Le système pénitentiaire nord-américain coûte environ 182 milliards de dollars par an

D’après le rapport de Peter Wagner et Bernadette Rabuy, Following the Money of Mass Incarceration, du Prison Policy Institute des États-Unis, le système d’incarcération massive coûte au gouvernement et aux familles des individus ayant affaire à la justice un minimum de 182 milliards [1] de dollars par an.

Les coûts associés au système d’incarcération comprennent :

  • 80,7 milliards de dollars correspondant aux agences publiques correctionnelles, y compris les prisons, centres de détention et le coût des libertés conditionnelles.
  • 5,8 milliards de dollars pour la mise en examen.
  • 63,2 milliards de dollars vont à la police (seules sont contemplées les opérations liées au droit pénal).
  • 12,3 milliards de dollars sont alloués à la santé dans les prisons et les centres de détention.

Cette étude est considérée comme une première étape visant à identifier qui sont les bénéficiaires de ce système d’incarcération de masse nord-américain et, par conséquent, qui serait réfractaire à toute réforme dans ce domaine. Toutefois, les auteurs considèrent que certains coûts ont été sous-estimés car relativement peu importants [2], voire méconnus.

De même, ils précisent que les corporations de prisons privées ne seraient pas les seules bénéficiaires de l’incarcération de masse.

Les États-Unis ont un système pénitentiaire fédéral, 50 systèmes nationaux et des milliers de systèmes de gouvernement local. Parfois, ces systèmes travaillent ensemble mais, bien souvent, ce n’est pas le cas ; et porter le regard sur la seule image nationale pourrait occulter l’importance des décisions politiques au niveau national et local. Par exemple, alors que la dépense du gouvernement national constitue la plus grande part des coûts des prisons (57%), les gouvernements locaux représentent presque un tiers du total de la dépense (32%).

Les gouvernements locaux appliquent en grande mesure les lois nationales et les politiques discrétionnaires de détention et de caution locales pourraient avoir une influence énorme, tant sur le budget de l’État que sur les résultats de la justice. Par exemple, plus de la moitié (13,6 milliards de dollars) du coût de fonctionnement des prisons locales est dépensée dans la détention de personnes qui, par la suite, ne sont pas condamnées.

Presque la moitié des deniers dépensés dans le fonctionnement du système pénitentiaire sert à payer le personnel. Ce collectif constitue un groupe de pression influent qui, parfois, empêche la réforme.

Entre autres éléments remarquables, il faut souligner :

  • Le système public/privé : Le système de justice criminelle est incontestablement un système public, avec des sociétés de prisons privées qui n’agissent qu’en tant qu’extensions du système public. La masse salariale payée par le gouvernement aux employés des prisons est 100 fois plus élevée que les gains de l’industrie des prisons privées.
  • Bien que la Constitution exige la désignation d’un avocat d’office à l’égard des personnes qui ne peuvent pas en payer un, le système ne dépense que 4,5 millions de dollars dans l’exercice de ce droit. Et, au cours de la dernière décennie, les États ont réduit cette figure, alors que le nombre de cas, quant à lui, a augmenté.
  • L’alimentation et l’assistance sanitaire fournies à 2,3 millions de personnes – une population supérieure à celle de 15 États parmi les États fédérés – coûte très cher.

[1] Aux États-Unis, on utilise le terme bilion pour exprimer mille millions, soit un milliard en français, à ne pas confondre avec « billion » qui signifie en français un million de millions.

[2] Dans cette étude, tous les coûts inférieurs à un milliard de dollars ont été sous-estimés, en raison de la difficulté à comptabiliser scrupuleusement toutes les dépenses.

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