La police écossaise appelle à créer des protocoles concernant l’utilisation des caméras corporelles

Selon une étude réalisée pour la police écossaise, l’opinion publique est généralement favorable à ce que les officiers portent des caméras corporelles lorsque cela est nécessaire pour tout type d’incidents. Cependant, cette étude permet également de repérer certains pièges à éviter.

Une équipe du Centre de recherche sur l’information, la surveillance et la vie privée (CRISP) de l’Université de Stirling a mis au point un rapport sur l’utilisation des caméras corporelles, fondé sur la consultation de la recherche existant à ce sujet et sur des entretiens semi-structurés avec des spécialistes de ce type de caméras.

Les chercheurs ont souligné qu’avant d’introduire les caméras corporelles, la police écossaise doit s’assurer qu’il existe des processus de gouvernance et de contrôle efficaces, notamment en ce qui concerne la gestion des données.

Le professeur William Webster de l’École de gestion de l’Université de Stirling, qui a dirigé les travaux du rapport, estime que les caméras corporelles sont, en apparence, un simple outil que les policiers portent partout, mais que l’utilisation qui en est faite a des conséquences sur un ensemble complexe de relations, à commencer par la relation entre le citoyen et l’État. Il est important de comprendre l’impact de cette utilisation et l’influence de la technologie sur les comportements afin de s’assurer que ces caméras soient utilisées dans l’intérêt de la société, et pas seulement dans l’intérêt de la police.

D’après M. Webster, la police apprécie l’utilisation des caméras corporelles car elles offrent une forme de protection lors des interventions policières, surtout s’il s’agit d’interventions risquées. Par exemple, elles peuvent aider à désamorcer une situation violente, tout en recueillant des preuves pour un éventuel procès. Cependant, elles placent la police sous surveillance également. Il est arrivé que les agents de certaines organisations policières enregistrent des agents d’autres organisations en train de fumer pendant leur service ou de parler par téléphone alors qu’ils conduisent. Ces problématiques doivent être prises en compte, d’autant plus que la confiance dans la technologie et dans la police est de nature fragile. Il convient donc d’établir des protocoles clairs et de dispenser une formation sur l’utilisation des caméras corporelles.

La nécessité de préciser qui gère les enregistrements, contenant certaines données sensibles des citoyens, est également mise en lumière dans l’étude. Ainsi, plusieurs questions se posent : les agents doivent-ils télécharger les enregistrements à la fin de leur service ? Où doivent être téléchargés et stockés les enregistrements ? Qui peut y accéder ? Quelles circonstances justifient la conservation de ces enregistrements ?

La conclusion du rapport est qu’il faut mettre en place un mécanisme de surveillance selon lequel les enregistrements seraient vérifiés de manière aléatoire, potentiellement par des personnes non spécialisées, afin de contrôler la manière dont les caméras corporelles sont utilisées.

Le rapport souligne également qu’il est important que les organisations telles que la police continuent de consulter les citoyens et les universitaires en ce qui concerne l’introduction de nouvelles technologies.

Dans la même optique, le surintendant en chef de la police écossaise, Matt Richards, se montre favorable à l’introduction des caméras corporelles au sein de la police.

Sur le plan institutionnel, l’introduction des caméras corporelles est considérée comme un investissement financier important, mais qui a le potentiel de renforcer la confiance entre la police et les citoyens, un lien essentiel qui sous-tend la légitimité de la police.

La police et les chercheurs s’accordent à dire que le déploiement des caméras corporelles doit se faire de manière éthique et transparente, et doit recevoir un soutien et des conseils sur les considérations en matière d’éthique, de droits de l’homme et de libertés civiles.

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