Au Salvador, une enquête du bureau du procureur confirmerait que le gouvernement a négocié avec les maras

Selon le journal salvadorien El Faro, le procureur Raúl Melara a créé un groupe chargé d’enquêter sur les différents fonctionnaires du gouvernement actuel et des gouvernements précédents, et sur leur implication dans des dialogues avec les maras, des gangs de crime organisé. Au cours de cette enquête, des dizaines de preuves, telles que des fichiers audio, des photos et des témoignages, ont été recueillies. Cependant, elles n’ont pas été révélées, en raison de la destitution du procureur Melara et de son équipe.

Le déclin historique des homicides violents au Salvador serait dû à un pacte secret entre le gouvernement de Nayib Bukele et les trois gangs qui contrôlent le pays : Mara Salvatrucha, Barrio 18 Revolucionarios et Barrio 18 Sureños. L’amélioration des conditions de vie dans les prisons et les avantages accordés aux membres de maras en liberté seraient autant de preuves que le président a été en contact avec les dirigeants des maras.

Le bureau du procureur a baptisé l’affaire « la cathédrale ». Il a saisi de nombreux documents officiels de centres pénitentiaires et a relevé plusieurs prisons, ainsi que les bureaux centraux de la direction générale des centres pénitentiaires (DGCP), où il a été découvert que les dirigeants de maras incarcérés dans des centres de sécurité maximale avaient reçu des visites non réglementaires de fonctionnaires gouvernementaux.

Lors de ces visites de fonctionnaires, le directeur des centres pénitentiaires, Osiris Luna, a autorisé des individus cagoulés à entrer dans les prisons pour se réunir avec les dirigeants des trois maras, ignorant tous les protocoles d’entrée légaux, y compris leur inscription au registre et même la vérification de leur identité.

Le bureau du procureur a conclu que ces mystérieux individus cagoulés étaient principalement des fonctionnaires de l’actuelle direction de la reconstruction du tissu social, menée par Carlos Marroquín, et des dirigeants de maras en liberté entrant pour transmettre des informations aux dirigeants incarcérés et recevoir leurs instructions.

Les enquêtes ont permis de connaître la liste des réclamations que les gangs avaient adressées au gouvernement pour maintenir l’accord en vigueur. Il s’agirait d’une liste de 20 points, parmi lesquels la cessation des opérations de masse de l’armée et de la police à leur encontre et de la persécution aveugle des membres de maras uniquement parce qu’ils sont tatoués. Les gangs ont également demandé des financements pour les microentreprises et du travail pour leurs membres, des visites de membres de la famille dans les prisons et des modifications du régime de sécurité maximale, entre autres.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président Nayib Bukele s’enorgueillit d’une réduction de la violence à des niveaux jamais vus ces dernières années. Les autorités n’ont signalé aucun homicide le 8 août et le gouvernement a attribué ce succès à son plan de contrôle territorial. Il y a six ans seulement, le pays d’Amérique centrale enregistrait 147 homicides pendant les cinq premiers jours d’août, avec cinq policiers parmi les victimes. Cette année, au cours de la même période, cinq homicides ont eu lieu.

Mara Salvatrucha et Barrio 18, avec ses deux factions, les Sureños et les Revolucionarios, sont les grands groupes criminels du Salvador. Les autorités estiment qu’il y a environ 60 000 membres actifs de maras qui opèrent dans 94 % des municipalités du pays, dont 18 000 sont incarcérés.

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