Une grève de la police fait augmenter le nombre d’homicides au Brésil

340.- Policiais_ocupam_Complexo_do_AlemaoLe nombre d’homicides a été multiplié par cinq dans différentes villes du nord du Brésil pendant une grève de la police et des pompiers, qui réclament une augmentation de leurs salaires après six ans de stagnation.

Le gouvernement fédéral a envoyé plus de 2 500 militaires en renfort et des centaines de policiers ont été licenciés pour avoir participé aux manifestations en faveur de l’amélioration de leurs conditions économiques.

Des centaines de policiers cagoulés ont perturbé la sécurité dans le nord-est du Brésil lors des festivités du carnaval, qui ont dû être suspendues. Les manifestants ont tenté d’empêcher leurs collègues de patrouiller dans les rues en bloquant leurs mouvements et en piégeant leurs pneus.

La diminution du nombre de policiers a été accompagnée d’une augmentation des homicides, en particulier dans l’État de Cearà. Si la moyenne quotidienne de meurtres était déjà élevée, avec six personnes tuées violemment chaque jour depuis le début de l’année 2020, les chiffres officiels ont récemment été multipliés par cinq, avec 150 homicides en une semaine, selon le Secrétariat de la sécurité publique et de la défense sociale.

La tension dans les rues a atteint le point où un sénateur opposé aux manifestations de la police, Cid Gomes, du Parti démocratique travailliste, a été blessé par arme à feu en tentant d’entrer de force avec une rétrocaveuse dans un commissariat occupé par les grévistes dans la ville de Sobral.

La réponse du gouvernement fédéral, au nom du président Jair Bolsonaro, a été d’envoyer 2 500 militaires à Cearà pour regagner les rues. Les autorités ont également licencié plus de 200 policiers et en ont détenu environ 40 pour désertion.

Les manifestations ont commencé en décembre 2019. Des policiers et des pompiers de l’État de Cearà ont manifesté devant l’Assemblée législative de la capitale, Fortaleza, réclamant une augmentation de leur salaire. Leur insatisfaction est due au fait qu’ils n’ont reçu aucune d’augmentation au cours des six dernières années, ce qui aurait représenté environ 27 % de revenus supplémentaires.

Le Secrétariat de la sécurité publique et de la défense sociale de Cearà avait annoncé un investissement d’environ 600 millions de réaux (soit plus de 136 millions de dollars) dans la sécurité entre 2015 et 2018. Il n’a toutefois pas investi dans ce que les policiers réclamaient, mais dans le recrutement de 10 000 nouveaux agents et la formation de 15 000 militaires.

Début février, le gouvernement de Cearà s’est engagé à augmenter progressivement les revenus des policiers et des pompiers, en faisant passer leur salaire de 3 200 à 4 500 réaux. L’équivalent en dollars américains serait une augmentation de 750 à 1 025 $. Mais cette augmentation de salaire serait introduite progressivement jusqu’en 2022.

Les policiers et les pompiers ont contesté cette décision et convoqué des manifestations pour exprimer leur mécontentement. Mais étant donné que la constitution brésilienne interdit aux forces de l’ordre de participer à des grèves, la justice a déclaré ces manifestations illégales.

La décision de la justice a eu l’effet contraire à celui recherché : les policiers ont commencé à cesser complètement leurs activités. Malgré les éruptions de violence et les pressions politiques et judiciaires exercées, la grève est toujours en cours.

_____

Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English

Deixa un comentari