’agression en raison du discours anti-asiatique constant dans le débat public.

Dans son article, Eyal Press rapporte également que la plupart des personnes atteintes de troubles mentaux arrêtées pour avoir attaqué des personnes d’origine asiatique à New York pendant la pandémie étaient également sans-abri.

L’organisation communautaire The Anti Police-Terror Project a proclamé dans un tract de sensibilisation que la maladie mentale n’est pas un crime, préconisant de maintenir ces personnes hors du système de justice pénale.

Brian Levin, directeur du Centre d’étude de la haine et de l’extrémisme de l’Université d’État de Californie à San Bernardino, a proposé de créer une catégorie distincte pour les délinquants souffrant de troubles mentaux, afin de signaler que leur situation est différente. L’objectif serait de traiter ces personnes plutôt que de les incarcérer. Les lourdes sanctions pénales ne seraient pas nécessairement efficaces dans le cas de ces délinquants.

Une meilleure approche serait d’investir des ressources dans les systèmes de soins de santé mentale défectueux qui laissent de nombreuses personnes hautement instables sans soins à long terme. S’attaquer à d’autres problèmes sociaux serait également utile. En effet, un nombre croissant de recherches suggère que les personnes atteintes de maladies mentales graves sont plus susceptibles de commettre des violences lorsqu’elles sont exposées à d’autres facteurs de risque, tels que des expériences traumatisantes dans l’enfance, des privations financières ou le fait de vivre dans des quartiers à forte criminalité. Ces problèmes ne seront pas résolus par les traitements seuls, mais ils ne disparaîtront pas non plus par le simple fait d’emprisonner les auteurs d’attaques haineuses atteints de trouble mentaux.

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