La technologie est-elle efficace dans la lutte contre la violence domestique ?

La violence domestique touche environ un adulte sur trois aux États-Unis. Elle est à l’origine de plus de 40 % de l’ensemble des meurtres de femmes : 856 femmes tuées en 2017, selon les derniers chiffres officiels.

Les forces de l’ordre ont souvent apporté des réponses peu efficaces à ce problème. Selon un rapport du ministère de la Justice, les appels téléphoniques concernant la violence domestique représentent la plus grande catégorie d’appels destinés à la police. Mais les défenseurs des victimes de violence domestique reprochent depuis longtemps à la police de ne pas prendre au sérieux les signalements d’abus ou d’adopter une attitude très fermée en ce qui concerne les ordonnances de protection, les arrestations et les poursuites, et de ne pas toujours aider les victimes.

Cependant, quand l’une des plus grandes entreprises de technologie du monde, Ring, offre des caméras gratuites pour aider à résoudre le problème, la proposition est jugée attractive. Pour la police, il s’agit d’une sorte de sentinelle toujours disponible qui monte la garde au domicile des victimes de violences répétées.

Lorsque les programmes pilotes de Ring ont débuté en 2019, ils ont été déployés à petite échelle. Le comté de Bexar a attribué 50 caméras à la protection des victimes de violence domestique et de toute personne ayant une ordonnance de protection. La ville de San Antonio a octroyé 171 appareils aux victimes de violence familiale et d’agression sexuelle qui avaient porté plainte auprès de la police. Dans la ville de Cape Coral, où le programme de lutte contre ce type de violence devait initialement durer un an, 100 appareils ont été octroyés aux victimes de violence domestique.

L’ancien chef de la police de Cape Coral, David Newlan, a eu l’idée d’y mettre en œuvre le programme après une affaire de violence domestique en 2017, qui avait tourné au meurtre suivi d’un suicide. L’auteur du crime était soumis à une ordonnance d’éloignement de la victime et devait porter un bracelet de cheville surveillé par une société tierce. Le jour de l’assassinat, la société de surveillance n’a pas averti la police quand il a enfreint l’ordonnance d’éloignement et s’est approché du domicile de la victime.

Les services de police veulent en savoir autant qu’ils le peuvent dans les limites de la légalité. Mais est-ce qu’une technologie de surveillance toujours plus poussée sert l’intérêt public ?

Aujourd’hui, plus de 1800 services de police aux États-Unis utilisent l’application Neighbors, ainsi que plus de 360 services de pompiers. Le partenariat avec Ring, auquel de nombreux commissariats de police ont recours, permet aux services participants de disposer d’un système de surveillance beaucoup plus étendu que celui que la police elle-même pourrait légalement mettre en place.

La popularité de ces programmes reste floue. Le programme de San Antonio a distribué 158 de ses 171 caméras. Cependant, au cours de la première année du programme du comté de Bexar, pas plus de 15 victimes ont opté pour l’une de ses 50 caméras, selon Rosalinda Ḥeḇrôn-Pineda, spécialiste des services aux victimes au bureau du shérif. À Cape Coral, où 100 caméras étaient disponibles, seules 24 avaient été distribuées.

Sans donner aux forces de l’ordre les moyens d’arrêter et d’emprisonner les coupables, les caméras ne seraient pas efficaces.

_____

Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English

Deixa un comentari