Le Brésil a battu son record d’homicides en 2017 : 63 880 personnes assassinées, soit 175 morts d’individus par jour et 3% de plus que l’année précédente, d’après les données du Forum brésilien pour la sécurité publique. Qu’est-ce qui provoque cette tendance ? Le crime organisé est certes un facteur clé qui vient l’amplifier.
Le taux d’assassinats au Brésil s’est accru au fur et à mesure que s’implantaient dans le pays les cartels de la drogue les plus puissants au monde : Colombie, Pérou et Bolivie. Le Brésil est un grand consommateur de cocaïne et de crack ; c’est aussi un pays de transit pour le transport de la drogue destinée à l’Europe et à l’Asie.
Un rapport publié par l’Institut international d’études stratégiques souligne les défis que signifie le crime organisé en vue de garantir une sécurité urbaine efficace dans toutes les villes du monde, mais surtout dans les favelas du Brésil comme Maré à Rio de Janeiro, l’une des plus importantes avec un total de 130 000 habitants. D’après Patrícia Vianna, coordinatrice de l’ONG Redes, le nombre de civils armés a augmenté ces derniers 4 ans.
Sur ces 4 années, la sécurité publique de l’État de Rio a empiré, alors que le pays traverse une crise économique et institutionnelle qui affecte les politiques publiques. L’administration de la ville de Rio a mené à bien une « stratégie pacificatrice » consistant en une série d’interventions militaires impliquant la police militaire et la présence permanente de l’unité pacificatrice de la police. Entre 2008 et 2012, cette stratégie a plutôt bien fonctionné, à tel point que la Banque mondiale l’a considérée comme la meilleure stratégie internationale. Mais en février 2018, le gouvernement fédéral s’est interposé et a cédé temporairement le contrôle des institutions de sécurité de Rio aux forces armées fédérales.
Maré, quartier surpeuplé et profondément appauvri, a été utilisé comme un laboratoire pour l’intervention militaire. Entre 2014 et 2015, environ 2 500 soldats patrouillaient dans le secteur ; durant ces années-là, les taux d’homicides ont fortement diminué (de 21 à 5 pour 100 000 habitants) d’après le ministère de la Défense. Toutefois, le défaut de cette stratégie est qu’elle n’a abouti à aucune solution. « La stratégie pacificatrice » était simplement une solution à court terme, dans le cadre de laquelle les causes principales du problème n’étaient pas abordées. Lorsque les forces militaires ont quitté le terrain, Maré est redevenu une zone contrôlée par les factions criminelles.
La situation dans cette favela de Rio n’est pas un problème isolé que l’on constate seulement au Brésil. Au fur et à mesure que la population urbaine croît dans certaines villes de pays en voie de développement, dans des régions comme l’Asie ou l’Afrique, ces dernières peuvent se voir confrontées aux mêmes situations qu’à Rio.
Liens utiles :
- https://www.nytimes.com/2018/08/10/world/americas/brazil-murder-rate-record.html
- https://globalinitiative.net/urban-security-when-gangs-and-militias-run-the-streets/
- https://www.iiss.org/blogs/analysis/2018/10/urban-security-gangs-militias-streets
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