Le mois de mai 2019 se clôture par une nouvelle augmentation du nombre d’homicides au Mexique[1]. Avec un total de 2 979 homicides (et féminicides), ce mois-ci se situe légèrement au-dessus du nombre du même mois de l’année passée (2975). Il semble donc que la campagne politique en cours, autour de la nouvelle Garde nationale et sa composition provenant majoritairement de l’armée, n’ait eu aucun effet dissuasif dans ce domaine.
Si nous analysons les chiffres par semestre, entre décembre 2018 et mai 2019, plus de 17 500 homicides ont été enregistrés dans le pays, un chiffre record sur les six dernières années. Cependant, la croissance n’est pas la même partout. Les États ayant enregistré les plus hauts taux d’homicide sont : Nuevo León (72 %), Tabasco (50,7 %), Mexico City (43,2 %), Sonora (43,1 %) et Morelos (42,5 %). Parmi les États qui ont connu une baisse des homicides se trouvent notamment la Basse-Californie du Sud (-78,3 %), bien que ce soit encore le taux le plus haut pour cent mille habitants (33,9), Nayarit (-69 %) et Guerrero (-30,8 %).
Dans ce contexte, le gouvernement semble tout miser sur la récente Garde nationale, qui a été introduite par le biais d’une réforme constitutionnelle et qui a suscité la polémique en raison de son évidente militarisation. La nouvelle rédaction de la Constitution mexicaine[2] établit très précisément, dans son article 20, que « la Fédération disposera d’une police civile dénommée Garde nationale ». En revanche, la seconde disposition transitoire prévoit que la nouvelle Garde nationale soit composée d’agents de trois provenances diverses : l’actuelle Police fédérale, l’Armée de terre et la Marine. C’est-à-dire que deux tiers de ses membres proviendrait de l’Armée, circonstance qui remet en doute son caractère civil.
Si on y regarde de plus près, la réalité est tout autre, puisque les membres de la nouvelle police portent des uniformes militaires, sont formés dans des institutions militaires et ses dirigeants proviennent également de l’Armée. Par ailleurs, les membres provenant de l’ancienne police fédérale sont publiquement méprisés en faveur de ceux provenant des institutions militaires. Ce qui semble ressortir de tout cela c’est que devant l’inefficacité des institutions civiles (de police et autorités publiques), devant le crime organisé et la croissance soutenue de la violence, la seule chose qui pourrait sauver le pays serait la discipline et la loyauté de l’Armée[3]. Cela arrive dans un contexte où l’implication de l’Armée est évidente, du moins depuis la présidence de Felipe Calderón, commencée en 2006, et le nombre d’homicides non seulement n’a pas diminué mais il a augmenté de manière continue et soutenue, atteignant un pic historique au cours du dernier semestre (décembre-mai).
Bien que le discours officiel tente d’accompagner la lutte contre la violence de mesures sociales, la seule mesure claire a été la militarisation d’une police récemment créée au niveau constitutionnel avec un caractère formel très civil.
[1] https://www.animalpolitico.com/2019/06/asesinatos-primer-semestre-amlo-mas-violento-registrado/
[2] Voir https://www.gob.mx/cms/uploads/attachment/file/468418/CPEUM_06-06-2019.pdf
[3] Voir https://www.animalpolitico.com/seguridad-180/la-guardia-nacional-desde-la-distancia/
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