Elizabeth Johnston : “Est indispensable une politique de sécurité durable”

Elizabeth Johnston, Delegate-General of the European Forum for Urban Security (Efus)En tant que déléguée générale du Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus), Elizabeth Johnston est responsable de la stratégie et du développement de l’Efus, en lien avec le Comité exécutif, ainsi que de la gestion générale de l’organisation. Elle est également déléguée générale du Forum français pour la sécurité urbaine depuis février 2016.

Par ailleurs, elle est aussi membre du Conseil consultatif du Global Parliament of Mayors et collaboratrice de l’Université de Liège (Belgique). Auparavant, et après avoir débuté sa carrière au sein d’une collectivité locale, Elizabeth Johnston a été directrice de programme pour la Fondation franco-américaine et experte en prévention de la violence à la Banque Mondiale. Elle est diplômée en droit de l’université d’Assas (France), en sciences politiques de l’université de Yale (Etats-Unis) ainsi qu’en politiques publiques de l’université de Marne-La-Vallée (France).

Quelles penses-tu qu’ils sont les défis de la sécurité urbaine pour les décennies à venir. Commenter les quatre plus importantes risques pour la sécurité urbaine au futur prochaine.

L’un des défis principaux en matière de sécurité auxquelles font face toutes nos villes européennes est la complexité croissante et l’évolution très rapide des menaces auxquelles elles sont confrontées. Au delà des problèmes de sécurité quotidienne qui restent importants, nos villes gèrent les conséquences de phénomènes globaux qui les dépassent largement: trafics de personnes et de biens, réseaux de terrorisme, cybercriminalité… Celles- ci leur demande une technicité importante et une capacité d’innovation et d’adaptation, qui bousculent les cadres habituels de l’administration, impose de nouveaux partenariats et de nouvelles façons de penser la sécurité.

Un autre défi majeur est  l’accroissement des inégalités sociales et économiques: celui ci alimente un ressentiment qui peut dégénérer en violence et en criminalité et met à mal la cohésion sociale, qui est la seule garante d’une sécurité durable. Ces inégalités contribuent également au phénomène de polarisation et rendent d’autant plus difficile de construire le bien commun qu’est la sécurité.

Lié à ce phénomène de polarisation comme à celui de la globalisation des enjeux, les villes doivent faire face à une méfiance croissante de la part des citoyens à l’égard de l’action publique. Construire et nourrir un rapport de confiance entre les pouvoirs publics et les citoyens est indispensable à la mise en oeuvre d’une politique de sécurité durable, et pour ceci les villes doivent aussi innover en matière de transparence, de concertation, voire de coproduction.

Quel doit être le rôle de la citoyenneté dans la sécurité urbaine ? C’est le rôle du destinataire du service public de sécurité ?

Comme toute politique publique, les mesures de prévention et de sécurité urbaine doivent être définies en fonction des besoins des citoyens. Chaque quartier, chaque ville est différente et c’est en associant pleinement les habitants que l’on pourra proposer des réponses adaptées. Les habitants doivent être intégrés à toutes les étapes de nos politiques : lors de leur conception, de leur mise en oeuvre et enfin de leur évaluation. Un défi majeur aujourd’hui est aussi de fonder la participation citoyenne sur des principes de solidarité et de représentativité afin de prendre en compte la société dans toute sa diversité. Les femmes, les seniors mais aussi les jeunes ne doivent plus seulement être des cibles des politiques de sécurité. Ils doivent devenir des agents de prévention et prendre leur pleine part dans la coproduction.

Est-ce qu’il y a encore un rôle pour l’État dans la sécurité urbaine ou il s’agit une matière que dois être affronter par les communautés locales et le niveau international.

Les collectivités territoriales ont depuis des nombreuses années démontré qu’ils sont des acteurs indispensables pour agir sur le cadre de vie, sur la sécurité quotidienne des citadins Mais elles ne peuvent agir seules et doivent être épaulées. Des phénomènes comme l’extrémisme violent ou la criminalité organisée ont des répercussions qui dépassent les frontières régionales et nationales. Ils sont souvent le fait de réseaux très agiles qui se déploient sur l’ensemble du territoire européen voire même à l’échelle internationale. Tous les niveaux de gouvernance doivent se concerter pour adopter des réponses complémentaires.  De plus, les gouvernances nationale et européenne aujourd’hui font que les collectivités territoriales sont encore très dépendantes tant financièrement qu’en matière législative des autres niveaux de gouvernement.

Quelles sont les acteurs fondamentaux dans la sécurité urbaine ? Est-ce qu’il y a encore un rôle pour la police et la justice ?

Police, justice, institutions pénitentiaires ont un rôle essentiel dans la sécurité urbaine. Néanmoins, d’autres acteurs comme les institutions locales, la société civile ou encore le secteur privé jouent aussi un rôle clé, donnant corps au concept de co-production.

Les institutions policières et judiciaires doivent s’adapter à ces partenariats en faisant évoluer leurs doctrines d’emploi et la formation de leurs agents.

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