Le nombre de consommateurs de drogue augmentera de 150 % en Afrique subsaharienne

355.- baixaLa nouvelle enquête de l’ENACT [1] est à ce jour la plus complète jamais menée sur le trafic de drogue, les modes de consommation et les politiques en matière de drogue en Afrique.

Selon les études de l’ENACT sur la criminalité transnationale organisée, les politiques inefficaces en matière de drogue, nourries par la corruption et le crime organisé, ne font qu’aggraver une crise de la drogue en plein développement en Afrique.

La consommation de drogues illicites en Afrique, y compris l’usage non médical d’opioïdes délivrés sur ordonnance, représente une menace pour le développement et, d’après les prévisions, deviendra bientôt un problème urgent de santé publique.

L’Afrique subsaharienne connaîtra la plus forte augmentation au monde du nombre de consommateurs de drogue au cours des 30 prochaines années, et sa part dans la consommation mondiale de drogue sera multipliée par deux.

Les prisons sont surpeuplées et beaucoup parmi les jeunes générations se voient condamnés pour des délits de faible gravité. Les marchés continentaux de la drogue continuent de se développer, même si les cultures illicites sont détruites, les laboratoires de drogue démantelés et les cargaisons de drogue confisquées.

La drogue est devenue une source de revenus pour les organisations terroristes et les groupes de crime organisé, mais les forces de police africaines n’ont pas les capacités institutionnelles, technologiques et financières suffisantes pour freiner de manière significative le développement des marchés du trafic de drogue.

Les chercheurs estiment que le nombre de consommateurs de drogue en Afrique subsaharienne augmentera de près de 150 % au cours des trois prochaines décennies. On prévoit que d’ici à 2050, 14 millions d’Africains en plus consommeront des drogues illicites, pour un total de 23 millions de consommateurs en Afrique subsaharienne.

Le rôle de plaque tournante mondiale du trafic de drogues illicites de l’Afrique de l’Ouest s’est intensifié, en particulier pour la cocaïne, et une économie illégale s’y est développée autour de la production et de la distribution de méthamphétamine.

Le phénomène des drogues dures en Afrique contribue à l’augmentation de la production mondiale de cocaïne et d’héroïne, au point d’atteindre des niveaux qui, selon le Rapport mondial sur les drogues de 2018, sont les plus hauts jamais enregistrés. Parmi les autres moteurs de la croissance du commerce et de la consommation de drogue, on trouve l’urbanisation croissante, le développement des infrastructures et des voies de transport, une population jeune en rapide augmentation, ainsi qu’une situation sociale et économique difficile pour des millions de personnes.

Les chercheurs ont fait plusieurs recommandations aux responsables des politiques de l’Union africaine. Une réponse efficace à cette crise dans le contexte africain doit comporter des efforts de réduction de la production, du trafic de drogue et de la demande, mais aussi une plus grande prise en charge médicale pour le traitement et la guérison des consommateurs de drogue.

Toutes les régions doivent renforcer les mécanismes transfrontaliers mis en œuvre par la législation afin de freiner l’offre et la production de drogues illicites, en ciblant les trafiquants plutôt que les consommateurs. Le détournement d’opioïdes pharmaceutiques des circuits légaux doit également être endigué.

[1] L’ENACT est financé par l’Union européenne. Le projet vise à réunir des connaissances et des compétences pour améliorer la réponse de l’Afrique à la criminalité transnationale organisée. Il analyse la manière dont la criminalité organisée affecte la stabilité, la gouvernance, l’État de droit et le développement en Afrique, et s’efforce d’en atténuer les effets. L’ENACT est formé par l’Institut d’études de sécurité et INTERPOL, dans le cadre de l’Initiative mondiale contre le crime transnational organisé.

_____

Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English

 

Deixa un comentari