Après des mois de calme relatif et des niveaux de violence assez bas dans les rues du pays, les homicides sont repartis à la hausse pour atteindre des niveaux jamais vus depuis près de 30 ans dans le pays d’Amérique centrale. Il n’est pas déraisonné d’avancer que la fragile trêve des maras (gangs) a pris fin.

En conséquence, l’Assemblée législative a approuvé il y a quelques semaines une demande controversée de l’exécutif visant à lutter contre les maras. Cette réforme du code pénal souhaite durcir les peines encourues par les membres de ces gangs.
Comme le rapporte un article de bbc.com, cette décision intervient après que le gouvernement de Nayib Bukele a demandé à l’Assemblée de déclarer l’état d’urgence dans le pays, suite à un week-end d’une rare violence au cours duquel plus de 80 meurtres ont été commis.
Les mesures, qui seront pour l’instant appliquées pendant un mois, mais qui pourront être prolongées, comprennent notamment la suspension de la liberté d’association, des droits de la défense et de l’inviolabilité des correspondances. Actuellement, suite à la réforme récemment approuvée, les membres des maras peuvent être condamnés à des peines allant de 20 à 40 ans de prison, tandis que celles des chefs de gangs peuvent atteindre entre 40 et 45 ans de prison.
L’un des points les plus controversés de la réforme du code pénal prévoit également de considérer comme majeurs les membres de ces groupes âgés de plus de 12 ans et de les juger comme tels. Ce serait la première fois que le gouvernement approuverait une peine spécifique pour ceux considérés comme appartenant aux maras. Auparavant, au Salvador, ils étaient considérés comme des « terroristes » et encouraient les peines correspondantes, même s’il était difficile de prouver leurs liens avec ces groupes, et les peines allaient de 6 à 9 ans de prison.
Dans ces circonstances, le gouvernement a renforcé la sécurité dans les rues et a demandé au Congrès d’approuver l’état d’urgence. La réforme, approuvée par la majorité au pouvoir au sein de l’assemblée législative, limite la liberté d’association, suspend le droit d’être informé des raisons de la détention, étend la période de garde à vue de 72 heures à 15 jours et permet aux autorités de mettre sur écoute les téléphones portables des suspects.
Selon les dernières informations, les autorités ont arrêté plus de 3 000 membres présumés des maras. Au même moment, le président Bukele a annoncé sur Twitter qu’il avait donné l’ordre de limiter les déplacements dans la cour des membres de gang emprisonnés ainsi que les repas leur étant servis et que leurs matelas de couchage avaient été retirés. Depuis plusieurs jours, la nourriture est rationnée et les 16 000 membres emprisonnés n’ont pas quitté leurs cellules.
Parmi les différentes réactions aux récents événements, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la Commission interaméricaine des droits de l’homme, Human Rights Watch et Amnesty International ont exprimé leur préoccupation quant à la situation dans le pays et espèrent que les mesures prises sont conformes aux lois et normes internationales en matière de droits de l’homme.
Il convient de noter qu’environ 70 000 membres des maras sévissent au Salvador et se battent pour le contrôle des opérations d’extorsion et de trafic de drogue dans tout le pays.
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