Tous les pays déploient de gros efforts pour comprendre les tendances de l’activité délictueuse et les formes qu’elle adopte. La principale source d’informations relatives aux violences et aux délits sur lesquelles se basent les politiques publiques de sécurité sont les plaintes des citoyens. Cependant, en Argentine, la confiance à accorder à de telles statistiques est largement questionnée.
Ceci est dû au fait que seule une petite partie des délits commis est connue des autorités et enregistrée par celles-ci. Pour différentes raisons, on le sait, les délits n’entrent pas tous dans les statistiques de criminalité.
Aussi regroupe-t-on sous l’intitulé « Chiffres noirs » de la délinquance, tous les délits commis qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas enregistrés par les autorités. Ces dernières sont donc loin d’offrir un panorama complet des agissements délictueux. Le problème est particulièrement grave dans les pays faiblement développés, qui sont aussi ceux où les taux de plaintes sont les plus bas.
S’il existe des chiffres noirs associés à chaque type de délit et à chaque contexte, on peut affirmer qu’en moyenne près de 70 % ne font pas l’objet d’une plainte. Ce rapport peut atteindre 90 % dans le cas de certains délits, notamment ceux à prévalence élevée comme les atteintes à la propriété, les actes de violence fondés sur le genre, les actes de violence domestique, et ceux liés à la corruption et au trafic de stupéfiants.
En Argentine, 62,6 % des délits ne font l’objet d’aucune plainte. Ceci a des conséquences sur la conception des politiques publiques de prévention et de contrôle de la délinquance. D’où l’importance qu’acquiert la réalisation d’enquêtes auprès des victimes.
Quand on analyse les taux de non-dénonciation par type de délits, on constate un rapport très net entre le type de délit et le niveau des chiffres noirs. Alors que dans les cas de vols de voiture, les chiffres noirs sont inférieurs à 20 %, ils atteignent plus de 50 % pour le reste des délits.
Les raisons de porter plainte ont à voir avec l’espérance que le délinquant soit puni, le dommage réparé ou les biens dérobés récupérés.
La principale raison pour laquelle les gens ne portent pas plainte est leur manque de confiance envers la capacité des autorités à résoudre le problème (34,6 %) ; ensuite, les gens préfèrent résoudre le problème par leurs propres moyens (24,6 %), ils accordent peu d’importance à ce qui s’est passé (20,5 %), au manque de preuves (14,7 %), aux craintes de représailles ou à la honte (5,5 %). 6,4 % des personnes consultées disent ne pas avoir porté plainte par ignorance de la procédure ou difficulté à l’exécuter.
Compte tenu de ce qui précède, on comprend que les victimes de vol de biens de valeur –comme les véhicules– soient plus promptes à entamer des actions formelles pour en obtenir la restitution ou les récupérer. En outre, si elles ont une assurance, la plainte est une condition obligatoire pour récupérer l’objet dérobé.
Les victimes de délits considérés comme moins graves ou associés à une moindre probabilité de réparation du dommage – vol personnel – ou qui, pour différents motifs, ne sont généralement pas signalés aux autorités – menaces, subornation, attouchements sexuels, etc. – sont moins enclines à porter plainte.
Moins de la moitié (46,6 %) des personnes portant plainte se disent satisfaites ou très satisfaites de la manière dont les autorités compétentes ont recueilli leur plainte.
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