Les groupes de crime organisé et les activités illégales à l’ère de la technologie

Le 28 février 2017, EUROPOL a publié la huitième édition du SOCTA (Serious and Organized Crime Threat Assesment), un rapport paru chaque année de 2004 à 2009 puis tous les quatre ans. Le document ne se contente pas de décrire mais anticipe aussi les principales menaces émergentes du crime organisé. L’actuelle parution souligne le rôle des nouvelles technologies dans le développement des organisations criminelles et la capacité qu’ont ces dernières de s’adapter à l’innovation technologique. Les mutations dans les structures et les caractéristiques des marchés criminels, doublés des efforts développés par les criminels pour se soustraire aux actions des forces de police et aux changements de législation, ont eu pour effet d’accroître le commerce de biens et services illégaux à travers Internet.

Dans cette dernière édition du SOCTA, EUROPOL identifie les activités criminelles suivantes comme principales menaces du crime organisé :

  • Cybercriminalité
  • Production, trafic et distribution de drogues illicites
  • Trafic de migrants
  • Atteinte aux biens en bande organisée
  • Traite d’être humains (pour le travail forcé, l’exploitation sexuelle et le trafic d’enfants)

De plus, il signale trois pratiques illégales transversales qui ont un fort impact sur les activités criminelles les plus graves susmentionnées :

  • Criminalité financière et blanchiment d’argent
  • Faux en documents
  • Commerce en ligne de biens et services illégaux

Le rapport explore aussi les liens entre le crime organisé et le terrorisme et souligne la nécessité de coopération entre les forces de polices des différents pays de l’Union, à la fois entre elles et avec EUROPOL.

Par ailleurs, il fait une analyse en profondeur de l’état actuel des organisations criminelles concernant divers aspects et en décrit les tendances. À ce propos, il souligne :

  • Plus de 5 000 groupes de crime organisé qui opèrent au niveau international font aujourd’hui l’objet d’une enquête dans l’UE.
  • Ces groupes sont constitués d’individus représentant plus de 180 nationalités. Toutefois, 60% des individus suspectés d’appartenir ou être impliqués dans des organisations criminelles sont ressortissants de l’un des pays de l’Union.
  • La plupart des groupes criminels fonctionnent suivant une structure hiérarchisée.
  • Entre 30% et 40% présentent une structure flexible et décentralisée.
  • Environ 20% des groupes de crime organisé sont créés dans un seul but bien précis ou pour venir en complément d’une autre activité criminelle et n’opèrent que sur une période limitée avant d’être dissous.
  • 76% sont composés de six membres ou plus, tandis que les 24% restants sont des groupes de moins de six individus.
  • 7 organisations sur 10 sont actives dans plus de 3 pays.
  • 45% des groupes criminels organisés se livrent à plus d’une activité criminelle à la fois. À ce propos, l’augmentation de la demande en biens et services illicites pendant la crise migratoire a favorisé la diversification des activités criminelles perpétrées par une même organisation. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’une bonne partie des groupes de crime organisé soient caractérisés par leur flexibilité dans l’adaptation des activités illicites à la demande du marché.
  • On constate une augmentation du nombre de criminels qui agissent de façon individuelle. Néanmoins, ces derniers coopèrent entre eux pour développer le négoce et optimiser les profits.
  • Plus de 75% des groupes criminels organisés se livrent à la production, au trafic et/ou à la distribution de stupéfiants, ce qui en fait l’activité criminelle dans laquelle sont impliquées le plus d’organisations. Parmi les autres activités auxquelles se livrent majoritairement les organisations criminelles se trouvent les atteintes à la propriété privée, le trafic de migrants, la traite d’êtres humains (pour le travail forcé, l’exploitation sexuelle et le trafic d’enfants) et la fraude fiscale (EXCISE FRAUD).
  • Pour faciliter les activités criminelles et l’obtention d’informations, la corruption moyennant l’infiltration de membres de groupes criminels organisés, à la fois dans le secteur public et privé, est une pratique courante.

À partir des résultats obtenus et des conclusions du SOCTA 2017, la Cour de justice et les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne fixeront les lignes d’investigation et d’action prioritaires pour lutter contre le crime organisé à l’occasion du deuxième EU Policy Cycle (2018-2021), un plan établi en 2010 et mis en pratique 3 ans après dans le but d’assurer une coopération efficace entre les acteurs impliqués dans la lutte contre les organisations criminelles dans les différents pays de l’Union européenne et une action visant les principales menaces qui pèsent sur l’Union.

Vous pouvez consulter le rapport complet sur https://www.europol.europa.eu/socta/2017/

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