Le système de reconnaissance faciale de la police métropolitaine de Londres remis en question par une étude indépendante

Les résultats d’une étude réalisée par deux professeurs de l’université d’Essex en collaboration avec la police métropolitaine de Londres (Met)[1]ont démontré que seul un tiers des identifications réalisées à l’aide du système de reconnaissance facial est correct. Dans les autres cas, les personnes identifiées ne correspondent pas aux personnes réellement recherchées par la police.

D’autre part, l’étude, qui par ailleurs eu beaucoup d’écho à l’international[2], émet des doutes sur l’utilisation légale de ce système de caméras intelligentes par la police métropolitaine. Dans un premier temps, il n’existe aucune autorisation légale explicite pour utiliser le système de manière générique si bien que, sachant qu’il comporte des limitations de droits, cette pratique est pointée du doigt. Dans un second temps, rien ne justifie le besoin d’utiliser cette technologie, comme s’il était impossible de résoudre le problème en question par un autre moyen moins intrusif, aucune évaluation n’est réalisée quant à l’impact que cette technologie peut avoir sur les droits des personnes concernées (comme l’a très récemment établi un rapport du commissaire sur la vidéoprotection[3]).

L’élaboration même de la liste de personnes recherchées permettant d’établir des correspondances avec les personnes scannées ne semble pas suivre un critère clair et homogène au moment de sélectionner les personnes qui en font partie. Elle inclut aussi bien des personnes recherchées par la justice que par la police et il ne s’agit pas dans tous les cas de personnes ayant commis des infractions.

En termes de fonctionnement, les résultats sont très médiocres : sur les 46 identifications réalisées par le système, seules 26 ont été considérées comme des suspects réels par les agents mais quatre ont échappé à l’outil de surveillance, car trop dispersés dans la foule. Sur les 22 personnes restantes, seules huit correspondances ont été trouvées tandis que les 14 autres ne correspondaient pas aux personnes recherchées (« faux positifs »). Une fois l’image de la caméra reçue, le processus de décision ne semble pas avoir été approprié dans divers cas et a notamment détecté, parmi les déficiences, l’alerte du système d’intervention.

Cependant, il est important de reconnaître la collaboration de la police métropolitaine dans le travail de recherche. De fait, l’utilisation de cette technologie a fait l’objet d’une période d’essai de trois ans durant laquelle divers tests de fonctionnement ont été réalisés (trop centrés sur des questions purement techniques selon l’étude de l’université d’Essex) encouragés par la police même. La période d’essai s’est terminée en juillet 2019. Les résultats de toute cette période d’observation doivent servir à en modifier l’utilisation à l’avenir[4].

[1] Voir https://48ba3m4eh2bf2sksp43rq8kk-wpengine.netdna-ssl.com/wp-content/uploads/2019/07/London-Met-Police-Trial-of-Facial-Recognition-Tech-Report.pdf

[2] Voir http://www.polizei-newsletter.de/links.php?L_ID=638

[3] Voir https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/786392/AFR_police_guidance_of_PoFA_V1_March_2019.pdf

[4] Voir https://www.met.police.uk/live-facial-recognition-trial/

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