Conséquences d’un traitement irresponsable des informations sur la violence conjugale

News Coverage of Intimate Partner Homicides in New York City (2013-16)Le Cabinet du Maire de la ville de New York a publié récemment une étude sur le traitement des homicides au sein du couple – perpétrés par le conjoint – dans les informations publiées dans la presse entre 2013 et 2016 (442 articles publiés dans les médias). L’étude fait apparaître que les informations superficielles ou irresponsables sur la violence conjugale sont perçues comme une revictimisation des personnes qui l’ont subie lorsqu’elles lisent l’article. De plus, ce traitement peut contribuer à perpétuer les cycles d’abus. Le rapport souligne notamment l’aspect sensationnaliste donné aux situations particulièrement extrêmes comme les assassinats de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint, autrement dit les « féminicides ».

L’étude News Coverage of Intimate Partner Homicides in New York City (2013-16), élaborée par Sandhya Kajeepeta, Kara Noesner et Edward Hill, rapporte essentiellement que :

  • Seuls dix des 442 articles (2,3%) qui ont couvert les meurtres conjugaux survenus à New York sur la période 2013-2016 ont utilisé comme source un avocat ou une avocate ayant de l’expérience dans ce type d’homicides.
  • Seuls 15% des articles ont utilisé des termes spécifiques tels que « violence conjugale », « violence au sein du couple » ou « abus domestique » et moins de 8% des articles décrivent l’homicide comme « conjugal » en l’associant à la violence.
  • Moins de 6% des articles encadrent l’homicide dans un problème social de violence conjugale plus vaste.
  • Seuls sept articles (1,6%) ont donné des informations sur les services et recours pour les victimes de ce type de violence.
  • L’étude signale aussi la différence de couverture de l’information entre les homicides où les victimes sont des hommes et les auteurs sont des femmes et ceux où les victimes sont des femmes et les auteurs sont des hommes, qui sont les plus courants.

Chez nous, en 2004, l’Ordre des journalistes de Catalogne et le Secrétariat aux droits des femmes de la Mairie de Barcelone ont élaboré des « recommandations sur le traitement de la violence sexiste dans les programmes d’information des médias », moyennant une commission constituée à cet effet. En 2009, en application de la Loi catalane 5/2008 du 24 avril, sur le droit des femmes à éradiquer la violence sexiste, dont l’article 23 régule le traitement de l’information, et en reprenant le travail entamé en 2004, ces recommandations ont été mise à jour moyennant une nouvelle commission formée par les organismes qui avaient déjà participé au groupe de travail précédent, à laquelle sont venus se joindre le département de l’Égalité et de la Citoyenneté du Conseil général de Barcelone, le Programme de sécurité contre la violence sexiste du département de l’Intérieur et l’Observatoire des femmes dans les médias. Il en a résulté un document de recommandations pour le traitement de la violence sexiste dans les médias, établissant plusieurs axes à prendre en compte lorsqu’on traite une information à ce propos et soulignant l’importance d’offrir des informations recoupées et rigoureuses et d’en faire un suivi, tout en respectant la dignité et l’intimité des personnes affectées et en évitant les détails sensationnalistes ou dramatiques de l’information. Vous trouverez le document sur ce lien : Recommandations. Le traitement de la violence sexiste dans les médias. Suivant cette ligne de travail, l’Association de femmes journalistes réalise depuis 2006 une analyse annuelle sur la manière dont les médias traitent l’information sur la violence sexiste au sein du couple et sur la manière dont ils appliquent ces recommandations au quotidien dans l’information. Vous pouvez consulter la dernière étude Impact des recommandations sur le traitement de la violence sexiste dans les médias (2016) sur son site web.

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