Deux ans de fonctionnement du Centre européen pour la lutte contre le trafic de migrants

Malgré la baisse significative du nombre d’immigrés illégaux qui arrivent en Europe, le trafic de migrants reste une activité criminelle rémunératrice et active pour le crime organisé dans l’Union européenne. Le rapport d’activité d’Europol sur les deux années de fonctionnement du Centre européen pour la lutte contre le trafic de migrants (EMSC) donne une vision détaillée de son développement et de ses tendances.

Depuis la crise migratoire de 2015, le trafic de migrants s’est consolidé en un vaste marché criminel, très lucratif et fort rentable pour les contrevenants puisque le risque d’être détectés est assez faible. Le modèle d’affaires de ces délinquants évolue sans cesse et répond à la dynamique et aux nécessités des flux migratoires. De nombreux facteurs, dont l’implantation de politiques, l’activité policière et les préférences budgétaires et de voyage des immigrés illégaux, influent fortement sur les routes migratoires et sur les moyens opérationnels de lutte contre les trafiquants. Les criminels s’adaptent rapidement aux changements et font preuve d’une grande versatilité dans les moyens de transport et les technologies qu’ils utilisent. Ils sont de plus en plus organisés et créent des réseaux professionnels sophistiqués qui opèrent de façon transnationale depuis la source jusqu’aux pays de destination.

Migrant smuggling to and within the EUD’après Robert Crepinko, chef du Centre européen pour la lutte contre le trafic de migrants : « le trafic de migrants vers l’Union européenne prévoit l’utilisation de technologies avancées, notamment pour ce qui est des faux papiers, de l’augmentation des documents authentiques et des entorses aux voyages sans visa, et aura un impact significatif sur le paysage futur de l’immigration clandestine. »

Principaux aspects du rapport de l’EMSC

  • Les faux documents : facteur clé pour le trafic de migrants. Les faux papiers ou les papiers obtenus frauduleusement, que les trafiquants fournissent de plus en plus, permettent aux immigrés illégaux d’entrer et de circuler dans l’UE.
  • Entorse aux voyages sans visa : les immigrés illégaux essaient d’entrer dans l’UE par voie aérienne, via les pays balkaniques non communautaires, en utilisant des schémas de voyage sans visa. Plusieurs pays des Balkans ont implanté la libéralisation des visas pour les ressortissants chinois, bissau-guinéens, iraniens ou turcs, entre autres, ce qui permet aux immigrants d’entrer dans un pays comme touriste pour un séjour légal de 30 jours au plus.
  • Les médias sociaux sont largement utilisés pour annoncer des services de trafic. Les contrevenants usent de différentes techniques de marketing en offrant, par exemple, des réductions pour migrants supplémentaires.
  • Mode opératoire : les criminels utilisent des méthodes sophistiquées, souvent à haut risque, pour dissimuler les migrants au passage des frontières.
  • La participation de groupes criminels organisés, au sein même des forces de police, dans le trafic de migrants et autres activités criminelles n’est pas à écarter. Il s’agit d’un marché criminel extrêmement lucratif où le niveau de risque est relativement faible.

Parmi les principales routes de trafic de migrants, soulignons : la route de la Méditerranée centrale, de la Méditerranée occidentale, des Balkans occidentaux ainsi que les frontières entre le Royaume-Uni et la France.

L’EMSC d’Europol a été fondée début 2016, après une période de migration illégale très intense, avec des migrants vulnérables voyageant en grande part sans restriction, dans des groupes nombreux, le long de la Méditerranée, des frontières terrestres externes et au-delà de l’UE. Europol a constaté que les voyages de nombreux migrants sont favorisés par des organisations criminelles. La tâche essentielle de l’EMSC est donc de soutenir, avec la collaboration d’Eurojust et Frontex, des investigations transfrontalières visant à neutraliser et poursuivre ces groupes de crime organisé.

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