Commissaire Cristina Manresa Llop, née à Barcelona en 1968, elle a une fille de 19 ans et vit à Badalona. Diplômée en criminologie et licenciée en histoire de l’art à l’Université de Barcelone, elle a rejoint le corps de police catalane des Mossos d’Esquadra à la quatrième promotion – il y a aujourd’hui 26 ans – et a atteint le grade de commissaire en grimpant un à un tous les échelons. C’est important car, selon elle, son passage dans les différents services et les situations qu’elle y a vécues lui ont permis de connaître de près la dure tâche des policiers et lui ont appris à apprécier les choses importantes de la vie.
Elle est actuellement chef de la Région policière métropolitaine Nord et directrice du Plan de sécurité du Mobile World Congress depuis 2013.
Plusieurs fois décorée et récompensée pour son travail au sein de la police, elle est membre du Comité d’éthique de la police de Catalogne et participe depuis plusieurs années à des activités de formation et d’enseignement et à des conférences.
Quel bilan faites-vous du dispositif de sécurité à la dernière édition du Mobile World Congress ?
Très positif, il n’y a pas eu d’incident majeur au cours de cette édition où le nombre de congressistes a battu un nouveau record, 108 000 personnes, soit une augmentation de 7% par rapport à l’année précédente. Le taux de victimisation pour 1 000 visiteurs s’est situé à 0,34, un taux inférieur à celui enregistré en 2016, qui était de 0,36. Les faits délictueux sont restés stables avec une réduction de 13% sur le transport public et 91% des faits sont des vols.
Nous sommes fiers du travail réalisé par tous les corps de police et services de secours qui, aux côtés des organisateurs du MWC et des responsables des institutions Foire de Barcelone et Tourisme de Barcelone, ont assuré la sécurité des congressistes et le bon déroulement de cet évènement. Un vrai travail d’équipe !
Quels sont les outils de planification, prévention, secours et sécurité publique qui vous permettent d’assurer la protection des personnes assistant aux grands évènements ?
Nous travaillons sur la base d’un Plan directeur de sécurité (PDS), un document qui établit les objectifs et caractéristiques de l’évènement et organise les différentes tâches de tous les acteurs pour une coordination efficace entre eux. Ce sont là huit programmes contemplant des aspects tels que dispositifs policiers de sécurité publique, ordre public, intelligence, mobilité, protection civile, hébergements, etc.
Quant aux politiques de prévention, la PG-ME a intensifié la diffusion des conseils de sécurité sur les réseaux sociaux des Mossos d’Esquadra et du 112. Par ailleurs, il a été distribué du matériel d’information faisant état des mesures basiques de sécurité et mis à la disposition des congressistes pour se prémunir contre les faits délictueux : panneaux informatifs dans les transports, affiches et dépliants en plusieurs langues. Ces actions ont été menées à bien en collaboration avec différents organismes participant à l’organisation et à la sécurité de l’évènement, dont le GSMA, le Barcelona Convention Bureau et le Syndicat des hôteliers.
Comment le fait d’avoir, pour un même évènement, autant d’opérateurs (publics et privés), issus de différents domaines et administrations, influe-t-il du point de vue de la planification ? Le facteur humain est-il primordial à ce propos ?
Planifier avec rigueur est la clé du succès car le dispositif compte de nombreux effectifs de la PG-ME, issus de différentes spécialités : le groupement d’intervention spécial GEI, les brigades d’escortes, de sous-sol, canine, le Tedax, l’Hèlix, la BRIMO, l’ARRO, les services de renseignements, de sécurité publique, la police de la route, etc. Par ailleurs, nous intégrons un personnel issu d’autres organisations que la nôtre, dont les polices municipales (Hospitalet et Barcelone) et les opérateurs externes : entreprise organisatrice, sécurité privée, services de secours, Institut Tourisme Barcelone, Hôtel de Ville, services de transports, etc.
C’est pourquoi nous commençons à planifier dès la fin de l’été et cela jusqu’en février ou mars, époque où se tient le MWC.
Une première réunion a lieu avec tous les responsables et les nouveautés de l’année ainsi que le chronogramme y sont exposés, puis les groupes développent leurs consignes de service qui seront travaillées et supervisées par la direction du plan jusqu’à parvenir au développement du dispositif en trois phases : Pré-alerte, Alerte, Alerte maximum.
Pendant le déroulement du congrès, plusieurs réunions ont lieu quotidiennement, avec la direction du plan et les responsables de l’organisation tôt le matin puis avec les chefs de police et les responsables du transport.
En fin de MWC, un débriefing est réalisé, au cours duquel sont retenues les meilleures propositions pour tous les services.
Le facteur humain est fondamental, la connaissance de chacun des opérateurs facilite beaucoup la tâche, nous formons une équipe et tout le monde travaille pour faire mieux chaque année. Le succès du MWC est le succès de tous !
Quelle a été la situation la plus complexe que vous ayez eu à gérer au cours des derniers MWC ? Y a-t-il un aspect ou un problème récurrent d’une année à l’autre ?
En 2016, il y eu l’ouverture de la ligne 9 du métro ; compte tenu qu’il s’agissait là d’un nouveau service en phase d’essai, nous ne connaissions pas le volume d’usagers qui utiliserait cette ligne. À cela est venu s’ajouter la grève des transports, ce qui a compliqué la question de la mobilité.
La gestion des queues et de l’accès des congressistes à l’enceinte en toute sécurité est un vrai défi, compte tenu de la menace terroriste. Depuis 2015, nous identifions tous les participants, nous avons augmenté les effectifs et nous avons renforcé les mesures de sécurité à l’aide d’éléments de contention aux accès : plots, portes de détection, scanners, chiens, etc.
Nous pensons que les conseils de sécurité mis à la disposition des congressistes par la PG-ME sont une bonne mesure pour éviter qu’ils ne soient victimes de faits délictueux. La prévention est un bon outil et nous y travaillons avant le congrès en nous réunissant avec le syndicat des hôteliers, de la restauration, du tourisme et autres opérateurs.
Vous êtes-vous inspirés ou vous inspirez-vous d’un quelconque autre évènement semblable pour innover en mesures de sécurité ? Et inversement, d’autres corps de sécurité ou d’autres évènements semblables se sont-ils intéressés au travail que vous menez à bien ici ?
L’expérience acquise dans d’autres évènements ou dispositifs auxquels intervient la PG-ME nous sert à développer le Plan directeur de sécurité du MWC. Il s’agit d’un document qui décrit, en huit programmes, chacune des particularités des dispositifs de sécurité, le nombre d’effectifs de chaque spécialité, l’emplacement, les horaires de travail et autres caractéristiques techniques. Je crois que ce qu’il faut souligner du PDS, c’est la participation d’autres opérateurs externes à la PG-ME. Une manière intégratrice et transversale de travailler avec d’autres administrations et des particuliers.
Cette manière de travailler a suscité un certain intérêt et d’autres polices ont reproduit le modèle PDS.
En tant que première femme commissaire de la PGME, quel est votre sentiment à l’égard du rôle de la femme dans un corps de police tel que les Mossos d’Esquadra.
Mon sentiment, en tant que femme occupant un poste de commandement, est qu’il faut miser davantage sur l’équité de genre dans la police à tous les niveaux, y compris aux postes de commandement, où l’impact de la prise de décisions est tangible. Là, il y a du travail à faire. Une police du XXIe siècle doit être ouverte et prête à assumer les défis qui s’offrent à nous. La vision de la femme est très importante dans le développement de politiques de sécurité.
_____
Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English