Après sept années de baisse continue du nombre d’assassinats, il s’est produit en 2018 un recul des politiques de prévention des homicides, au vu des chiffres du ministère de la Défense et de la Fondation Idées pour la Paix (FIP).
D’après un rapport émis par le ministère de la Défense, en 2018, un total de 12 311 individus ont été assassinés en Colombie. Cela signifie 500 homicides de plus qu’en 2017 qui a recensé 11 831 personnes tuées, soit 4% de plus.
Sur le total des homicides, 3 780 (30,34%) se sont produits en zone rurale et le reste, 8 678 (69,66%), en zone urbaine.
Le plus inquiétant, selon des sources officielles, est que seulement 189 individus ont été interpelés et sont incarcérés comme auteurs d’un quelconque homicide, tandis que 102 autres sont mis en examen pour être reliés à un assassinat.
Pour faire face à cette recrudescence des homicides, les autorités préconisent un renforcement de la pression et du contrôle dans 4 ou 5 communes du Bajo Cauca, Tumaco et la Comuna 13 de Medellín. Mais cette stratégie de ciblage des zones critiques contraste avec le rapport de la FIP qui signale que, bien que la priorisation de certains territoires soit importante, on ne peut pas négliger certains autres territoires qui, potentiellement, peuvent devenir des espaces à haute fréquence d’homicides.
De plus, la FIP considère que l’augmentation des homicides répond à différentes causes et modalités : l’incidence des homicides par arme blanche, l’augmentation des morts violentes d’adultes, ainsi que l’existence de 24 communes où seules des femmes ont été victime de mort violente, ce qui implique une réponse différentielle pour contrôler le phénomène.
Dans une autre association, le Réseau de programmes de développement et de paix (Prodepaz), le consultant Luis Eduardo Celis estime que la sortie du conflit de l’ex-guérilla des FARC a évité de 500 à 800 homicides par an. Or en 2018, plusieurs facteurs se sont regroupés :
- La poursuite du conflit et la polémique des revenus illégaux, ainsi que l’absence d’un État de droit fonctionnant sur tout le territoire. Il y a 150 communes critiques et des zones où le conflit est plus virulent.
- Le partage des terres, qui affecte les leaders sociaux et les politiques publiques visant à traiter les sujets de discorde ou l’insécurité depuis la région, a généré l’augmentation des homicides en Colombie.
- Le manque de tolérance citoyenne pour gérer des conflits, doublé de leaders sociaux qui ont misé sur un processus de paix qui n’a pas donné les résultats escomptés, ni dans la substitution des cultures ni dans la restitution de terres.
- Le manque d’opportunités académiques et professionnelles pour les jeunes continue à inciter les populations vulnérables à rejoindre les mafias et les groupes armés.
Le ministère de la Défense souligne qu’il faut reconnaître la lente avancée des politiques d’équité, qu’il existe de nombreux conflits urbains sur lesquels il faut axer les stratégies de sécurité et de paix dans chaque région en différenciant leur situation actuelle et, enfin, qu’il faut accompagner ces actions par une stratégie de paix et de cohabitation.
Pour Eduardo Celis, il existe en Colombie une culture de l’indifférence très forte à cause de la durée dans le temps du conflit armé, d’où cette complicité culturelle.
Lien utiles :
https://www.fiscalia.gov.co/colombia/
https://www.rcnradio.com/judicial/homicidios-en-colombia-aumentaron-en-2018-dice-fiscalia
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