À qui s’adresse une victime de viol en France ?

L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), dans sa dernière note sur les problématiques liées à la délinquance, dressée à partir des résultats des enquêtes de victimisation Cadre de vie et sécurité (CVS), traite de la problématique de ceux qui sont les interlocuteurs de référence lorsque une personne a été victime d’un viol.[1]

Le premier élément à souligner est le faible pourcentage de victimes qui se rendent à un poste de police (19% du total). Le pourcentage encore plus faible (13%) de celles qui portent plainte. Le reste se contentant de déposer une main courante[2] (4%) ou ne le déclarant pas (2%).

Généralement, le viol est un des délits les moins dénoncés. Les raisons pour lesquelles il n’est pas dénoncé sont multiples et non spécifiques. Dans 67% des cas, les victimes préfèrent chercher une solution ailleurs et 66% considèrent la plainte comme inutile pour résoudre leur problème. D’autre part, 62% des victimes disent qu’elles ne s’adressent pas à la police pour éviter davantage de souffrance et soulignons que 31% ne considèrent pas les fait suffisamment graves.

Les niveaux d’interlocution s’améliorent lorsque la personne de référence est un médecin (21%), un psychologue ou un psychiatre (29%) et surtout une personne proche, qu’il s’agisse d’un parent ou d’un ami (63%).

Autre élément significatif, un fort pourcentage de victimes (19%) n’a jamais parlé des faits survenus avec quelqu’un. Ces données tendraient à s’accroître lorsque le viol se produit dans le contexte familial, bien que l’échantillon limité de cas ne permette pas de l’affirmer catégoriquement.

Au-delà des résultats statistiques obtenus, il convient de faire certaines observations intéressantes du point de vue des politiques de sécurité dans ce domaine. En premier lieu, il faut souligner que la personne qui s’adresse à la police a tendance à s’adresser, dans des pourcentages beaucoup plus importants, à d’autres interlocuteurs (notamment des médecins et psychologues).[3]

Cette logique se reproduit dans les cas où la victime s’adresse à une association. Par exemple, 71% des victimes qui se sont adressées à une association ont également vu un médecin, contre une moyenne de 21% parmi le reste des victimes. Par contre, la personne qui s’adresse à son entourage le plus proche (amis ou parents) a tendance à ne pas parler avec d’autres interlocuteurs. 30% des victimes ne parlent qu’avec les gens qui leur sont proches et à personne d’autre.

[1] Le viol (une des formes d’agression sexuelle) est défini comme une atteinte sexuelle avec pénétration, commise avec violence, contrainte, menace ou surprise (art. 222-22 et 222-23 du Code pénal français). L’échantillon compte 290 cas de personnes déclarant avoir été victimes de viol au cours des deux dernières années. Parmi ces cas, 84% des victimes étaient des femmes et 16% des hommes entre 18 et 75 ans. Parmi les interlocuteurs auxquels s’adresse la victime, il y a le médecin, le psychiatre ou le psychologue, le numéro de téléphone d’aide aux victimes, les associations, les services sociaux, les parents et les proches et la police. La réponse peut être multiple, la victime peut avoir recours à plusieurs interlocuteurs.

[2] À la différence d’une plainte, il s’agit seulement de faire constater les faits sans que cela donne lieu à des poursuites à l’encontre de l’auteur des faits ou à l’ouverture d’une enquête.

[3] Soulignons qu’une fois la plainte déposée, la victime est orientée vers une unité médico-judiciaire.

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