Selon plusieurs rapports relatifs aux homicides publiés par l’Organisation des Nations unies, le Honduras a été le pays où se sont produits le plus grand nombre d’homicides du monde de 2010 à 2014. En 2015, toutefois, la police nationale du Honduras a révélé des chiffres indiquant une réduction du taux de 77,45 homicides pour 100 000 habitants qui, de 2013 à 2015, est passé à 59,37, au moment où Juan Orlando Hernández Alvarado a pris la présidence du pays.
Mais ce n’est pas seulement la réduction de ce taux au Honduras qui a entraîné un changement dans le classement des pays subissant le plus grand nombre d’homicides du monde. En effet, selon le rapport de 2015 de l’Observatoire vénézuélien de la violence, au Venezuela le taux d’homicide a augmenté pour passer à 90 homicides pour 100 000 habitants, si bien que sur cinq personnes mortes assassinées en Amérique, cinq sont des ressortissants vénézuéliens. Quant au Salvador, qui ne dispose pas encore de chiffres définitifs mais a fait l’objet de plusieurs rapports de l’Institut de médecine légiste (IML) qui a effectué des projections avant la fin de la période, il pourrait présenter un indice similaire, voire supérieur (estimé à environ 91 pour 100 000 habitants).
D’après l’Observatoire vénézuélien de la violence, cette augmentation du nombre d’homicides au Venezuela obéit sans doute à une croissance du crime organisé, au renoncement ou à la passivité de nombreux fonctionnaires chargés de l’ordre (en raison du fort taux de victimes chez les forces de l’ordre et d’une précarisation des conditions de travail), à la privatisation de la sécurité (qui conduit de nombreux citoyens à recruter des hommes de main pour «punir des criminels» hors du cadre judiciaire), à une plus grande pauvreté et à un plus grand malaise social, et à une détérioration des institutions.
Une autre des causes pointées du doigt pour cette augmentation est justement le facteur qui, dans le cas du Honduras, paraît expliquer la diminution du nombre d’homicides dans le pays, à savoir la militarisation de la sécurité, prise comme élément dissuasif ou plus répressif. Carina Solmirano, chercheuse à l’IDB (Inter-American Development Bank) publie une réflexion sur le blog Sin Miedos [Sans peurs] au sujet des risques éventuels qu’une plus grande militarisation des pays latino-américains peut entraîner. Elle déclare qu’une plus grande présence des corps militaires peut se traduire par une attaque contre les droits de l’Homme, plusieurs organisations ayant dénoncé des abus, des tortures, des viols et des assassinats. Elle signale en outre que le fait que les corps militaires gagnent en autonomie peut entacher la qualité de la démocratie. Malgré tout, son rapport expose que, dans un sondage effectué en Amérique latine en 2014, 71,5% de la population se montrait favorable à une présence accrue des forces armées dans la lutte contre le crime et la violence.
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | |
Honduras | 66,84 | 77,50 | 86,47 | 85,53 | 77,45 | 69,86 | 59,37 |
Le Salvador | 71 | 64,7 | 70,1 | 41,2 | 39,4 | 61,1 | 91,1* |
Venezuela | 57 | 61 | 67 | 73 | 79 | 82 | 90 |
* Dans le cas du Salvador, ce taux repose sur une projection statistique.
Source: Élaboration propre, effectuée sur la base de chiffres des documents officiels cités
- Site web du Système statistique policier en ligne du Honduras (SEPOL): Historique des taux annuels d’homicides
- Observatoire vénézuélien de la violence: Rapport 2015
- Portail de la transparence du Salvador: Rapports annuels des homicides élaborés par l’Institut de médecine légiste
- Blog Sin miedos: Los riesgos de militarizar la respuesta a la inseguridad en América Latina [Les risques associés à la militarisation de la réponse à l’insécurité en Amérique latine]
_____
Aquest apunt en català / Esta entrada en español / This post in English