La sécurité des communautés n’est pas qu’une question de criminalité

Un article du chercheur Trevor Hancock sur une étude concernant la sécurité des communautés a été publié dans Timescolonist.com, un quotidien canadien de Colombie-Britannique. L’auteur y explique que, si la sécurité des communautés est souvent pensée en termes de criminalité ou de violence, elle comporte bien d’autres aspects.

Il estime également que le concept de sécurité est très différent en Amérique du Nord et en Europe.

En Europe, le mouvement Safe Communities accorde une grande importance à la prévention des accidents, que l’on appelle dans le domaine de la sécurité publique canadienne des « blessures non intentionnelles ». Amérique du Nord, en revanche, les efforts en matière de sécurité des communautés sont principalement concentrés sur la prévention de la criminalité et de la violence, qui font partie de la catégorie des « blessures intentionnelles ».

Les blessures non intentionnelles représentent de loin le problème le plus important pour la sécurité publique. Un rapport du Comité de prévention des blessures de Colombie-Britannique note que les blessures sont la principale cause de décès chez les individus âgés d’1 an à 44 ans et la quatrième cause de décès chez l’ensemble des individus, tous âges confondus.

Trevor Hancock identifie trois types de blessures à prévenir en priorité : les chutes des personnes âgées, les blessures liées aux transports, ainsi que les suicides et les automutilations. Cependant, même dans la catégorie des agressions, la prévention de la violence familiale et de la violence sexuelle devrait prévaloir sur la prévention de la violence aléatoire à l’encontre de personnes inconnues.

Dans un rapport datant de 2021, Statistique Canada déclarait que l’agresseur d’un quart des victimes de violences déclarées à la police était un membre de leur famille et que deux tiers de l’ensemble des victimes de violences familiales étaient des femmes et des jeunes filles.

En outre, ces violences, ainsi que les violences sexuelles, sont très peu signalées. En effet, dans 80 % des cas de violence conjugale, aucune plainte n’est déposée auprès de la police. D’ailleurs, la sécurité des communautés n’est pas seulement une question de violence ou de criminalité en général, elle englobe aussi le sentiment de sécurité des individus.

Par exemple, les agressions, en particulier la violence aléatoire, suscitent beaucoup plus de craintes chez les citoyens et d’intérêt chez les médias que les cas de chutes et d’accidents de la route, beaucoup plus nombreux, qui semblent trop souvent être acceptés au titre d’aléas de la vie quotidienne ou de la mobilité.

Cela nous indique qu’outre les données, la perception et les émotions jouent un rôle important en ce qui concerne la sécurité.

Les citoyens peuvent se sentir en danger pour diverses raisons, qui ont souvent peu à voir avec l’activité criminelle ou l’efficacité de la police.

Les autochtones, les personnes de couleur, les individus de la communauté LGBTQ et d’autres personnes peuvent se sentir en danger à cause d’attitudes, de commentaires ou de comportements discriminatoires qui ne sont pas criminels. Les rues et les parcs sombres donnent à beaucoup d’entre nous un sentiment d’insécurité. Les individus sont également inquiets, voire effrayés, lorsqu’ils voient des personnes aux comportements étranges ou vivant dans la rue.

Ainsi, pour une plus grande sécurité des communautés, il convient de réfléchir à tous les facteurs qui font que les citoyens se sentent en danger au sein d’une communauté, en évitant de penser à la sécurité comme une question de criminalité, de violence et d’ordre public uniquement.

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