Extorsion, violence et crime organisé en Amérique Latine

Selon une étude récente [1], l’extorsion est le deuxième délit le plus préjudiciable pour l’État de droit des pays d’Amérique latine, après les homicides. L’extorsion est non seulement devenue la principale source de revenus des maras, des gangs de jeunes et des groupes de crime organisé, mais au vu du nombre croissant de décès violents qui en résultent, il s’agit également de la principale menace pour la sécurité.

Par exemple, 24 % des habitants du Salvador disent avoir déjà été victimes d’extorsion, et au Guatemala, le nombre de plaintes déposées pour extorsion a augmenté de 55 % entre 2013 et 2018.

Au cours de ces dernières années, certains pays ont renforcé leurs efforts pour lutter contre les délits d’extorsion. Les solutions testées comprennent le durcissement des peines, les programmes de prévention spécialisés et le recours à des forces de police spéciales ou à des lignes téléphoniques exclusives pour la prise en charge des victimes. Une autre mesure qui gagne en popularité est le blocage des signaux des téléphones portables dans les prisons, car dans certains pays, jusqu’à 70 % des extorsions sont organisées depuis des prisons.

Les conséquences pour la population et l’économie sont dévastatrices. La même étude formule une série de recommandations pour prévenir et contrôler l’extorsion :

  • Promouvoir la modernisation de la police et encourager la réinsertion sociale des détenus, et améliorer le système policier et judiciaire dans le but de garantir la sécurité des citoyens.
  • Favoriser les partenariats public-privé, comme celui qui existe actuellement entre le secteur du sucre et la Police nationale du Salvador. De cette manière, la police a pu accéder à des équipes de mobilité et de communication.
  • Destiner plus de ressources aux technologies de contrôle de l’extorsion. Par exemple, au Mexique, il existe une application qui permet de détecter les appels provenant d’établissements pénitentiaires.
  • Approfondir les échanges régionaux autour des bonnes pratiques en matière de contrôle de l’extorsion pour mettre en œuvre des programmes et des répliques rapides.
  • Consolider les mécanismes de contrôle pour les cas d’extorsion impliquant des employés de la fonction publique. En particulier les cas dans lesquels les fonctionnaires demandent de l’argent aux citoyens dans le cadre de certaines démarches administratives.
  • Générer des alternatives professionnelles attrayantes pour les membres de gangs de jeunes. Par exemple, des centres communautaires organisant des activités pour prévenir le recrutement de jeunes dans les quartiers à haut risque.
  • Sensibiliser à ne pas utiliser d’argent en liquide dans les petits commerces et les commerces moyens. Au Guatemala, la majeure partie des fonds issus de l’extorsion ont été recueillis dans des magasins, des bus, des taxis ou des bars.
  • Promouvoir la participation des victimes d’extorsion à la procédure pénale, en leur offrant toutes les garanties de protection nécessaires pour augmenter le nombre de plaintes et de condamnations.

[1] Una Cultura Criminal: Extorsión en Centroamérica (Une culture du crime : l’extorsion en Amérique centrale).

www.blogs.iadb.org

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