Le 22 novembre, le Dr Pere Boqué Busquet, chef de la police de la Generalitat (Mossos d’Esquadra), a lu sa thèse de doctorat à l’Université de Gérone, intitulée Modèles mathématiques pour la prédiction des cambriolages de domicile en Catalogne. Dirigée par le Dr Marc Saez Zafra et la Dre Laura Serra Saurina, la thèse analyse l’état de ce qu’on appelle le « predictive policing » et, comme son titre l’indique, propose un modèle mathématique permettant de prédire dans quelles zones de Catalogne ce type de délit est le plus susceptible de se produire à un moment donné.

L’un des premiers problèmes mis en évidence par le Dr Boqué est que les modèles de prévision appliqués dans d’autres parties du monde (notamment aux États-Unis) ne sont pas valables en Catalogne. Entre autres problèmes, la configuration territoriale et urbaine implique que les modèles de victimisation répétée (qui constituent une partie de la base de ces modèles) ne peuvent pas être directement transférés à notre contexte. Cependant, en divisant le territoire en cellules de 5 km, on a pu observer comment les cambriolages de domicile suivent des schémas temporels en vagues ou en rafales et peuvent donc être prévisibles. Si la police pouvait détecter l’origine des cambriolages, elle pourrait empêcher son évolution (les réplications ou les répétitions). Ce résultat est rapporté dans l’article publié dans la revue scientifique European Journal of Criminology, « Surfing’burglaries with forced entry in Catalonia: Large-scale testing of near repeat victimization theory » de Pere Boqué, Laura Serra et Marc Saez (novembre 2020).
Le reste des résultats de la thèse, et la concrétisation du modèle, sont présentés dans deux autres articles. D’une part, un processus de Cox log gaussien est appliqué afin d’explorer la possibilité de prévision à une plus petite échelle, dans des cellules de 500 m voire même de 250 m et 100 m. On conclut que le modèle de victimisation répétée à petite échelle, bien que détecté également en Catalogne, est insuffisant pour modéliser la dynamique globale des cambriolages.
D’autre part, on propose de surmonter cette limite avec un « nouveau modèle spatio-temporel de victimisation qui étend le concept de répétition à proximité à celui de répétition dans plusieurs zones, généralement similaires et qui peuvent être éloignées les unes des autres ». Ces « groupes de zones qui ont tendance à être victimisées en même temps », dénommés « constellations de cambriolages », forment un ensemble fixe, restreint et temporellement stable sur lequel il est également possible de construire des modèles prédictifs.
Ces deux derniers articles sont en attente de publication. Pour cette raison, la thèse de doctorat n’a pas encore été publiée.
Au-delà de l’efficacité du modèle mathématique, et comme l’a souligné le Dr Boqué à la fin de sa thèse, la difficulté du « predictive policing » ne réside pas tant dans la partie prédictive, à savoir s’il est possible ou non de prédire la criminalité, que dans la fonction de la police : quelles sont les actions préventives pouvant être mises en place pour réduire la probabilité que les délits prédits soient finalement commis. Ce n’est que lorsque ce modèle sera appliqué que l’on découvrira les véritables possibilités de la prévention de la criminalité. En tout état de cause, il est clair que la connaissance de la dynamique des schémas spatio-temporels de la criminalité donne un avantage à la police, ce qui devrait être utilisé à bon escient.
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