Une étude sur la réponse de la police aux violences liées à l’honneur ou aux mariages forcés en Angleterre

Malgré ses bonnes intentions, la police ne reconnaît généralement pas correctement les violences liées à l’honneur, les mariages forcés ou les mutilations génitales féminines, et y apporte souvent une réponse inadaptée, les victimes ne bénéficiant pas du soutien nécessaire.

Jennifer Holton, responsable de l’organisation Citizens in Policing pour la police du Wiltshire, en Angleterre, met en lumière les principaux défis et les opportunités de changement qu’elle a identifiés dans sa propre étude et grâce à son expérience personnelle.

L’étude a été élaborée à partir d’un examen thématique des statistiques et de la recherche nationale dans le domaine, mais aussi grâce à l’implication des travailleurs de première ligne dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Jennifer Holton critique le fait que les cours de formation, les conférences ou les études révèlent un mauvais travail de la police sans chercher ni proposer d’angle d’amélioration.

Elle documente également un certain nombre de questions clés, comme le signalement incorrect des infractions. Les infractions comme le harcèlement, le viol ou l’agression sont souvent considérées isolément, et l’appellation de violences liées à l’honneur n’existe pas, ce qui empêche de les signaler en tant que telles. Il est peu probable que l’on parvienne à un consensus sur cette infraction sans même qu’elle soit reconnue. De plus, sans statistiques précises, il est presque impossible d’obtenir des financements et d’effectuer des avancées supplémentaires dans ce domaine.

Près de la moitié des participants à l’étude ont déclaré qu’il existait dans leur organisation une personne à contacter pour obtenir de l’aide en cas de violences liées à l’honneur, mais la grande majorité ignorait qui était cette personne et comment la contacter.

La disparité des rapports est également démontrée dans les statistiques, notamment celles relatives aux mutilations génitales féminines. Selon les statistiques des services de santé nationaux (National Health Service), de 2018 à 2019, 6415 femmes présentant des signes de mutilation génitale se sont rendues dans un établissement de santé. Toutefois, les poursuites fructueuses pour ce type de crime se comptent encore sur les doigts de la main.

En 2019, 1355 cas ont été transmis à l’unité des mariages forcés pour qu’elle prodigue ses conseils. Parmi ces cas, 64 % ont été signalés par des travailleurs, 18 % par des victimes et 18 % par des amis ou membres de la famille de manière anonyme.

La faible proportion de cas dénoncés par les victimes accentue l’importance du rôle des travailleurs. Cependant, de nombreux travailleurs ne sachant pas nécessairement comment les signaler eux-mêmes, on observe un problème de sous-signalement par de multiples sources.

La responsabilité des travailleurs en matière de détection des signes ou symptômes éventuels est d’autant plus grande que la plupart des victimes n’en parlent qu’à une personne de confiance, généralement un ami proche ou un membre de la famille.

Pour une personne jeune et vulnérable risquant d’être victime de violences liées à l’honneur, seuls les travailleurs peuvent fournir un cadre fiable permettant de dénoncer quelqu’un en toute sécurité et de manière indépendante. Jennifer Holton souligne que ce sujet n’est pas abordé dans les écoles, où les discussions sur la question devraient pourtant être encouragées.

Elle explique également qu’il n’existe pas d’organisation consacrée à ce problème et chargée de veiller à ce que des mesures soient prises. Faire face à ce problème devrait être la responsabilité de tous, cependant, ce n’est la responsabilité de personne.

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