- En quoi est-ce que la transformation urbaine de Bordeaux consiste ? Quels sont le but et les priorités de cette transformation ?
Lorsqu’ Alain Juppé, alors premier ministre, est arrivé à Bordeaux en 1995, il s’était fixé comme objectif de réveiller “la belle endormie” comme Bordeaux était surnomée à l’époque. Pour renforcer son attractivité, il a complétement refaçonné la ville avec notamment la réhabilitation du centre historique, qui a abouti au classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007. Avec 1 million de visiteurs, 10 000 nouveaux habitants et 11 000 emplois créés dans la métropole tous les ans, Bordeaux est aujourd’hui devenue une des villes les plus attractives de France.
Réconcilier les bordelais avec leur fleuve
Pendant très longtemps, les quais sont restés désaffectés, l’activité du port devenant très faible et ayant été transféré plus en aval du fleuve au Verdon. Les hangars étaient à l’abandon. Certains ont été rasés et remplacés par des jardins, d’autres transformés en espace d’exposition ou en magasin, faisant des quais aujourd’hui un espace de promenade très agréable et de détente. Le tourisme fluvial et de croisière s’y développent avec intensité.
Réhabiliter les quartiers les plus pauvres
Outre la rive droite, de nombreux quartiers, les plus en difficulté, ont bénéficié de programmes de rénovation urbaine, facilités par l’arrivée du tramway. Le programme le plus emblématique est celui du quartier de la gare, nommé Euratlantique, qui a été labellisé projet d’intérêt national.
Lutter contre l’étalement urbain et développer l’offre de logements
Pour lutter contre ces deux phénomènes, les politiques d’urbanisme menées depuis 20 ans visent à densifier et à augmenter l’offre. Au total, 9 000 logements sont livrés chaque année dans la métropole bordelaise. Sur la ville de Bordeaux des programmes ambitieux permettront de proposer 14 000 logements, dont 30% de logement social, dans les prochains mois.
Une ville verte
Afin de favoriser les déplacements doux et à pied, les places à Bordeaux sont restées assez minérales à l’occasion de leur rénovation. L’artificialisation des sols qui en découle, et l’absence de végétation sur certaines d’entre elles ne font qu’accentuer la chaleur ressentie en période de canicule par exemple. Pour lutter contre ce phénomène, le nouveau Maire de Bordeaux Nicolas Florian a décidé de planter 3 000 arbres par an dans la ville.
- Quel rôle les citoyens ont-ils joué dans le projet de transformation urbaine ?
La parole des habitant-e-s inspire désormais l’aménagement des espaces publics. Ces derniers font entendre leurs voix à travers les instances consultatives comme les conseils de quartier, en plus des consultations publiques obligatoires. L’aménagement du territoire prend en compte leurs demandes qui sont intégrées dans les différents projets.
Un premier budget participatif a été lancé par la Mairie de Bordeaux cette année. Plus de 13 000 Bordelais ont voté pour les projets de développement durable qu’ils souhaitent voir apparaître dans leur quartier. Sur 407 projets déposés, 41 viennent d’être désignés lauréats. Une enveloppe de 2,5 millions et demi d’euros d’investissement est prévue pour financer ces 41 projets. Ils seront réalisés dans les deux années à venir.
- Pensez-vous que le développement de la ville a entraîné l’amélioration de la sécurité et de la perception de sécurité de la citoyenneté ?
Bordeaux est considéré, à juste titre, comme l’une des villes les moins dangereuses de France. En effet, elle se situe à la neuvième place des onze circonscriptions de police de plus de 200 000 habitants, avec un taux de 72 délits pour 1 000 habitants. De plus, la délinquance est en baisse régulière depuis 15 ans. En revanche, la mairie s’inquiète de “l’explosion des incivilités”, notamment celles liées aux trafics de drogue dans quelques quartiers de la ville.
Afin de sécuriser les passants la Mairie de Bordeaux a intensifié l’éclairage de tous les lieux de vie et de passages la nuit (places, quais, ruelles…). De plus, la ville dispose de caméras installées au coin des rues, sous les toits, ainsi qu’aux endroits stratégiques. Pour ce faire, Bordeaux compte 105 caméras réparties dans toute la ville.
Enfin, ce niveau de délits particulièrement bas s’explique peut-être aussi par l’aménagement urbain qui a permis, à travers le tramway qui se situe en surface et qui relie tous les quartiers en difficulté au centre ville en moins de 15 minutes, de donner un réel sentiment d’appartenance à la ville de tous ses habitants.
- Comment l’urbanisme peut-il contribuer à améliorer la coexistence et l’intégration des différents groupes ?
La connexion de la rive droite à la rive gauche, par le tramway et les différents ponts, a permis d’ouvrir le centre ville historique à une partie de la ville excentrée par le passé. De plus, la commune est devenue plus dynamique et plus homogène en créant des nouveaux lieux de vie.
Depuis 10 ans, le Programme National de Rénovation Urbaine mobilise acteurs publics et privés, élus, services de l’Etat, partenaires sociaux, organismes HLM, habitants pour requalifier plus de 500 quartiers partout en France, là où les conditions de vie étaient particulièrement difficiles. Sur Bordeaux, deux quartiers sont concernés sur la rive droite (La Benauge) et au nord de la ville (Les Aubiers).
De plus, trois agences françaises d’architecture ont reçu le prix Mies van der Rohe de l’Union européenne, pour la transformation de 530 logements sociaux dans le quartier Grand Parc à Bordeaux. Pour éviter la destruction des barres d’immeubles, les agences d’architecture Lacaton et Vassal, Frédéric Druot et Christophe Hutin ont agrandi l’ensemble. Avec cette technique de rénovation, tous les appartements ont gagné en surface et en luminosité. Réhabiliter plutôt que détruire c’est quatre fois moins coûteux.
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